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28 août 2009 5 28 /08 /août /2009 17:02


Conférence tenue à l'université de Rennes 2 par Tidiane Diakité le mercredi 15 avril 2009 sur le thème suivant :
http://woezo-togo.cowblog.fr/ 

La littérature africaine engagée : quels moyens et quelle incidence sur l'évolution de la société africaine contemporaine.

Structure de la conférence et quelques extraits :

La littérature africaine engagée a une histoire. Elle a ses anciens et ses modernes, ses thématiques et ses problématiques qui varient avec le temps. Mais cette littérature est intimement liée à l'histoire du continent. Elle naît pratiquement en même temps que la colonisation qui en constitue l'axe principal.
On peut, en schématisant, distinguer deux périodes majeures : avant 1960, ou la décennie 60 comme charnière. On distingue ainsi un avant et un après 1960. Chacune de ses périodes ayant ses subdivisions.
La première période : 1900 à 1960 : celle des précurseurs de la littérature africaine. Quelle motivation à l'origine ? Quelle oeuvre ? Quelle incidence ?

Précurseurs 1


 

Précurseurs 2
 La génération de la négritude.
Sur le modèle de la Renaissance noire aux Etats-Unis.
Le groupe se détache à la fois des précurseurs, du marxisme et du surréalisme. Il exprime sa volonté d'illustrer, de défendre, de faire connaître les valeurs du monde négro-africain, ses cultures et son humanisme.
On leur a tellement fait sentir leur "race" qu'à la fin, ils ont décidé de la retourner comme un défi. Ils en font alors leur drapeau,  dans une sorte de suffisance compensatrice.
Dans leurs oeuvres, on voit une opposition à l'idéologie de l'assimilation pure et simple et une lutte pour l'égalité complète
.









Mais cette littérature engagée est liée à une problématique plus générale incluant le politique, le social, les moeurs et la conception philosophique de l'homme.


La deuxième période : après 1960 et les indépendances
Curieusement, les indépendances, de 1958 à 1960, ne suscitent pas une vitalité de la littérature africaine engagée. Hormis l'aventure ambiguë du Sénégalais CH. A. Kane (1961), aucune oeuvre marquante n'émerge des premières années de l'Afrique libre ! Pourquoi ?
Les pourfendeurs les plus résolus du colonialisme exprimaient sans doute, par leur silence, le désenchantement et la désillusion des indépendances.
 

Une nouvelle génération : l'ère de l'exaltation des civilisations noires est révolue

C'est surtout autour de 1968 que la littérature africaine amorce un nouveau départ avec 3 oeuvres marquantes. Ce qui retient l'attention des écrivains africains désormais, c'est :
- l'angoisse existentielle
- la déception provoquée par les permiers pas de l'Afrique indépendante, donc par les politiques
- recherche et proposition des solutions.

Quelle incidence, quel impact de cette littérature engagée, hier et aujourd'hui ?

 


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28 août 2009 5 28 /08 /août /2009 16:50

             Vous pouvez trouver un commentaire concernant cet ouvrage sur les sites suivants :

http://www.clionautes.org/spip.php?article2156


http://raphael.afrikblog.com/archives/2009/01/08/12010375.html

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28 août 2009 5 28 /08 /août /2009 16:42
          Vous pouvez trouver un commentaire du livre

L'AFRIQUE EXPLIQUEE

http://lamaisondesenseignants.com/index.php?action=afficher&rub=31&id=1357





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23 août 2009 7 23 /08 /août /2009 15:42

L'image du Noir en France : mythes et fantasmes.

           L'histoire des Africains noirs vivant en France au 17e siècle constitue un chapitre fort complexe dans les relations entre Français et Africains. Une étude systématique de la vie de ces Africains fait appel à un certain nombre de notions et de sciences annexes de l'histoire : psychologie, anthropologie, sociologie ...
          Les premières images et le concept ont précédé les Africains en France. Ce concept, ainsi que les croyances auxquelles il a donné naissance constituent un ensemble qui conditionne l'accueil réservé aux Africains en France au 17e siècle. Il convient de distinguer trois étapes principales dans la constitution de cette image. L'image du Noir en France (en Europe en général) au 17e siècle est composite, faite des trois apports successifs et intégrés :
            - L'apport de l'Antiquité ou le legs gréco-romain.
            - L'apport du Moyen Age, sous le sceau du christianisme, du 5e au début du 16e siècle.
            - Enfin la période allant du 16e à la fin du 17e siècle, l'image du Noir étant alors marquée à la fois par la Renaissance et surtout la traite (et l'esclavage des Noirs), qui atteint son apogée au 18e siècle.

  
1 -   L'image héritée de l'Antiquité 
         Cette image  est assez complexe, sa nature et ses interprétations idéologiques devraient éviter tout dogmatisme et toute conclusion hâtive ou unilatérale. Qu'il s'agisse de la représention figurée ou mentale, qui du reste se côtoient et s'imbriquent, l'image du Noir dans l'Antiquité comporte des aspects variés et nombre de nuances.
            Les artistes de cette époque ont très souvent représenté le type anthropologique africain sous différentes formes,  parfois caricaturales, voire grotesques ou monstrueuses, ou valorisantes, comme le souligne I. Sachs (dans L'Image du Noir dans l'art européen) : "dans l'Iliade nous apprenons que zeus va festoyer chez les parfaits Ethiopiens" (c'est-à-dire les Noirs) ou "dans l'Odyssée, le dieu s'en alla chez les Nègres lointains, les Nègres répartis au bout du genre humain, dans leur double domaine, les uns vers le couchant, les autres vers l'aurore." D'après Sachs également "Hérodote situe chez les Ethiopiens lointains, les plus beaux et les plus robustes parmi les hommes qui vivent dans un pays de Cocagne."
             On peut ainsi énumérer longuement des traits physiques et moraux qui se chevauchent, tantôt favorables, tantôt défavorables aux Noirs, dans l'Antiquité. La couleur noire était donc tantôt prisée, tantôt décriée, mais considérée par tous comme un simple accident climatique (peau brûlée par le soleil). Pour Galien, médecin grec du 2e siècle après Jésus Christ, les deux traits caractéristiques fondamentaux du Noir sont : la longueur démesurée du sexe et l'hilarité, forte propension au rire. Sur cette question de la place ou de l'image du Noir dans l'Antiquité, la synthèse faite par le savant américain, spécialiste de l'Ethiopie dans l'Antiquité, F. M. Snowden Jr.  fait autorité. Cette synthèse est ainsi résumée par le professeur français M.J. Desanges (spécialiste de l'Antiquité gréco-romaine et aussi du thème du Noir dans l'Antiquité) :
            "La constatation de portée générale à laquelle parvient F. M. Snowden Jr. au terme de son enquête est l'absence tout à fait remarquable de préjugé racial à l'égard des Noirs dans l'Antiquité. La couleur passe pour un simple accident climatique qui ne suscite nullement le mépris. Il n'y a pas de dépréciation morale ou esthétique des Noirs et le métissage ne pose guère de problème. Certes, les Noirs sont souvent esclaves, mais il existe en nombre beaucoup plus grand des esclaves blancs à l'époque. D'autre part, beaucoup de Noirs sont des hommes libres et de valeur, des artistes, voire des philosophes, comme Memnon, disciple d'Hérodote, et beaucoup d'autres de grande qualité intellectuelle et humaine. "
              Après quelques réserves exprimées tendant à nuancer cette image particulièrement flateuse des rapports entre Méditerranéens et Ethiopiens proposée par F. M. Snowden Jr., le professeur Desanges poursuit :
             "Pourtant, insister outre mesure sur ces aspects déplaisants serait fausser les perspectives, car l'Antiquité méditerranéenne a su dans l'ensemble dominer la tendance à assimiler le Noir à la mort et au monde infernal, si bien que le tableau composé avec talent et science par F. M. Snowden Jr., même embelli, reste pour l'essentiel fidèle à la réalité. En fait, il semble que l'Antiquité a su se montrer au-dessus des aspects purement déplaisants concernant les Noirs."
               Cependant tout bascule au Moyen Age, qui ajoute une touche spéciale à cette image du Noir dont l'essentiel consistera à établir un rapport, une correspondance entre l'aspect moral et l'aspect physique, précisément entre le caractère, la conduite morale et la couleur de la peau.

  2 -   L'image héritée du Moyen Age 
               Le rôle de l'Eglise sera déterminant dans l'élaboration de la nouvelle image du Noir. L'icônographie chrétienne du Moyen Age abonde en allusions aux Noirs et à l'Afrique. Ainsi à partir de la moitié du 13e siècle dans la représentation traditionnelle des Rois Mages, figure un Noir. De même, on trouve quelques saints associés à l'Afrique, comme le patron de Vérone, Saint-Zeus, ou l'eunuque éthiopien bâptisé Saint-Philippe, cette introduction du Noir est particulièrement sensible à partir des 14 et 15e siècles, I. Sachs le constate ainsi
             "Mais voici donc qu'au commencement du 14e siècle s'opère un changement brusque.  Dans de nombreux tableaux l'un des Rois Mages devient un Nègre par suite d'une double opération intellectuelle. D'une part à Cologne surtout où le culte des Rois Mages est très vif, on fait du légendaire Prètre Jean, seigneur d'un vaste royaume chrétien situé aux confins du monde, le descendant d'un de ces rois. De l'autre, à la suite des contacts, à Jérusalem, avec des religieux éthiopiens, certains pélerins allemands se convainquirent qu'il faut identifier le Prêtre Jean avec le roi Négus. En même temps l'empire du Prêtre Jean se transfère d'Asie en Afrique et l'un des Rois Mages doit changer de couleur et devenir un Noir. Certains textes de la seconde moitié du 14e siècle font des trois Rois Mages les seigneurs de trois Indes : l'Afrique Noire, la Perse, l'Arabie. Ainsi, comme l'a remarqué fort justement Baudet, le Nègre a été canonisé dans la culture européenne avant même que le bon sauvage indien ait été découvert."
              Pourtant, non sans résistance comme le dit Sachs, il semble que l'image du Roi Mage noir ait été acceptée surtout en Europe septentrionale, où elle n'éveillait aucune association avec les réalités de la vie sociale et faisait figure, pour ainsi dire, de symbole à l'état pur, à la frontière du merveilleux et du fantastique. La situation était toute différente en Italie qui était beaucoup plus en contact avec des Noirs en chair et en os comme le précise Sachs en affirmant qu'on trouvait beaucoup de Noirs serviteurs dans ce pays. Il devenait donc ainsi inadmissible pour la conscience chrétienne italienne, de faire de serviteurs noirs des saints et des Rois Mages. Sachs l'exprime ainsi :
              "Ainsi, le serviteur noir qui emporte le cercueil après la résurrection de Lazare, dans la fresque de Giotto, à Assise, ne participe aucunement à cet événement capital. Il n'appartient pas à la communauté des hommes et des chrétiens. Tout au long du 15e siècle, dans les tableaux des Vénitiens surtout, les serviteurs noirs apparaissent tout naturellement dans les scènes collectives."
                Donc, les Italiens enlèvent saints et Rois Mages noirs de leur icônographie chrétienne ; d'où l'aspect bivalent du rôle joué par l'Eglise dans l'élaboration de l'image du Noir en Europe. De plus en plus, le Noir, surtout à la fin du Moyen Age, symbolise le mal, l'impureté et Satan. C'est pourquoi sur les rétables la représentation figurée du péché était souvent symbolisée par des Noirs.
                La religion rejoint alors le mythe populaire qui assimule le Noir à la nuit, au monde des ténèbres et aux forces du mal. Il servira également à personnifier le diable dans la même tradition populaire.


  3 -   L'image forgée par la traite des Noirs et l'esclavage 
              A partir du 16e  et jusqu'à la fin du 17e siècle, l'image du Noir ira se dégradant en Europe du fait de l'intensification de la traite et de la présence d'esclaves noirs non seulement dans le nouveau monde mais dans toutes les villes d'Europe où ils exerçaient des activités peu valorisantes (voir l'ouvrage : la traite des Noirs et ses acteurs africains, Berg International, Paris).
               Au 17e siècle ces trois images de l'Antiquité, du Moyen Age, des 16e-17e siècles se mêlent dans les esprits et dans les rapports avec les Noirs en Europe.



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4 août 2009 2 04 /08 /août /2009 17:26
                            
      L'ECOLE COLONIALE : QUELLE FINALITE ?


     Il n'est pas aisé de déterminer avec exactitude la finalité précise de l'école coloniale en Afrique. Si finalité il y a, celle-ci varie tout au long de la période coloniale, de 1830 à 1960, au gré de l'évolution politique en métropole, et l'évolution des rapports entre la France et ses colonies. S'agissait-il, par le biais de l'école, d'assimiler les sujets coloniaux afin d'en faire des Africains français, à égalité de droits et de devoirs avec les métropolitains ? S'agissait-il d'en faire des "associés", c'est-à-dire des Français, mais des Français à part, qui votent mais dont le bulletin n'a pas le même poids que celui des métropolitains ? Ou alors, comme d'aucuns l'ont affirmé, une politique délibérée de saccage de cultures ou de mise en place d'un instrument d'arriération et d'aliénation culturelle ? Chacune de ces formules ou hypothèses a eu ses partisans et ses détracteurs.
              A l'époque même, quelques noms célèbres comme Maurice Delafosse (1870-1926), ancien professeur à l'Ecole coloniale, ancien gouverneur général des colonies, et d'autres, avaient dénoncé le caractère nocif de ce système d'enseignement en faisant valoir qu'il aboutissait inéluctablement à la destruction pure et simple des "valeurs et des institutions culturelles de l'époque précoloniale".
               Charles Régismanset, haut fonctionnaire du ministère des colonies, se posait cette question :
                La colonisation européenne, un progrès ?  dans un ouvrage intitulé "Essai sur la colonisation" ou l'on peut lire :

                Pauvre humanité noire ! Ayons donc au moins la franchise d'avouer que si nous prenons tant de soin de toi, c'est que tu nous parais constituer une inépuisable réserve de main d'oeuvre ... Nous entendons que les races africaines rapportent le maximum. Nous voulons que les boules de caoutchouc, l'ivoire, abondent sur les quais de Bordeaux ou du Havre, que les arachides croissent, que l'huile de palme coule à pleins bords. Rien de mieux. Mais que viennent faire ici la science, la justice, la bonté et surtout le progrès ?
                Je ne souhaite point que l'éducation noire soit poussée trop avant... Tant que les populations seront les plus faibles, elles admettront le droit du plus fort. Le jour où le "plus fort" désarmerait, le jour où elles auraient compris l'admirable mensonge de toutes ces abstractions, elles auraient tôt fait  - les Annamites nous en donnent déjà un avant-goût - de dénoncer ce prétendu "contrat d'association", de s'insurger contre la tutelle et l'exploitation européennes.
                 Assimilation irréalisable ou association hypocrite, deux systèmes également en contradiction flagrante avec le fait1.

               L'après-Deuxième Guerre mondiale apporta une clarification qui fit faire un bond considérable, une évolution profonde dans les programmes et les méthodes d'enseignement à partir de 1946, mais par étapes.
 
1  (Charles Régismanset, Essai sur la coloniasation, Questions coloniales, Paris, Larose, 1912).
            

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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 13:05

               

                LES JEUNES AFRICAINS ONT-ILS DROIT  A L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ?

              Il ne s'agit pas ici des programmes de l'enseignement dans les colonies frainçaises ni de la finalité d'un tel enseignement (sujet passionnant mais très vaste sur lequel on peut revevir ultérieurement) mais de quelques acteurs de l'école coloniale et de l'éternelle question "fallait-il ouvrir l'enseignement supérieur aux Africains ?"
              Sur les principaux acteurs de l'école coloniale, nous empruntons ce qui suit à Jean Suret-Canale :

               La plupart des instituteurs européens (dans les années 20-30), il faut le dire, partageaient les conceptions coloniales de leur milieu ; celles-ci se trouvaient occasionnellement renforcées par les conditions de vie et de travail. Ainsi en Afrique Occidentale Française, jusqu'à 1946 et en Afrique Equatoriale Française jusqu'à une époque plus tardive, la plupart des instituteurs exerçant en brousse occupaient les fonctions de "chef de secteur scolaire", dirigeant l'école régionale, inspectant les écoles de villages du secteur et à ce titre déchargés de classe. Ils tendaient ainsi à devenir de petits chefs administratifs, plus préoccupés de chasses et de réceptions que de problèmes scolaires. [...]


               Mais ce tableau doit être nécessairement nuancé et Suret-Canale n'y manque pas dans la suite de son propos :

                Il y avait aussi des instituteurs métropolitains dont la compétence professionnelle ne pouvait être mise en doute et ayant l'amour du métier ... Même marqués par l'empreinte coloniale ils ne pouvaient, de par leurs origines et leurs fonctions, partager intégralement les conceptions régnant en milieu administratif (dans les colonies) ;
ils croyaient à la "mission civilisatrice" de la France ; ils croyaient à leur tâche d'éducateurs chargés de former des "Français Africains", et ces vues, en dépit de leurs aspects paternalistes, les conduisaient souvent à aller dans leur enseignement au-delà des limites fixées par la prudence coloniale.
                
                 Quant à
Albert Sarraut, Ministre des Colonies et Président du Conseil, il fixa les règles auxquelles s'en tenir en matière d'enseignement supérieur dans les colonies. Il fit valoir d'emblée la nécessité absolue d'écarter les autochtones de l'enseignement supérieur arguant ainsi :

                  
Les hautes spéculations sont un vin capiteux qui tourne facilement les têtes. Certains tempéraments n'offrent aucune résistance aux excitants ... L'enseignement supérieur suppose, avec une hérédité préparatoire, un équilibre des facultés réceptives, un jugement dont seule une faible minorité de nos sujets et protégés sont encore capables1 ...

                  Heureusement pour les Africains, la fin de la 2e Guerre mondiale ouvrit une nouvelle période et une nouvelle vision de l'enseignement dans les colonies d'outre-mer.


1. A. Sarraut, Grandeur et Servitude des colonies, Paris 1931. 





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19 juillet 2009 7 19 /07 /juillet /2009 16:21

            

               QUE FALLAIT-IL ENSEIGNER DANS LES COLONIES ?

                Dans les années 1920-1930, un débat agita les milieux intellectuels aussi bien en métropole que dans les colonies. Il s'agissait de savoir notamment s'il fallait ou non ouvrir l'enseignement supérieur aux sujets coloniaux. On s'avisa d'abord de faire venir à l'Ecole Normale d'instituteurs d'Aix-en-Provence de jeunes "maîtres" sortis de l'Ecole Normale William Ponty (de Gorée, au Sénégal, à l'époque). La suite nous est révélée par Jean Suret-Canale :

              
Ces normaliens, âgés de 25 ans et plus, y furent isolés des normaliens français, soumis à une surveillance tracassière, allant jusqu'au contrôle des lectures et à la censure des correspondances. Deux furent licenciés en 1923 par le gouverneur des colonies, Carde, pour "mauvaises notes", un troisième en 1924 sur dénonciation du directeur de l'Ecole Normale comme "sourdement hostile à l'administration française".

              L'expérience fut brutalement interromprue mais le débat ne fut pas clos.

              
En 1927, l'instituteur, Dupont, alors directeur de l'Ecole Normale W. Ponty, obtint un arrêté créant en AOF (Afrique Occidentale Française), les examens du brevet élémentaire et du brevet supérieur, sur les mêmes bases qu'en France, et rattachant l'AOF à l'académie de Bordeaux. Ainsi les instituteurs africains auraient été conduits à préparer et à obtenir les mêmes diplômes que leurs collègues français. Cette décision souleva un tollé des milieux coloniaux, et tout spécialement de certains instituteurs européens estimant inadmissible que les futurs instituteurs africains puissent avoir les mêmes titres qu'eux, voire pour certains des titres supérieurs et prétendre ainsi à l'égalité de situation et de traitement.

                
Dupont rappelé en France, l'arrêté ne fut jamais appliqué et il fut désormais décrété que les petites têtes africaines n'étaient guère faites pour l'enseignement supérieur.
                (Mais cette vision sera vite démentie par l'histoire et les faits comme nous le verrons prochainement.)


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11 juillet 2009 6 11 /07 /juillet /2009 16:23

                                                      






LAICITE A LA FRANCAISE OU BURQA A L'AFGHANE ?

         Dans un forum ouvert par le quotidien Ouest-France (09/07/09) concernant le port de la burqa, ce sont exprimés :
          - un philosophe : Abdennour Bidar, auteur de "L'Islam sans soumission, Pour un existentialisme musulman" (Albin Michel)
          - un membre de l'Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) : Azzedine Gaci
          - la présidente de "Ni Putes Ni Soumises" : Sihem Habchi
         - Antonella Caruso, islamologue, auteure de "Au Nom de l'Islam ... Quel dialogue pour les minorités musulmanes en Europe ?"

           Pour Abdennour Bidar "cette burqa me paraît incompatible avec notre conception de l'espace public, espace de partage, d'échanges, de rencontre, de dialogue ... La burqa quelles que soient les raisons de la personne qui la porte, paraît comme un mur."
          Azzedine Gaci estime, quant à lui, que "le port de la burqa n'est pas compatible avec l'espace public".
          Pour Sihem Habchi un "voile intégrale pour cacher le corps des femmes ... c'est non ... la République protège chaque individu quels que soient son sexe, sa religion, sa couleur de peau. Ainsi, elle ne peut accepter que certaines soient hors champ social et donc hors démocratie."
          Enfin pour Antonella Caruso, "une femme peut s'habiller comme elle veut ... Le port de la burqa fait partie de cette liberté qu'il faut protéger ..."

          Qu'est-ce donc que la Liberté ?

         La liberté sans limites ne peut entrer dans la définition commune de la liberté. Notre seule condition d'être humain, d'être social, impose quelques limites qui donnent sens à la liberté.
         Peut-on imaginer une liberté absolue, hors du champ social dans lequel nous baignons ? Autant parler de liberté de la jungle.
         Dès lors, pourquoi ne se promènerait-on pas nu ou presque, avec comme tout vêtement un bout de tissu posé sur la tête ?
         En maillot de bain dans les rues de la ville ?
         Naturellement, tout peut être imaginé. Mais un minimum de codes sociaux constitue en soi, dans une société, des limites consenties à la liberté. Une femme pas plus qu'un homme ne peut s'habiller, se promener, dans l'espace public, par essence espace partagé, sans égards pour les règles qui régissent la société qui l'intègre.

         S'agissant précisément de cette burqa, que l'on puisse discuter de la pertinence d'une loi, oui ; mais qu'on décide de laisser faire, sans réflexion ni réaction "parce qu'une femme peut s'habiller comme elle veut", non.


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6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 16:23

                          
      


LA LIBERTE EN MOUVEMENT


          "
Si bas que soient tombées les lois sous la puissance d'un seul, si intimidée que puisse être la liberté, tôt ou tard, elles se relèvent et percent, ou par de muettes protestations, ou par le scrutin secret des élections.
          La liberté qui fut un moment suspendue nous mord plus fortement au coeur que la liberté qui n'a jamais été perdue
."
                                                                      
Cicéron, Des devoirs

          L'aspiration à la liberté est une lame de fond que rien ni personne ne peut endiguer. La liberté en mouvement est indomptable. 
          Pour les autocrates, les apprentis autocrates, présents ou à venir ... A méditer.
 






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28 juin 2009 7 28 /06 /juin /2009 08:53


     LES PREALABLES DU VOTE DEMOCRATIQUE :
      LA PRESIDENTIELLE GABONAISE

                    

             Puisque le parti qui incarne l'opposition gabonaise est celui qui réclame le report de l'élection présidentielle a pour nom "Union Gabonaise pour la Démocratie", il va sans dire qu'il est bien instruit de ces règles et qu'au pouvoir demain, ou dans l'opposition aujourd'hui, il veillera à leur sticte application.
        
      L'opposition gabonaise réclame un délai de cinq à six mois pour organiser l'élection présidentielle après la mort d'Omar Bongo. Seule façon selon elle de parvenir à "une élection libre, transparente et crédible", alors que la Constitution du pays prévoit un délai maximum de 45 jours après la prise de fonction du président par intérim. Ce  report est préférable au "cafouillage" ou à l'imbroglio.
             Ce souhait est en soi un signe de lucidité et de bon sens. Bien des
Constitutions africaines sont calquées sur celle de l'ancienne métropole, du moins dans la formulation des mots. Or les réalités sont bien différentes. Dans nombre de pays d'Afrique, on va aux élections comme à la foire. Les préalables incontournables qui garantissent la régularité et la validité du vote font défaut ; sans compter le financement de l'organisation des élections.
              - S'assure-t-on avant le vote de l'existence effecive de
listes électorales fiables, à jour ?
              - Sait-on le nombre d'électeurs potentiels inscrits ?
              - Sait-on le nombre de
bureaux de vote, de bulletins imprimés ?
              - Sait-on le nombre et la qualité des urnes ?
              - S'assure-t-on que les
isoloirs sont rigoureu- sement aménagés ?
                
               Autant d'éléments parmi ceux qui fondent le vote démocratique.  Cette rigueur dans la prévision et l'exécution induit justice, transparence, respect des électeurs et des candidats, le tout antinomique de contestation, de désordre et de violence. Bien des contestations postélectorales en Afrique proviennent de ces défaillances possibles.
               La
démocratie a ses règles dont l'apprentissage et le respect s'imposent. Le vote ne s'improvise pas. Il est l'aboutissement d'une organisation, avec en amont, recherche, précision, rigueur, sens de l'étique ; tout le contraire de l'amateurisme. 
               Le
mot ne fait pas le démocrate. On ne peut être démocrate en ignorant ou en bafouant sciemment les règles de la démocratie.

                                                        
            

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