IMMIGRATION, IMMIGRÉ
DEUX VIEUX MOTS
SANS DOUTE PARMI LES PLUS UTILISÉS
DANS LE MONDE HIER ET AUJOURD’HUI (1)
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Deux vieux mots qui recouvrent un même phénomène
(déplacement de personnes et des réalités différentes).
°Un monde en mouvement depuis la nuit des temps, de l’homme de Neandertal jusqu’à celui du XXIe siècle.
Après la création d’un État, le premier souci de ses habitants étaient de le protéger des invasions éventuelles. Pour cela ils créèrent des frontières et émirent des lois pour réguler l’entrée des nouveaux arrivants dans leurs villes et villages.
Malgré les États, les frontières et les lois, les hommes ont toujours été en mouvement, partout et pour diverses raisons : échanges de produits, de savoir-faire…
Gérard Noiriel, dans son ouvrage, Atlas de l’immigration en France, nous montre le début et l’extension de ce mouvement des peuples.
« Les migrations : une histoire ancienne.
Dans l'Antiquité, c'est grâce aux migrations que les grandes civilisations ont pu s'épanouir, dans le bassin méditerranéen ou en Asie…
À partir du XVIe siècle, les progrès économiques et techniques de l'Europe occidentale fournissent à ses habitants les moyens de coloniser les autres peuples du monde. On peut distinguer deux grandes périodes. La première, celle des “temps modernes“, encadrée par deux grandes dates symboliques : 1492 (“découverte“ de l'Amérique par Christophe Colomb) et 1789 (début de la Révolution française) correspond à l'ère de la navigation à voile et de l'exploration du globe. L'émigration des Européens vers les autres continents reste limitée. En Asie, en Afrique et en Océanie, un petit nombre d'aventuriers, de marins et de commerçants installent des comptoirs en bordure des océans. Seule l'émigration vers l'Amérique présente un caractère de masse, conduisant à l'asservissement des cultures et au massacre des peuples des mondes précolombiens. L'histoire des migrations humaines débouche ainsi sur des formes de barbarie qui sont aggravées par le développement du “commerce triangulaire“, fondé sur la mise en esclavage de population africaine et sur la traite des Noirs. » (Gérard Noiriel, Atlas de l’immigration en France)
L’étude des migrations, quelles que soient les raisons ou l’aspect sous lequel on la mène, ou les régions du monde considérées, exige une vision globale du phénomène migratoire en rapport avec l’évolution des peuples et des nations, mais aussi de l’économie, des techniques…
L’Europe et la France en particulier, ont longtemps été considérées comme des régions d’immigration. Cette situation s’est amplifiée à partir du commencement du 19e siècle avec le début de l’industrialisation. Pour développer leurs industries, les Européens devaient aller chercher ailleurs la main-d’œuvre et la matière première indispensable au bon fonctionnement de leurs usines. Ils devaient également trouver à l’extérieur, des débouchés pour leurs produits manufacturés.
Pour cela ils colonisèrent les régions du monde qui leur étaient utiles, particulièrement en Afrique, en Amérique, en Asie.
° L’amplification de ce mouvement s’amorce au 19e siècle pour culminer de nos jours : flux de personnes, de produits, de techniques, d’idées...
Au début du 19e siècle, la France apparaît comme le principal État d’immigration en Europe comme on le voit sur la carte ci-dessous.
Des ressortissants de divers pays d’Europe convergent vers la France, surtout pour y trouver du travail.
(Gérard Noiriel, Atlas de l’immigration en France)
° L’industrialisation de la fin du 19e siècle, et des crises sociales entraînent le départ de nombreux Européens vers l’Amérique, devenue un pôle d’attraction.
(Gérard Noiriel, Atlas de l’immigration en France)
Cependant la France reste un pays d’immigration surtout pour les ressortissants des colonies françaises.
Le texte ci-dessous de Gérard Noiriel, tiré du même ouvrage, en est un bon résumé.
« LA SINGULARITE DE LA FRANCE.
Pendant la première période de l'histoire coloniale, la France, État le plus peuplé d'Europe, est un grand pays d'émigration. Des ports comme Nantes et Bordeaux ont bâti leur prospérité initiale sur le commerce triangulaire, participant activement à la traite négrière. Des milliers de colons français s'installent au Québec, en Louisiane, dans les Caraïbes. Des comptoirs français se créent sur les rives de tous les autres continents.
Au cours du XIXe siècle, pendant la deuxième phase de la colonisation, la IIIe République s'engage, comme les autres grands États européens, dans la course aux possessions coloniales, sous l'impulsion de Jules Ferry (que ses ennemis appellent le «Tonkinois»). À partir des «têtes de pont» établies dans les siècles antérieurs, l'empire français s'étend en Afrique, en Asie et en Océanie.
Mais, si l'on compare cette seconde période de l'histoire coloniale française à la première, on constate un changement essentiel : l'émigration des colons s'affaiblit. En raison du déclin démographique qui touche l'Hexagone dès le milieu du XIXe siècle, les départs sont juste suffisants pour fournir les cadres de l'empire colonial et la France devient, dès cette époque, un grand pays d'immigration.
La pluriactivité qui avait permis un vigoureux essor de l'économie française, sans pour autant aggraver l'exode rural, est condamnée par le développement de l'industrie lourde dans les dernières décennies du xix' siècle. Désormais, le recours massif aux travailleurs étrangers s'impose. »
° Les « Trente Glorieuses »
En France, la période comprise entre la fin de la Deuxième Guerre mondiale de 1945 à 1975 environ, est connue sous le nom des « Trente Glorieuses ».
Ce fut, en effet, une période de reconstruction du pays pour lui permettre de se relever des ruines et des affres du conflit mondial destructeur.
Ce fut aussi l’époque d’un développement et d’une modernisation de la France.
Ce prodigieux développement et cette modernisation sans précédent furent rendus possibles par l’afflux important de travailleurs étrangers provenant principalement des colonies ou anciennes possessions françaises d’Afrique et d’Asie.
Puis la France procéda au licenciement massif de ces travailleurs étrangers et à leur rapatriement par divers moyens.
Certains parmi eux voulurent échapper à ce départ forcé, et devinrent donc des « clandestins ».
(Voir article du blog du 26 mai 2012 : immigration, clandestins d’hier et d’aujourd’hui).
(Voir également d'autres articles du blog sur le même thèmes)
Un si long chemin
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