HAMADOUM TANDINA
Le portrait Peulh
> Qui sont les Peulhs
Les Peulhs, qu’on appelle aussi Fulbhés, Pular… selon les régions, sont un peuple de l’ouest africain jusqu'au Tchad (dans une quinzaine de pays) et notamment du Mali comme l’auteur du poème ci-dessous.
C’est un peuple nomade qui vit essentiellement d’élevage.
La dispersion des Peulhs, leur mobilité, a favorisé les échanges et les métissages avec les autres populations subsahariennes.
Ils comptent de nombreux groupes, mais tous ont un socle commun : la langue peule, la compétence pastorale, la religion musulmane et une tendance à l’endogamie.
Les Peulhs se désignent eux-mêmes par le nom Pullo (prononcé Poulloh), le pluriel étant Fulbé.
La langue et les traditions peules sont transmises oralement par les personnes âgées et surtout les femmes, par l’intermédiaire de légendes, de chants, de comptines.
Les femmes et aussi les griots transmettent ainsi l’histoire de leur peuple, ses exploits, ses vertus.
> HAMADOUM TANDINA, lui-même peul, nous trace le portrait poétique du Peulh :
« LE PORTRAIT PEULH
Conducteur de troupeaux,
Droit, svelte, élancé,
Tel un Don Quichotte
Sur sa fière monture,
On le dit orgueilleux
Et même fanfaron,
Dédaigneux et hautain
Pour tout celui qui n'est pas lui.
Mais il se sent noble,
Raffiné, policé
Et délié d'esprit.
Or, ce fils de la terre
A l'échine courbée
Accuse le pasteur
Qui jamais ne s'incline.
Bel esclave musclé,
Pur athlète d'airain,
Ton rôle est de suer
Pour féconder la glèbe.
Quant à ce fils du vent, le Peulh,
Sa maison un chapeau,
Son outil un bâton,
Toujours seul, mais libre
Et loin des lois humaines.
Il marche sans se presser
Parmi les larges plaines.
L'hermite silencieux
Rêve d'amour, d'honneur.
Il voudrait que son nom
Coure de bouche en bouche.
Qu'il soit dit et redit
Comme un écho sans fin,
Il voudrait que son cœur
Soit malade à mourir.
Pour cette femme idole,
Aimée comme un bijou.
Maîtresse, prison non !
Passion qui pousse au loin.
Tiré par le destin
D'une route sans borne,
Poullo chevauche un pur-sang
Dont la crinière folle
Ondulant dans le vent
Lui susurre tout bas.
Si tu t'arrêtes Peulh,
Ce n'est que pour mourir...
> Voici, ci-dessous, brève autobiographie d’Hamadoum Tandina, écrite par lui-même :
« Je suis malien, originaire de Goundam. De mère peulh du Tioki central et de père Sonrhaï du type arabo-berbère, je suis né pendant les années brûlantes de la seconde guerre mondiale, le 2 juin 1943 à Goundam.
J'ai tôt été sevré d'affection. Jeune, mon père me confia à mes grands-parents maternels à Saya, dans un petit village peulh, loin des équations, où j'ai eu à tenter mes premiers pas d'homme.
Mes premières occupations de gardien de chevreaux, m'ont aidé à découvrir, à défaut des hommes, la nature qui embaume et les animaux qui me passionnent. J'ai également appris à me recueillir tout seul derrière le village, au pied de la colline Fati, au bord du lac Horo, et bien souvent sur un arbre à la recherche d'horizons éloignés.
Inscrit à l'école à l'âge de sept ans, ma scolarité ne dura que quatre ans. De retour à Saya, tout semblait m'accueillir et l'on pouvait me rencontrer au pied de la colline, au bord du lac, bonnet tordu, lèvres rougies de kola, doigts engorgés de bagues, un pagne rouge autour du cou, les chaussures effilées et le chapeau en laisse, derrière un troupeau de vaches laitières. Après quelques quatre années de bergerie qui m'ont conduit dans les entrailles des bourgoutières du Delta central, j'ai échangé mon bâton pastoral contre des livres scolaires pour former ma personnalité.
Commis dactylographe au cercle de Goundam, puis agent-technique au Service civique rural à Bamako depuis décembre 1960, je devais servir successivement comme chef de camp du même service à Diré, à Sévaré, à Koro, puis Douentza où un concours de l'enseignement fit de moi un moniteur (novembre 1963) puis un instituteur par voie d'examen professionnel dans les années 1968. Pendant ma carrière d'enseignant, j'ai servi pendant deux ans comme maître d'internat au lycée technique (1969-1970); de retour dans l'enseignement, je devais servir à Finkolo-Niéna, Karakala (Sikasso), puis Massigui de Djoïla où je présentais ma démission de 9 octobre 1975.
Depuis, je me suis donné à mes poésies et je voudrais animer les écoles au Mali, en Afrique et dans le reste du monde.
[…]
Mécanographe, réparateur de machines de bureau, je nourris ma famille avec mon tournevis. Ma poésie, c'est ma chanson, l'expression de mon cœur, tantôt enchanté par la nature ou l'amour, tantôt meurtri par le souvenir d'une enfance malheureuse où les injustices du destin. » Hamadoun Tandina
Poèmes maliens
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