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VILLE OU VILLAGE ?
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Autrefois (au 20e siècle), les jeunes surtout, quittaient la campagne pour s’installer en ville (cf. la chanson de Jean Ferrat La Montagne).
Aujourd’hui, après le Covid, c’est le chemin inverse que beaucoup suivent en retournant s’installer à la campagne.
Voici de beaux textes parlant de la campagne ou de la ville.
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>> UN PAUVRE VILLAGE DE MONTAGNE
"On arrive, et le chemin devient une espèce de rue très étroite où passe tout juste un mulet chargé ! Elle s'en va tout de travers, toute tordue par des façades qui avancent ou bien qui reculent…
D'un côté de la rue, par l'effet de la pente, les maisons sont en contrebas, montrant seulement leur toit ; de l'autre, au contraire, elles se dressent tout entières et semblent d'autant plus hautes.
On trouve d'abord la fontaine qui est creusée dans un gros tronc, où l'on voit toujours des femmes qui lavent. A côté, il y a le four qui ouvre à l'air sa gueule noire dans un tas de pierres qui penchent, mal façonnées ; c'est là qu'on cuisait le pain de là-haut, noir et dur. Un peu plus loin, il y a la chapelle ; elle est blanche et toute petite, elle servait du temps où l'église n'était pas bâtie ; à présent, elle ne sert plus. Elle a bien toujours une petite cloche pendue dans une espèce de clocheton qui branle tout entier et qui craque sitôt qu'on commence à sonner ; mais à présent, dans la chapelle, ils mettent les cibles pour les exercices de tir, la pompe, la civière, et les araignées sont venues, qui ont fait leurs toiles au plafond.
[...] Tout le reste du village, c'est des maisons. Elles se suivent le long du chemin, un peu penchées, s'appuyant de l'épaule comme si elles avaient sommeil… Il y a des petits enfants partout, assis ou qui se roulent par terre ; on voit, par les portes ouvertes dans l'intérieur des cuisines, et c'est parfois un escalier ou un haut perron de pierre où un homme se tient debout, mais des montagnes tout est caché, et rien non plus ne se voit du ciel qu'en haut, entre les toits, un autre petit chemin bleu.
Alors, on arrive à la maison du juge, la plus belle de toutes… Puis, tout à coup, les pentes reparaissent, les pâturages, les rochers : c’est qu'on est arrivé au bout du village. Il cesse soudain : point de maison isolée ; les vents sont trop forts, elles auraient peur, et peur aussi des grandes neiges. Elles ont fait entre elles comme une alliance, se prêtant aide et protection."
(C.F. Ramuz, Le village dans la montagne, Editions Bernard Grasset.)
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>> LA VILLE EUROPEENNE
[…]
"C'était donc cela, une grande ville européenne : des maisons blanches ayant leurs murs et leurs grilles sur le même alignement, des avenues bordées d'arbres et baignées d'ombre, des rues qui, toutes, fuyaient, coupées à angle droit par d'autres rues semblables, plus ou moins longues, plus ou moins larges ?... C'était cela : l'église, dont la flèche aiguë s'effile vers le ciel, le cercle avec ses tennis et ses pelouses, l'hôpital, son parc et ses allées sablées, l'école et le tumulte de ses voix enfantines aux heures de récréation, la gare enfin avec son bruit métallique, ses sifflets grinçants et le halètement de ses machines… et puis, d'autres monuments encore, également entourés de verdure, et pareillement troués de fenêtres alignées le long des façades ?"
[…]
(Jean d’Esme, Thi-Bâ, Editions de France)
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>> "CONNAIS-TU MON BEAU VILLAGE ?
Connais-tu mon beau village
Qui se mire au clair ruisseau ?
Encadré dans le feuillage,
On dirait un nid d’oiseau.
Ma maison, parmi l’ombrage
Me sourit comme un berceau.
Connais-tu mon beau village,
Qui se mire au clair ruisseau ?
Loin du bruit de la grand-ville,
A l’abri du vieux clocher,
Je cultive un champ fertile,
Un jardin près d’un verger ;
Sans regret ni vœu stérile,
Mon bonheur vient s’y cacher,
Loin du bruit de la grand-ville,
A l’abri du vieux clocher.
Quand ta voix, cloche argentine,
Retentit dans nos vallons,
Appelant sur la colline
Les bergers et leurs moutons
Moi, joyeux, je m’achemine
En chantant vers mes sillons,
Quand ta voix, cloche argentine,
Retentit dans nos vallons."
(F. Bataille, Les trois Foyers, Juven Editions.)
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♦ Brève biographie des auteurs :
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Charles Ferdinand Ramuz (1878-1947)
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>> Le premier texte est de C.F. Ramuz
Charles Ferdinand Ramus (1878-1947), écrivain et poète suisse, est né à Lausanne en 1878. Son père tenait une épicerie coloniale et de vin. Sa mère affichait une certaine proximité avec l’église protestante libre.
Jeune, Ramuz vit à Lausanne puis à Cheseaux-sur-Lausanne et poursuit ses études dans des établissements vaudois.
Après l’école primaire, Ramus entre au Gymnase classique de Lausanne et réussit sa « maturité » en 1896. Puis il passe une licence de lettres à l’université de Lausanne en 1900. Ensuite il enseigne au collège d’Aubonne.
Il marque un intérêt pour la littérature et les disciplines artistiques et écrit ses premiers poèmes en 1896 lors d’un voyage à Karlsruhe et prends alors la résolution de devenir écrivain.
A 20 ans il part pour Paris, son objectif étant d’y poursuivre sa formation en préparant une thèse de doctorat dont le sujet porte sur l’œuvre du poète français Maurice Guérin. Jusqu’en 1904 les débuts parisiens de Ramuz sont difficiles et solitaires et il abandonne rapidement son projet de thèse.
Ramuz est en fait transformé au contact des lettres classiques françaises et commence à y découvrir son rapport à la « langue vaudoise », une forme de français marquée par un rythme et des intonations particuliers.
Il passe de longs séjours à Paris entrecoupés de vacances en Suisse et s’affirme en tant que Vaudois.
Après l’abandon de ses études, Ramuz écrit ses premiers textes.
- Le Petit Village (poésie)
- Aline (roman)
A partir de 1904 Ramuz partage son temps entre Paris, la Suisse romande et des voyages.
A Paris il fréquente le salon d’Edouard Rod qui l’aide à publier son roman « Aline ». Il fréquente également de nombreux écrivains et artistes suisses ou français : Charles-Albert Cingria, René Auberjonois, Henry Spiess, Adrien Bovy, André Gide…
Il collabore à la « Gazette de Lausanne », le « Journal de Genève », la « Bibliothèque universelle » et crée la revue « La Voile latine ».
Il reçoit le Prix Goncourt et le Prix Rambert
En 1913, il épouse Cécile Cellier, artiste peintre et en 1914 la famille quitte définitivement Paris pour s’installer à Lausanne où Ramuz continue sa carrière littéraire.
Ramuz s’intéresse aussi à d’autres formes artistiques : la peinture, la musique. A partir de cette époque son style s’affirme et évolue, ses thèmes sont plus sombres et spirituels : la mort, la fin du monde, le mal, la guerre ou les miracles.
Cependant ses écrits sont peu prisés du public et de la critique et Ramuz est progressivement isolé.
Quelques ouvrages parmi les nombreuses œuvres de Ramuz
- 1903 : Le Petit Village
- 1907 : Les Circonstances de la Vie
- 1911 : Aimé Pache
- 1915 : La Guerre dans le Haut-pays
- 1917 : Le Règne de l’esprit malin
- 1917 : La Guérison des maladies
- 1927 : La Beauté sur la Terre
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Jean d’Esme (1894-1966)
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>> Le deuxième texte est de Jean d’Esme
Jean d’Esme, journaliste et écrivain français, de son vrai nom Jean Marie Henri d’Esmenard, vicomte, est né en 1894 à Shanghai et mort en 1966 à Nice.
Son père, fonctionnaire des douanes en Indochine était originaire de La Réunion.
Jean fait ses études à Paris et en 1914 entre à la section indochinoise de l’École coloniale.
Il s’oriente vers le journalisme et prend le pseudonyme de Jean d’Esme.
Il travaille à la rédaction ou la direction des journaux Je sais tout, Le Matin et L’Intransigeant.
Puis Jean d’Esme devient un spécialiste du roman colonial dont le plus connu est Les Dieux rouges, roman fantastique qui se passe en Indochine.
1936 : il tourne La Grande Caravane, film sur le voyage d’une caravane vers les mines de sel de Bilma.
Directeur de Paris-Soir, il part pour un reportage en Espagne ; là, il est emprisonné par les troupes franquistes pour avoir filmé dans les zones interdites.
1941 : il réalise le film Quatre de demain, à Ramatuelle, à la demande du Secrétariat à la jeunesse du Gouvernement de Vichy. Thème du film : l’histoire d’un village français qui reprend confiance malgré la défaite, et ce grâce à la visite d’un groupe de scouts des Compagnons de France.
Esme écrit beaucoup de livre pour enfants dans la collection Bibliothèque verte (Hachette).
Jean d’Esme est
- membre de l’Académie des sciences d’outre-mer
- président de la Société des Écrivains maritimes et coloniaux
- président de la Société des gens de lettres
A La Réunion, un collège à Sainte-Marie, porte son nom.
Jean d’Esme fut un écrivain prolifique.
Quelques ouvrages parmi ses écrits très nombreux :
- Thi-Bâ
- Les Dieux Rouges
- L’Homme des sables
- Les Maîtres de la Brousse
- Les Chevaliers sans éperons
- La Grande Horde
- Leclerc
- De Gaulle
- Les Chercheurs de mondes
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Frédéric Bataille (1850-1946)
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>> Le 3e texte est un poème de Frédéric Bataille
Frédéric Bataille, poète et fabuliste français (Comtois), enseignant et mycologue, est né à Mandeure dans le Doubs en 1850 et mort à Besançon en 1946.
Issu d’une famille de paysans protestants, il est formé au métier d’instituteur à l’École modèle de Montbéliard.
Libre penseur et républicain, il déplaît aux parents d’élèves, malgré ses qualités pédagogiques.
1881, il est admis à la Société des gens de Lettres, puis en 1884, enseigne au lycée Michelet à Vanves.
Il se lance alors dans l’étude des champignons et cuisine.
1899, il entre à la Société mycologique de France et se révèle un mycologue exceptionnel. Il rédige plus de 40 mémoires dans le bulletin de la SMF et quelques uns dans le Bulletin de la Société d’Histoire naturelle du Doubs.
Il est décoré : Chevalier de la Légion d’Honneur et Officier de l’Instruction Publique.
Il devient vice-président de la Société mycologique de France et acquiert une certaine renommée.
1905 : prix de l’Académie des Sciences.
A partir de 1908 il se consacre presque exclusivement à l’étude des champignons de sa région.
Quelques ouvrages :
- Le Pinson de la Mansarde
- Poèmes du soir
- Les Trois Foyers
- Pages d’Automne
- Anthologie de l’Enfance
- Monographie des Amanites et Lépiotes
- Monographie des Astérosporés
- Flore analytique des morilles et des helvelles
- Flore monographique des Hydnes terrestres
- Les réactions macrochimiques chez les champignons
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Ces textes nous plongent dans la beauté de la nature, nous ressourcent, en contraste avec la ville plus oppressante pour beaucoup.
Et vous, Chers lecteurs, qu’en pensez-vous ?
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