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13 juin 2010 7 13 /06 /juin /2010 17:05

Caa0219.jpgHISTOIRE ET TABOU : LA TRAITE ORIENTALE OU ARABO-MUSULMANE

  

  

          L'opacité caractérise l'évocation de la traite orientale arabo-musulmane qui coûta à l'Afrique des dizaines de millions de vies. Les razzias opérées par les Arabes (avec la complicité de quelques chefs africains, moralement dévoyés) du VIIe au XXe siècle ont vidé l'Afrique de sa substance vive et profondément déstructuré les sociétés.

          Pourquoi parle-t-on tant de la traite atlantique (autre fléau) pratiquée par les Européens du XVe au XIXe siècle et si peu de la traite orientale qui fit encore plus de victimes que la première ?

          Or ce voile jeté sur les pires crimes de masse commis contre les peuples africains noirs explique pour une part la persistance de l'esclavage ouvertement pratiqué ou discrètement voilé dans nombre de régions, d'Etats arabes ou arabo-musulmans de nos jours : Moyen-orient, Soudan, Mauritanie, Niger ...

           Il est du devoir des intellectuels arabes, en tout premier lieu, et africains d'autre part,de s'atteler à une tâche historiquement salutaire d'enseignement  et d'information des peuples arabes et africains, non dans un esprit de revanche ou de mise au pilori, qui nourrirait haine et ressentiment, mais de concorde et d'humanité. Car la haine ne construit pas. Elle appauvrit ceux qui la portent et handicape l'avenir.  La meilleure thérapie pour la conjurer, c'est le courage d'assumer le passé pour s'ouvrir aux autres, dans un esprit de totale fidélité à l'histoire et de réconciliation des mémoires.

          Toutes les traites négrières : européenne, arabo-musulmane ainsi que toutes les complicités africaines doivent faire l'objet d'enseignement, de publications, de débats afin d'informer pour savoir et comprendre et guérir des traumatismes historiques.Cela ne peut se faire que par la connaissance et la transparence des faits passés si douloureux soient-ils. L'Histoire a horreur du tabou.

           S'impose donc aux intellectuels arabes comme aux intellectuels africains ce devoir de connaissance et de vérité : informer, populariser, cet épisode exceptionnellement cruel et sanglant de notre histoire commune afin d'assainir les rapports du présent en mettant fin au conditionnement mental de bien des Orientaux dans leurs rapports aux Africains noirs. Les caravanes transsahariennes de captifs africains d'hier sont aujourd'hui relayées d'une certaine façon par les caravanes de migrants clandestins en quête d'une vie meilleure qu'ils espèrent trouver en Europe. Et c'est sur le chemin de l'Europe qui passe par le désert du Sahara, que nombre de ces Africains subissent un autre esclavage infligé par leurs "frères" politiques ou de religion : Marocains, Algériens, Libyens ... qui n'est pas sans rappeler d'autres caravanes du VIIIe ou du XIXe siècle sur les mêmes routes du désert.

               Le journaliste italien, Gatti Fabrizio1, lève ainsi le voile sur un pan de cette actualité :

 

                           Pour ne pas mourir de faim, ils travaillent gratuitement dans les maisons des commerçants. Ils lavent les casseroles, s'occupent des jardins, cueillent des dattes, pour un plat de pâtes, un café ou quelques cigarettes. Ils voulaient arriver en Italie, ils sont devenus esclaves. Seulement après des mois de travail, le patron les laisse partir. Mais la peur de tous est de rester prisonnier plus d'un an. Ceux qui sont dans ce cas sont devenus fous et vivent dans les maquis. C'est une vieille histoire. Les Arabes libyens considèrent que les habitants de la côte africaine sont des êtres inférieurs. Avant, ils traversaient le Sahara pour les acheter et les revendre comme esclaves. Maintenant, ils les amassent sur des camions, et les traitent plus mal que des bêtes. Personne ne s'inquiète si ces clandestins meurent dans le désert.

                        

               Personne, ni les Etats dont ils sont ressortissants, ni les ambassades de ces Etats dans les pays concernés ne se soucient en effet de leur sort.

  

                Aucune organisation humanitaire. Aucun père. Aucun frère. Aucun des gouvernements dont les choix corrompus les ont conduits là où ils sont, ne pleurera jamais leur mort. Depuis qu'ils sont partis, ils sont les enfants de personnes.

  

                Cet esclavage subi dans l'indifférence générale, par des Africains, dans des pays africains, membres de l'Union africaine, est-elle concevable ?

                 Au service de qui, de quoi, cette "Union" oeuvre-t-elle ?

 

1 Gatti Fabrizio, Bilal sur la route des clandestins, Liana Levi, 2008.

 

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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 14:51

u10511938AU FIL DE L'HISTOIRE

 

          La présence africaine en Europe est presque aussi ancienne que la formation et la consolidation de ce continent.

          Sans remonter à cette présence en Grèce, en Crète, à Rome ou d'autres contrées, dans l'Antiquité, on se limitera à quelques temps forts où les Africains noirs apparaissent en nombre relativement important sur le sol européen.

          La période de la Renaissance est de ceux-là. Entre 1400 et 1600, avant comme après la découverte de l'Amérique, les Africains extraits d'Afrique comme esclaves par les Portugais peuplèrent des villes d'Europe, tout particulièrement celles du sud du continent : Espagne, Portugal, Italie ...

          Nombre des principales villes de ces trois pays comportaient une population importante de Noirs africains (subsahariens), esclaves ou libres, les villes portugaises arrivant en tête d'après les chiffres connus.

          En 1530, Lisbonne "se flattait" d'avoir dans ses murs plus de 9 000 Noirs résidents permanents sur une population totale de 100 000 personnes. Le négociant flamand Nicolas Clenard écrit après son séjour dans la ville d'Evora en 1535 : "J'ai cru que j'avais pénétré dans quelque cité de diables tant j'y rencontrai partout des Noirs". A la même date, le pays tout entier abritait quelques 30 000 Noirs africains, la plupart esclaves.

         Les villes espagnoles n'étaient pas en reste. En 1565, Séville comptait 5 000 Noirs sur une population de 85 000 habitants. A ces résidents permanents s'ajoutaient d'autres Africains séjournant fréquemment en Europe : ambassadeurs, envoyés spéciaux, fils de rois africains, otages ...

        Cette population subsaharienne d'Europe connut des personnalités de premier plan dans plusieurs domaines : les premiers avocats noirs, les premiers dramaturges, les premiers compositeurs de musique, le premier professeur de lettres classiques (latin, grec), le premier évêque noir qui fut également le premier saint noir, connu sous le nom de Saint Benoît le Maure (c'est-à-dire le Noir). Un autre évêque noir : Henrique, fils du roi Alfonso 1er du Congo (converti lui-même au christianisme) qui l'envoya étudier dans un monastère portugais, et qui fut nommé évêque par le pape Léon X en 1518. Henrique retourna dans son pays en 1521 exercer sa mission.

          La liste de ces réussites est longue. Parmi ces Africains européanisés, des célébrités à côté de gens ordinaires : beaucoup d'artisans, tâcherons, mais aussi courtisans, bouffons à la cour des rois portugais notamment. Joâo  de Sa Panasco fut l'un de ces bouffons royaux célèbres. Ses "bons mots" ou "mots d'esprit" furent longtemps cités au Portugal, même de nos jours.

          Quant à la France, il est courant d'entendre dire que la présence africaine sur son sol date de la Première Guerre mondiale. Certes, cette guerre, avec l'arrivée et le défilé des troupes noires, fit prendre conscience à beaucoup de Français que leur pays possédait un empire colonial immense, peuplé de millions de Jaunes, de Noirs, d'Arabes ...

        Les XVIIe et XVIIIe siècles peuvent être considérés comme des siècles de la présence régulière et imporatante de subsahariens en France (Noirs et Métis), de toutes conditions, avec tout de même une proportion importante d'esclaves affranchis. Cet "afflux" d'anciens esclaves affranchis est lié à l'histoire du pays depuis le XIVe siècle.

         Louis X le Hutin ayant par le célèbre édit de 1315, rendu la liberté aux serfs du domaine royal, le principe de liberté individuel triomphait désormais en France. Le roi décréta que tout esclave foulant le sol du royaume devenait automatiquement libre car "selon le droit de nature, chacun doit naître franc (c'est-à-dire libre) [...] considérant que notre royaume est dit et nommé le royaume des Francs..."

          Des esclaves africains transportés aux Antilles ou ceux qui entraient en France avec leurs maîtres mettaient tout en oeuvre pour fouler le sol de ce pays afin de bénéficier ainsi de ce principe auquel les rois successifs ne dérogèrent jamais et qui fut maintenu par la Révolution et par la République.

         Esclaves dans les colonies, libres en Métropole.

           Les ports, en particulier ceux de l'Atlantique, furent hier, des lieux de concentrations de Noirs en France.

           Il y eut, certes, au XVIIIe siècle, des mesures royales tendant à interdire l'entrée du royaume aux Noirs (1716, 1738, 1777), en vue d'éviter leur "multiplication", mais en vain. Le désir de liberté l'emporta sur les lois.

           Louis XIV fut, de tous les rois de France, celui qui reçut le plus grand nombre d'Africains à sa cour, et pas seulement dans sa domesticité. Des fils de rois africains vécurent à Versailles, élevés par Louis XIV ; Versailles qui connut également la présence de courtisans africains, au point qu'un émissaire d'Autriche, en visite, s'écria "Sire, votre cour est créole !"

          Louis XIV reçut beaucoup d'ambassadeurs et d'envoyés de rois africains. Il leur en envoya également un grand nombre.

         Ces Africains "européens" demeurent les k1110966grands oubliés des historiens.



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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 15:40

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COMMENT VIVRE POUR SOI ?

 

 

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Les plus belles, les plus salutaires découvertes cesseraient de me plaire si je devais les garder pour moi.

Un bien n'est agréable que lorsqu'on le partage.

On ne peut être heureux quand on ne vit que pour soi, quand on rapporte tout à son propre intérêt.

On ne vit vraiment pour soi qu'en vivant pour un autre.

Sénèque à Lucilius

 

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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 17:02

chat_004.gifLa vraie charité selon Sénèque

 

Tout ce que j'aime à voir faire aux personnes compatissantes, le sage le fera volontiers et d'une âme haute : il viendra au secours de ceux qui pleurent, mais sans pleurer avec eux ; il offrira sa main au naufragé, à l'exilé un asile, au pauvre l'aumône, non pas cette aumône humiliante que la plupart des hommes, afin de paraître compatissants, jettent dédaigneusement au malheureux qu'ils secourent, pour le tenir à distance et comme s'ils craignaient de le toucher; mais il l'offrira comme un homme qui remet à son semblable sa part des biens.

Sénèque, De la clémence

 

La charité pour autrui ou pour nous ?fleurs-206.gif

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18 mai 2010 2 18 /05 /mai /2010 15:00

001-copie-2POUR UNE JUSTE CAUSE 001-copie-2

 

 

 

YEMEN 

 

Injustes noces

 

Partisanes et adversaires de la loi imposant un âge minimum pour se marier s'affrontent par manifestations interposées.

 

 

Votée en 2009, la loi imposant un âge minimum pour se marier – 17 ans pour les filles, 18 pour les garçons – divise les femmes yéménites. A l'occasion de son examen par le Comité constitutionnel du Parlement, saisi par des députés de l'opposition qui jugent le texte contraire aux principes de l'islam, partisanes et adversaires de la loi s'affrontent par manifestations interposées.

 Le 21 mars, encouragées par une fatwa du cheikh Abdelmajid Zendani, membre par ailleurs dudit Comité constitutionnel, elles étaient des milliers à défiler pour dénoncer la réforme, arguant qu'aucun âge n'était fixé dans le Coran. Deux jours plus tard, c'était au tour de plusieurs centaines de femmes de battre le pavé pour défendre le texte, clamant que la question ne fait pas l'unanimité chez les oulémas [théologiens musulmans]. Mais elles invoquent aussi des arguments non religieux: la nécessité de lutter contre l'interruption de la scolarité des filles et, surtout, contre le taux de mortalité maternelle, cinq fois plus élevé lors du premier accouchement quand la mère a moins de 15 ans, un phénomène que la doctoresse Nafissa al-Jaïffi est venue expliquer aux parlementaires.

Dans ce pays parmi les plus pauvres du monde arabe, le mariage constitue une source de sécurité financière. Une jeune fille sur deux convole en justes noces avant l'âge de 18 ans. Le divorce qu'a obtenu en 2008 Nojoud Mohamad Ali, mariée de force à 8 ans, avait amené le Parlement à légiférer. La loi a été votée par une majorité de députés, dont ceux du parti du président Abdallah Saleh. Mais ce dernier ne veut surtout pas s'aliéner les islamistes conservateurs d'Al-Islah, le principal parti d'opposition. Le président du Parlement pourrait envisager d'imposer un âge minimum, mais en renonçant aux sanctions – une forte amende et une peine de prison d'un an – prévues pour les parents contrevenants, ce qui viderait la loi de son sens, au grand dam des ONG et associations proches du pouvoir qui se battent pour que le Yémen rejoigne les dix pays arabes qui ont déjà, selon la Fédération internationale des droits de l'homme(FIDH), fixé par la loi un âge minimum pour le mariage.

 (Jeune Afrique, 28 mars - 3 avril 2010)

 

Ainsi donc, partout, en Afrique comme en Asie, tout particulièrement, la lutte pour l'émancipation (la délivrance ?) de la femme n'apparaît plus comme une monstrueuse anomalie ... pour tous.

Certes, bien des murs du conservatisme (dans nombre de cerveaux), restent à abattre. Mais le vent qui s'est levé désormais ne retombera plus, bien au contraire.

Ce combat, universel, juste et nécessaire, n'est pas celui des seules femmes. C'est la combat pour l'avenir, contre la servitude des femmes et contre toutes les servitudes car, là où il y a oppression de la femme, il y a frein à l'épanouissement de tous.

Est-ce un hasard si les pays où les conditions de la femme sont les plus dégradées sont aussi les moins avancés du monde?

 

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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 16:35

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                        SYMBOLE DE LA REDEMPTION ?

 

           L'imposante statue de bronze érigée à Dakar (52m de haut) baptisée "Monument de la Renaissance africaine", à l'initiative du président sénégalais, M. Wade, et officiellement inaugurée le 03 avril 2010 (pour coïncider avec la célébration le 04 avril du 50e anniversaire de l'indépendance du pays) est source d'interrogations.

            Le monument représente un couple et son enfant, dressé vers le ciel, dans une posture à la "soviétique", rappelant singulièrement la statue symbolisant l'ouvrier et la kolkhozienne. Le coût de l'ouvrage est estimé à 15 milliards CFA ( environ 23 millions d'euros). La maîtrise d'oeuvre a été assurée par une société nord-coréenne employant des ouvriers nord-coréens, et la durée de vie de la statue prévue est de 1200 ans.

            Ce monument est censé incarner selon son initiateur, "une Afrique sortant des entrailles de la terre, quittant l'obscurantisme pour aller vers la lumière".

            Quel beau symbole !

            Mais est-il suffisant pour soigner l'image et les maux de l'Afrique contemporaine ? La "renaissance africaine" exigerait d'autres conditions, parmi lesquelles et en tout premier lieu la volonté de grandir, une conscience éclairée de l'immensité de l'effort à accomplir (dans tous les domaines) pour sortir non pas des "entrailles de la terre", mais des creux de l'Histoire. Cet effort implique avant tout l'éthique de la gouvernance en même temps que la pédagogie quotidienne du rôle de chacun pour s'élever et tendre vers le but. 

            La statue de Dakar aurait pu aussi graver dans son corps et dans ses nerfs cette nécessité de l'action rédemptrice, en célébrant l'intelligence et le savoir, principaux outils à même de dissiper le nuage de l'obscurantisme, du fanatisme et du fatalisme, qui étouffent et assèchent l'esprit.

           En conséquence, plutôt l'action que les mots et les discours, plutôt la détermination affirmée dans la démarche vers les sommets, que la statue figée, si monumentale soit-elle, laquelle serait plutôt propre à symboliser l'action déjà accomplie : le monument incarnant alors la tâche achevée.

           J'éviterai tout commentaire sur le coût de l'ouvrage, que je laisse volontiers à l'appréciation des Sénégalais, meilleurs juges en la matière, eu égard à leur quotidien et à la situation réelle de leur pays. Fallait-il plutôt construire plus d'écoles et de centres de formation, plus d'hôpitaux, plus de bibliothèques... ?

           J'éviterai également tout jugement de fond quant à la destination des éventuelles retombées financières générées par le tourisme dans le futur. Ceci est également laissé à la libre appréciation des premiers concernés.

             Mon propos ne porte donc en définitive que sur ce que des yeux non-initiés peuvent voir, de loin, et de la réflexion qui en découle au premier degré. 

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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 16:35

 k0311372  PEUT MIEUX FAIRE


          L'organisation américaine indépendante, le Pew Research Center, dont le siècle est à Washington, vient de combler un vide. Pour la première fois, une étude approfondie est réalisée sur l'islam dans le monde, le Mapping Global Muslam Population après une étude du même genre sur le christianisme dans le monde. 

          Cette étude livre le poids démographique des musulmans dans 232 pays et territoires (travail publié en octobre 2009).

          On y apprend entre autres informations, que, aujourd'hui, 0,5% des Américains, 4% des Européens de l'ouest et un peu moins de 20% des habitants de l'Afrique centrale et australe, sont musulmans.

Ce document nous livre également le poids des religions dans le monde : Juifs 0,2% ; chrétiens 32,2% ; musulmans 23,5 ; hindous 13,9% ; bouddhistes 5,9 ; bahaïs 0,1 ...

           Nous nous intéressons ici au christianisme et à l'islam en Afrique subsaharienne.

          Dans l'étude de l'organisation américaine, l'Afrique est créditée d'une note honorable dans la perception des rapports entre ces deux principales religions qui se partagent le continent. Leur coexistence révèle une certaine tolérance réciproque (quelques Etats exceptés où le fanatisme aveugle et l'obscurantisme créent une situation préoccupante, de nature à compromettre l'avenir).


AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Chrétiens et musulmans font bon ménage

 

L'AFRIQUE EST L'UN DES CONTINENTS « les plus religieux » de la planète : 90% de ses habitants disent appartenir au christianisme ou à l'islam et le pratiquer assidûment. Un chrétien sur cinq et un musulman sur sept vit désormais en Afrique subsaharienne (dont la population est à 57% chrétienne et à 29% musulmane). En dehors de quelques accès de violence abondamment commentés, les deux religions cohabitent pacifiquement, sans qu'aucune ne progresse aux dépens de l'autre. C'est ce que révèle une enquête du centre de recherche américain Pew, menée auprès de 25000 personnes dans dix-neuf pays d'Afrique subsaharienne, de décembre 2008 à avril 2009, et publiée le 15 avril dernier*.

« Ce qui surprend, souligne Luis Lugo, qui a dirigé l'étude, c'est de voir à quel point les Africains, musulmans ou chrétiens, se montrent tolérants les uns envers les autres. »

Selon le pays d'enquête, 65% à 93% des personnes interrogées jugent les membres de l'autre communauté « tolérants et honnêtes », affirmant qu'ils doivent pouvoir « pratiquer leur foi en toute liberté ».

En moyenne, 60% des sondés souhaitent que leurs responsables « aient des valeurs religieuses ». Dans les dix-neuf pays étudiés, la moitié des musulmans pensent que c'est à la société et non aux femmes de décider si elles doivent ou non porter le voile. Quant à l'excision, très pratiquée dans les pays à majorité musulmane, elle est, au Nigeria et en Ouganda, plus répandue chez les chrétiens.

L'extrémisme religieux préoccupe plus de 40% des sondés, y compris celui qui s'exprime au sein de leur propre communauté. Quelques signes d'appréhension sont manifestes : 43% des chrétiens (57% au Cameroun et 70% au Tchad) considèrent que les musulmans « peuvent être qualifiés de violents », ce que pensent seulement 20% des musulmans à leur égard.

Enfin, si la plupart estiment que la criminalité, la corruption et le chômage sont « des problèmes plus sérieux » que les conflits religieux, 28% des personnes interrogées (58% au Nigeria et au Rwanda) avouent que ces derniers constituent un grave problème chez eux, et 20% soutiennent que les actes de violence pour défendre une religion sont « parfois ou souvent justifiés ».

(Publié dans Jeune Afrique, n° 18-24 avril 2010)

 

* Pays représentés dans l’étude : Afrique du Sud, Botswana, Cameroun, Tchad, Djibouti, RD Congo, Ethiopie, Ghana, Guinée-Bissau, Kenya, Liberia, Mali, Mozambique, Nigeria, Ouganda, Rwanda, Sénégal, Tanzanie, Zambie.

 

          Cette étude intéressante aurait pu être complétée par une autre consacrée spécifiquement à l'impact de ces religions sur les esprits et la vie des Africains.

            Laquelle des deux religions est moteur de progrès social et humain en Afrique ?

             Laquelle des deux promeut l'individu et tout particulièrement la femme africaine ?

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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 16:10

   110_F_6432561_ikF8ijoLa6IaozG8QKbzbFDYuTE9Q4uz.jpg        LA RELIGION AU SERVICE DU PROGRES HUMAIN ?

 

 Certains textes rafraîchissent la mémoire et apaisent l'esprit dans le fracas quotidien des controverses, tout particulièrement avec la résurgence de termes qui choquent et s'entrechoquent : intégristes, guerre sainte, fondamentalistes, djihadistes, terroristes...

           Concernant les religions en général, et les querelles religieuses, la croyance et l'incroyance, Voltaire n'a-t-il pas dit l'essentiel en si peu de mots dans sa prière à Dieu ?

            Ce n'est plus aux hommes que je m'adresse ; c'est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes, et de tous les temps : s'il est permis à de faibles créatures perdues dans l'immensité, et imperceptibles au reste de l'univers, d'oser te demander quelque chose, à toi qui as tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature ; que ces erreurs ne fassent point nos calamités. Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger ; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d'une vie pénible et passagère ; que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés « hommes » ne soient pas des signaux de haine et de persécution ; que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supportent ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil ; que ceux qui couvrent leur robe d'une toile blanche pour dire qu'il faut t'aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ; qu'il soit égal de t'adorer dans un jargon formé d'une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau ; que ceux dont l'habit est teint en rouge ou en violet, qui dominent sur une petite parcelle d'un petit tas de la boue de ce monde et qui possèdent quelques fragments arrondis d'un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu'ils appellent « grandeur et richesse », et que les autres les voient sans envie : car tu sais qu'il n'y a dans ces vanités ni de quoi envier, ni de quoi s'enorgueillir.

 

          Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères !

 

           Toutes les religions en ce 21e siècle naissant ont un travail de ressourcement à faire. Aller à l'essence du message initial en le dépouillant des artifices qui l'obscurcissent ou le brouillent (source infinie d'incompréhension et de discorde entre les humains).

 

           Dans toute religion, dans tout texte sacré, il convient de voir l'homme avant le texte, ou l'homme avec le texte, mieux, l'homme au centre du texte. Non l'homme figé mais l'homme en mouvement, mû par la roue de l'Histoire et de son histoire, afin que la religion n'asservisse point, mais libère, qu'elle n'appauvrisse pas mais enrichisse chacun de l'amour de tous.

 

  DEC 073C

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25 avril 2010 7 25 /04 /avril /2010 15:39

 

 

 

1525R-140864UNE NOUVELLES REVOLUTION CULTURELLE  ?

 

 

"La personnalité de l'Europe est faite de profonds enracinements mais ouverte également à d'innombrables et féconds métissages. Il serait abusif de considérer que la conclusion dynamique du phénomène des invasions barbares qui frappa l'Empire (romain) autorise d'en oublier les violences et les drames. L'histoire de cette longue période fut souvent rugueuse et parfois désespérée. Ce fut celle d'un monde qui s'effondre sous les coups qui lui furent portés après qu'il en ait administré tant au monde qui l'entourait et n'ait pas hésité à s'en porter à lui-même. C'est néanmoins de tout ce bruit et de toute cette fureur que va naître un nouveau monde, matrice de l'Europe contemporaine, les Barbares ayant été les agents, tantôt conscients, tantôt inconscients, de l'un des phénomènes de synthèse culturelle les plus étonnants et les plus toniques de l'histoire de l'humanité.

Il serait bien sûr hasardeux de tenter de chercher dans cette histoire des leçons simplistes. Comment cependant ne pas considérer que l'Europe et, d'une façon plus générale, l'Occident — c'est-à-dire toute cette partie du monde qui procède du mouvement qui va, au cours du millénaire suivant, pousser l'Europe à connaître le monde, à l'explorer, à tenter de le conquérir, à l'exploiter, à le peupler en un mot, à le dominer — sont aujourd'hui exposés à assumer une situation proche de celle que connut l'Empire romain ? Le XXe siècle aura marqué à la fois l'apogée de sa puissance et le début sinon de son déclin, au moins de sa relativisation.

Son modèle de société, même moralement altéré par la puissance qu'y manifestent la recherche frénétique de la consommation et du divertissement, son idéal démocratique, son attachement à l'universalité des droits de l'Homme, s'impose peu à peu au monde, même là où d'autres idéologies semblent les rejeter.

Ce même Occident doit cependant apprendre à faire vivre ensemble, sur ses territoires même, des femmes et des hommes venus d'horizons géographiques, humains, religieux, culturels divers. Aujourd'hui, à Londres, à Amsterdam, à Paris, à Rome, à Berlin..., on voit des parts de plus en plus significatives de la population, issues de l'immigration, qui, tout en participant à la vie du pays dans lequel elles se trouvent, continuent de marquer un attachement persistant à beaucoup de leurs usages et de leurs convictions d'origine. La force du débat sur le « voile islamique », dans tant de pays européens, souligne le caractère parfois tendu de cette situation, tout comme les malentendus et les incompréhensions qu'elle recouvre.

L'Europe du début du troisième millénaire vit ainsi une révolution culturelle proche de celle du premier. J'ai, pour ma part, la certitude qu'il en sortira une  "donne"  nouvelle, où le meilleur du patrimoine intellectuel moral et politique de l'Europe, enrichi d'apports culturels exogènes, produira un autre  "nouveau monde". L'Europe fut au cours du premier millénaire un prodigieux laboratoire humain. Elle n'a, depuis, jamais cessé de l'être, de façon parfois passive et résignée, de manière souvent volontaire et enthousiaste. Notre civilisation est une civilisation inquiète, mélancolique pour reprendre la grande idée de Jean Clair, toujours tendue vers un ailleurs, toujours susceptible de tout « révoquer en doute » et, de ce fait, inventive et critique."

 

Propos combien humanistes et d'une lucidité positive de M. Jean-Jacques AILLAGON (ancien ministre de la culture), lors de l'exposition Rome et les Barbares, la naissance d'un nouveau monde, au Palazzo Grassi, à Venise (Italie), en 2008.

 

Parallèle entre l'Occident romain et l'Europe d'aujourd'hui qui incite à la réflexion et à la méditation sur les cheminements de l'Histoire.

En effet, c'est au cours du premier millénaire de l'ère chrétienne que s'est construit, pierre par pierre, cet édifice original de références et de valeurs qu'est aujourd'hui la civilisation européenne ; monument unique construit par le brassage des hommes, des femmes, des idées, des savoirs, des savoir-faire, à travers frictions et harmonie.

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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 17:09

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TRAFICS ILLICITES ET REGARD SOCIAL

 

                       Récemment (mars 2010), un journaliste d'un grand quotidien national a déclaré que "si les Noirs et les Arabes sont les plus contrôlés par la police, c'est parce que c'est parmi ces populations qu'on trouve le plus de trafiquants de drogues".

                                Ce fut le tollé !

                     Des propos aussi graves auraient dû, à mon sens, mériter une autre approche que de simples clameurs de protestations. Il aurait été préférable :

          - de demander à son auteur des preuves irréfutables de ce qu'il affirme.

          - si ces preuves n'étaient pas apportées, de mener à son encontre les poursuites qui s'imposent.

          - en revanche, si d'aventure ces preuves étaient fournies, de réfléchir aux causes profondes qui mènent à de tels faits : ces causes sont-elles liées à une question existentielle pour les "trafiquants" ? Pourquoi eux et non d'autres composantes de la société ?

           Et surtout, comment enrayer le phénomène à la source, résolument et radicalement, en extirpant ses racines et en soignant les auteurs de ces trafics ?

           Comment résoudre définitivement le mal (car ç'en est bien un, et des plus graves) pour la santé physique, psychique et morale des individus et de la société ?

           Le problème tel qu'il est abordé (par le tollé qui aboutit au silence), a toutes les chances de rester en l'état, voire d'empirer, pour le malheur de tous ... si on en fait un tabou.  Par définition, le tabou, c'est quelque chose que l'on cache, par mauvaise conscience, mauvaise foi ou par manque de courage.

            Or, en le cachant, il devient un poison corrosif qui ronge la société et les rapports sociaux.

            Ceci étant, il est toujours payant d'avoir une approche pédagogique, positive et humaine des phénomènes sociaux quels qu'ils soient, en ayant à l'esprit le souci de parvenir aux solutions les plus efficaces, les plus durables, qui ne passent pas nécessairement par la "guerre", mais avant tout par la réflexion préalable à toute action. Il s'agit d'avancer dans la bonne direction pour le bien de tous.

           On ne construit pas sur le silence ou la culture du tabou, pas plus que sur la seule force aveugle.

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