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14 janvier 2017 6 14 /01 /janvier /2017 09:47

BIENS MAL ACQUIS : UNE DÉMENCE PRÉDATRICE (2)

La culture de l’extravagance

 

Rodrigue NGuesso

Après Teodorin, fils du président de Guinée équatoriale, Rodrigue Nguesso,  40 ans,neveu du président du Congo Brazzaville.

L’un à Paris où s’étale sa fortune de luxe incongru, l’autre en Floride, à Miami Beach, au milieu de ses villas de luxe.

Mais, l’ultra-luxe, ici et là-bas, est la marque commune qui les rassemble.

Et ils ne sont pas les seuls.

Du bon temps en Floride

La culture de l’extravagance et de l’ostentation

      Faire voir et se faire voir

Être président, c’est avant tout être pourvoyeur naturel, à vie ,de manne pour les siens, les proches et le clan.

Tout, sauf le sens de l’État et le service du peuple.

 

Villas et voitures de luxe, dépenses somptuaires

     Comptes bancaires multiples à l’étranger, Europe et  Amérique notamment, sont les principaux marqueurs sociaux

En Floride, à Miami Beach, les villas du neveu, à 2 500 000 dollars.

 

 

(source des documents : www.congo-liberty.com)

 

L’Afrique est plus que jamais malade de ses dirigeants.

 

 

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8 janvier 2017 7 08 /01 /janvier /2017 08:58

BIENS MAL ACQUIS : COUPABLES ET COMPLICES (1)

Des chefs d’État africains prédateurs et leurs receleurs

 

 

L’ouverture à Paris du procès du fils du président de la Guinée équatoriale,  Teodorin( diminutif de Teodoro) Obiang 47 ans, c’est la partie émergée de l’iceberg. Chefs d’État et familles, amis et proches, ont une longue habitude de pillage des biens nationaux, cachés ou blanchis à l’étranger, ou ostensiblement étalés, au vu de tous.

Certains ne s’en cachent guère, convaincus qu’ils bénéficient, ou bénéficieront d’une impunité garantie, sinon d’une complicité certaine.

À peine ouvert le 2 janvier 2017, ce procès a été aussitôt reporté à juin 2017.

Que reproche-t-on à ce fils de président, ministre, et vice-président de son pays ?

De s’être frauduleusement enrichi par le pillage des ressources de son pays et de posséder en France un patrimoine considérable issu de ce pillage.

– un immeuble de luxe, situé avenue Foch à Paris, de 107 millions d’euro, mais plus généralement de l’ultra-luxe des plus ostentatoires : plusieurs voitures de luxe, : Porsche, Ferrari, Bugatti, voitures de course…

 

Un petit pays pauvre

La moitié de la population de ce petit pays d’Afrique centrale, généreusement doté par la nature, qui tire ses ressources des hydrocarbures, vit sous le seuil de pauvreté.

Malheureusement pour l’Afrique, Teodoro Obiang n’est pas un cas unique.

Ceux qui ont l'épiderme sensible dès qu'on évoque les carences de l'Afrique et qui rendent l'Occident responsable de tous les malheurs de ce continent lui rendraient un insigne service en réagissant face à la saignée financière qu'il subit, à son pillage systématique et continu, ainsi qu'à la spoliation des peuples par les Africains eux-mêmes comme par les étrangers. L'Afrique n'est pas pauvre, on l'appauvrit.

Il n'est nullement question d'absoudre les pays étrangers qui organisent le pillage de l'Afrique ou y participent. Mais crier unilatéralement et continuellement haro sur ces derniers masque les responsabilités internes et retarde d'autant la recherche des moyens de juguler l'hémorragie. L'enjeu essentiel, c'est investir en Afrique l'argent produit en Afrique, valoriser les richesses qui y sont également produites, afin d'assurer les conditions du développement.

 

Il est une pratique peu abordée, s'agissant de l'aide au développement, et dont l'examen permettrait cependant de constater que les ressources financières de l'Afrique aident plutôt paradoxalement à la prospérité économique des pays développés. Il s'agit des sommes colossales, massivement investies en Europe et aux États-Unis par des Africains, chefs d'État, responsables politiques de tous rangs ou personnalités privées – sommes acquises honnêtement ou non.

 

 

La fuite des capitaux

      Une maladie mortelle pour le continent

      Qui sont les responsables ?

À la mort du président du Nigeria, Sani Abacha, en 1998, et à la suite d'un accord passé entre les nouvelles autorités de ce pays et des banques européennes, afin que celles-ci restituent les sommes que le défunt président y avait déposées, les seules banques suisses ont restitué 535 millions de dollars. La fortune de l'ancien chef de l'État nigérian déposée dans les établissements financiers européens et américains est estimée à plus de trois milliards de dollars. La Suisse est régulièrement accusée d'abriter dans ses banques des fonds détournés par d'autres dirigeants africains, dont l'ancien président du Zaïre (actuel République démocratique du Congo), Mobutu.

Au palmarès des biens mal acquis et mis en lieu sûr par des responsables politiques, l'Afrique occupe un rang des plus « honorables ». "La fortune de Mobutu Sese Seko s'élevait à sa mort à plus de 8 millions de dollars. En 2006, la dette de l'ex-Zaïre, son pays, à 15 millions de dollars."(Jean Ziegler)

Comment, dans ces conditions, accorder crédit aux discours sur le développement de leur pays par des responsables africains qui organisent eux-mêmes la fuite des capitaux destinés à enrichir les pays riches ? Et comment demander aux bailleurs de venir, avec enthousiasme, prêter des fonds ou annuler la dette de pays dont les dirigeants disposent à l'étranger des fortunes parmi les plus importantes au monde ? Sommes issues pour l'essentiel de la fraude, des détournements de l'aide publique, du pillage des ressources naturelles...

La première aide qu'on puisse apporter à l'Afrique, c'est d'arrêter son pillage, par ses ressortissants d'abord, et par ceux de l'extérieur ensuite ;

[car], même approximatif, tant l'opacité est la règle, les chiffres de la Banque mondiale sont éloquents : les flux annuels de capitaux illicites avoisineraient les 1 500 milliards de dollars. La moitié fuirait les pays du Sud, soit plus de dix fois l'aide reçue des pays riches.

Pour l'expert américain Raymond Baker, « cette fuite est due pour 30 % aux détournements et à la corruption, pour 30 à 35 % à la criminalité organisée (trafic d'armes, de drogue, etc.) ; et la fraude fiscale représente les 2/3 restant. »

En cause, les firmes multinationales, notamment, qui s'arrangent pour transférer leurs profits dans leurs filiales offshores... Plus l'administration est faible, plus la facture est lourde. Le Ghana voit ainsi s'envoler 50% de son budget. Résultat : des services publics au rabais, une dépendance accrue envers l'aide internationale et un report de la charge fiscale sur les plus pauvres. (Revue Faim et Développement, décembre 2008)

 

 

Quel salut ? Quel sauveur ? Quel justicier ?

Les populations africaines sont démunies face à cette hémorragie de leurs deniers et de leurs ressources. La lutte contre la corruption et les biens mal acquis « au Sud, passe également par le Nord ». Cette évidence, ainsi que la nécessité d'une telle lutte sont comprises par le Comité catholique contre la faim (CCFD) qui interpelle les autorités françaises au moyen d'une campagne régulière, dont l'essentiel est résumé dans deux rapports d'enquête publiés en 2007 et 2009.

Le constat est le même : l'ampleur du pillage et l'importance des sommes investies à l'étranger d'une part, l'impunité, voire la complicité garantie par les pays du Nord (la France en particulier) bénéficiaires et receleurs de ces biens mal acquis d'autre part, constituent une des explications du retard du continent africain et de la pauvreté de ses populations. Le quotidien français La Croix prône ce combat, tout en révélant les mécanismes de cette fraude et de cette corruption assistées.

Il est clair que le combat doit être mené aussi de ce côté du monde. D'abord parce que cet argent noir, pour une large part, est placé dans nos banques, sur nos marchés immobiliers sans que l'on trouve à y redire. Ensuite du fait de l'origine de cet argent : il vient souvent du Nord, soit sous forme d'aides internationales, soit par l'achat de matières premières dont nos économies ont besoin.

Enfin, parce que la corruption du Sud a souvent partie liée avec celle du Nord. Il y a ainsi cette pratique dite des « rétro-commissions », où les sommes versées à des intermédiaires qui facilitent les affaires retournent en partie vers nos contrées pour des usages que la morale réprouve.

Pour ce quotidien, l'argument selon lequel la corruption n'est pas l'apanage des seuls dirigeants africains n'est pas recevable. Alors que, dans certaines régions du monde, l'Asie en particulier, on a vu que la corruption n'empêche pas le développement, en Afrique, au contraire, cette corruption enfonce des pays potentiellement riches dans la misère – la mort d'Omar Bongo, récemment, met en lumière le cas du Gabon – aucune complaisance, aucune complicité ne sont permises. (La Croix, 24 juin 2009)

 

 

L’Europe et la France jouent-elles le jeu ?

Cette analyse et cette prescription seront-elles entendues par les complices de l'intérieur et ceux de l'extérieur ? Il y va de l'avenir des États et des populations d'Afrique.

L'enquête du Comité catholique met en lumière les pratiques, mais aussi les régimes et les individus. L'Afrique s'y illustre par le nombre de ses responsables pilleurs de biens publics, de même que par l'ampleur des méfaits ainsi que par la durée des détournements.

Selon les enquêteurs Alain Dulin et Jean Merckaert, ces biens frauduleusement soustraits à leur pays sont investis en Europe ou aux Etats-Unis. En France, notamment, la partie visible de l'iceberg exhibe de précieux hôtels particuliers à Paris, voitures de luxe, jets privés...(La Croix)

Les multinationales, les banques et les paradis fiscaux installés pour la plupart dans les pays riches jouent un rôle central dans l'organisation du système des biens mal acquis. Aucune action ne semble avoir été entreprise à l’encontre des banques françaises dont il est pourtant démontré que leurs succursales à Londres et en Suisse détenaient des comptes du général nigérian Abacha, mentionne le rapport du CCFD.

Le même rapport relève que seuls 1 à 4 % des avoirs détournés ont été restitués aux pays volés (par leurs dirigeants). Rien n'indique que la restitution intégrale des biens détournés soit effective dans un avenir proche. Les voix qui s'élèvent, les réclamations exprimées en faveur de la saisie de tels biens se sont jusque-là heurtées à un mur de silence, et sont vite étouffées par la justice. Tel est le cas en France où, depuis deux ans, le ministère de la Justice tente aussi d'empêcher un procès sur les biens mal acquis qui mettent en cause (les présidents) Denis Sassou Nguesso du Congo, Theodoro Obiang de Guinée équatoriale et le défunt Omar Bongo du Gabon.

A ce jour, la Suisse est le seul pays qui semble prêter l'oreille aux appels des associations et nationaux africains à restituer aux Etats concernés les sommes détournées par leurs dirigeants, dans l'espoir qu'elles soient investies à des fins de développement et de changement de régime dans les pays spoliés.

En matière de restitution de biens frauduleusement acquis, l'attitude de la France ne manque pas d'ambiguïté. Premier pays au monde à plaider dans les forums mondiaux pour un accroissement de l'aide à l'Afrique (tout particulièrement sous la présidence de Jacques Chirac) et de la lutte contre le blanchiment de l'argent sale, la France est la dernière lorsqu'il s'agit de saisir, confisquer ou restituer les biens volés aux populations africaines par leurs responsables. Or la restitution de ces biens, assortie de conditions rigoureusement définies de leur investissement dans des actions de développement, constituerait aussi un moyen pour l'Afrique d'assurer le financement sur fonds propres de son développement, en dehors de l'aide internationale classique. Ce qui dispenserait de tous ces forums mondiaux consacrés à l'aide à l'Afrique et à la dette africaine à l'égard des pays riches, organisés à grands frais.

D'une manière plus générale, les transferts de fonds du Sud vers le Nord pourraient également inspirer une réflexion sur le meilleur moyen d'aider l'Afrique.

(Source : Tidiane Diakité, 50 ans après, l’Afrique, Arléa)

 

 

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4 janvier 2017 3 04 /01 /janvier /2017 10:16

VISITEURS DU BLOG

À TOUTES ET À TOUS

 

BONNE ET HEUREUSE ANNÉE 2017

NB : Un nouvel article toutes les fins de semaine pour

Communiquer

Échanger

Vos réflexions et/ou commentaires  sont les bienvenus

Il y a tant à apprendre les uns des autres !

                                                                                   T.D.

 

 

 

 

Et en cadeau les superbes vœux de Jacques Brel

 

 

 

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1 janvier 2017 7 01 /01 /janvier /2017 08:23

CONDORCET, PIONNIER DE LA LUTTE POUR LES DROITS DES FEMMES

 

Hommes, femmes, pour l’égalité des droits naturels, civiques et civils

Condorcet (Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de) 1743-1794.

Condorcet, mathématicien, économiste, philosophe et homme politique français. Il entre en campagne pour l’égalité des sexes et pour tous les droits aux femmes, campagne qu’il mène sans répit jusqu’à la fin de ses jours.

Pour lui, le moyen le plus sûr pour garantir cette égalité, c’est d’assurer à tous les enfants, sans distinction de sexe, l'instruction et une éducation publique de qualité. Ses premiers écrits de militant des droits des femmes sont publiés en 1787. (Deux ans avant le début de la Révolution).

Condorcet est convaincu (il le souligne dans ses écrits), qu’une société où cette égalité n’est pas assurée est une société bancale, qui se prive à terme de progrès et se condamne à la médiocrité.

Il élabora un plan grandiose de l’organisation de l’instruction publique ainsi qu’un projet de Constitution qui ne furent pas retenus.

 

L'habitude peut familiariser les hommes avec la violation de leurs droits naturels, au point que, parmi ceux qui les ont perdus, personne ne songe à les réclamer, ne croie avoir éprouvé une injustice.

Il est même quelques-unes de ces violations qui ont échappé aux philosophes et aux législateurs lorsqu'ils s'occupaient avec le plus de zèle d'établir les droits communs des individus de l'espèce humaine, et d'en faire le fondement unique des institutions politiques.

Par exemple, tous n'ont-ils pas violé le principe de l'égalité des droits en privant tranquillement la moitié du genre humain de celui de concourir à la formation des lois, en excluant les femmes du droit de cité ? Est-il une plus forte preuve du pouvoir de l'habitude, même sur les hommes éclairés, que de voir invoquer le principe de l'égalité des droits en faveur de trois ou quatre cents hommes qu'un préjugé absurde en avait privés, et l'oublier à l'égard de douze millions de femmes ? [...]

 

Pourquoi les hommes plus que les femmes ?

Il serait difficile de prouver que les femmes sont incapables d'exercer les droits de cité. Pourquoi des êtres exposés à des grossesses et à des indispositions passagères ne pourraient-ils exercer des droits dont on n'a jamais imaginé de priver les gens qui ont la goutte tous les hivers et qui s'enrhument aisément ? En admettant dans les hommes une supériorité d'esprit qui ne soit pas la suite nécessaire de la différence d'éducation (ce qui n'est rien moins que prouvé, et ce qui devrait l'être, pour pouvoir, sans injustice, priver les femmes d'un droit naturel), cette supériorité ne peut consister qu'en deux points. On dit qu'aucune femme n'a fait de découverte importante dans les sciences, n'a donné de preuves de génie dans les arts, dans les lettres, etc. ; mais sans doute on ne prétendra point n'accorder le droit de cité qu'aux seuls hommes de génie. On ajoute qu'aucune femme n'a la même étendue de connaissances, la même force de raison que certains hommes ; mais qu'en résulte-t-il, qu'excepté une classe peu nombreuse d'hommes très éclairés, l'égalité est entière entre les femmes et le reste des hommes ; que cette petite classe mise à part, l'infériorité et la supériorité se partagent également entre les deux sexes. Or, puisqu'il serait complètement absurde de borner à cette classe supérieure le droit de cité, et la capacité d'être chargé de fonctions publiques, pourquoi en exclurait-on les femmes plutôt que ceux des hommes qui sont inférieurs à un grand nombre de femmes ? [...]

 

Des droits aux seuls lettrés et savants ?

Les femmes sont supérieures aux hommes dans les vertus douces et domestiques ; elles savent, comme les hommes, aimer la liberté, quoiqu'elles n'en partagent point tous les avantages ; et, dans les républiques, on les a vues souvent se sacrifier pour elle : elles ont montré les vertus de citoyen toutes les fois que le hasard ou les troubles civils les ont amenées sur une scène dont l'orgueil et la tyrannie des hommes les ont écartées chez tous les peuples.

On a dit que les femmes, malgré beaucoup d'esprit, de sagacité, et la faculté de raisonner portée au même degré que chez de subtils dialecticiens, n'étaient jamais conduites par ce qu'on appelle la raison.

Cette observation est fausse : elles ne sont pas conduites, il est vrai, par la raison des hommes, mais elles le sont par la leur. [...]

On a dit que les femmes, quoique meilleures que les hommes, plus douces, plus sensibles, moins sujettes aux vices qui tiennent à l'égoïsme et à la dureté du cœur, n'avaient pas proprement le sentiment de la justice ; qu'elles obéissaient plutôt à leur sentiment qu'à leur conscience. Cette observation est plus vraie, mais elle ne prouve rien : ce n'est pas la nature, c'est l'éducation, c'est l'existence sociale qui causent cette différence. Ni l'une ni l'autre n'ont accoutumé les femmes à l'idée de ce qui est juste, mais à celle de ce qui est honnête. Éloignées des affaires, de tout ce qui se décide d'après la justice rigoureuse, d'après des lois positives, les choses dont elles s'occupent, sur lesquelles elles agissent, sont précisément celles qui se règlent par l'honnêteté naturelle et par le sentiment. Il est donc injuste d'alléguer, pour continuer de refuser aux femmes la jouissance de leurs droits naturels, des motifs qui n'ont une sorte de réalité que parce qu'elles ne jouissent pas de ces droits.

Si on admettait contre les femmes des raisons semblables, il faudrait aussi priver du droit de cité la partie du peuple qui, vouée à des travaux sans relâche, ne peut ni acquérir des lumières ni exercer sa raison, et bientôt, de proche en proche, on ne permettrait d'être citoyens qu'aux hommes qui ont fait un cours de droit public Si on admet de tels principes, il faut, par une conséquence nécessaire, renoncer à toute constitution libre.

Condorcet, Sur l’admission des femmes au droit de cité, 3 juillet 1790.

 

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17 décembre 2016 6 17 /12 /décembre /2016 09:21

 

VOLTAIRE : L’ORIGINE DE L’ESCLAVAGE DES HOMMES

 

 

L’esclavage, différence essentielle entre l’animal et l’homme

 

François Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778)

Écrivain français, un des célèbres philosophes des Lumières (XVIIIe siècle).

Célèbre pour ses campagnes et ses luttes incessantes contre l’arbitraire, en faveur des victimes d’erreurs judiciaires et pour la liberté d’expression

 

Égalité

Que doit un chien à un chien, et un cheval à un cheval ? Rien, aucun animal ne dépend de son semblable ; mais, l'homme ayant reçu le rayon de la Divinité qu'on appelle raison, quel en est le fruit ? C'est d'être esclave dans presque toute la terre. Si cette terre était ce qu'elle semble devoir être, c'est-à-dire si l'homme y trouvait partout une subsistance facile et assurée, et un climat convenable à sa nature, il est clair qu'il eût été impossible à un homme d'en asservir un autre. Que ce globe soit couvert de fruits salutaires ; que l'air qui doit contribuer à notre vie ne nous donne point les maladies et la mort ; que l'homme n'ait besoin d'autre logis et d'autre lit que celui des daims et des chevreuils : alors les Gengis-Khan et les Tamerlan n'auront de valets que leurs enfants, qui seront assez honnêtes gens pour les aider dans leur vieillesse.

Dans cet état si naturel dont jouissent tous les quadrupèdes, les oiseaux et les reptiles, l'homme serait aussi heureux qu'eux, la domination serait alors une chimère, une absurdité à laquelle personne ne penserait ; car pourquoi chercher des serviteurs quand vous n'avez besoin d'aucun service ?

S'il passait par l'esprit à quelque individu à tête tyrannique et à bras nerveux d'asservir son voisin moins fort que lui, la chose serait impossible : l'opprimé serait à cent lieues avant que l'oppresseur eût pris ses mesures.

 

Le besoin crée la domination de l’homme pour l’homme

Tous les hommes seraient donc nécessairement égaux s'ils étaient sans besoins. La misère attachée à notre espèce subordonne un homme à un autre homme ; ce n'est pas l'inégalité qui est un malheur réel, c'est la dépendance. Il importe fort peu que tel homme s'appelle Sa Hautesse, tel autre Sa Sainteté ; mais il est dur de servir l'un ou l'autre.

Une famille nombreuse a cultivé un bon terroir ; deux petites familles voisines ont des champs ingrats et rebelles : il faut que les deux pauvres familles servent la famille opulente, ou qu'elles l'égorgent, cela va sans difficulté. Une des deux familles indigentes va offrir ses bras à la riche pour avoir du pain ; l'autre va l'attaquer et est battue. La famille servante est l'origine des domestiques et des manœuvres ; la famille battue est l'origine des esclaves.

Il est impossible, dans notre malheureux globe, que les hommes vivant en société ne soient pas divisés en deux classes, l'une de riches qui commandent, l'autre de pauvres qui servent ; et ces deux se subdivisent en mille, et ces mille ont encore des nuances différentes.

Tous les pauvres ne sont pas absolument malheureux. La plupart sont nés dans cet état, et le travail continuel les empêche de trop sentir leur situation ; mais, quand ils la sentent, alors on voit des guerres, comme celle du parti populaire contre le parti du Sénat à Rome ; celle des paysans en Allemagne, en Angleterre, en France. Toutes ces guerres finissent tôt ou tard par l'asservissement du peuple, parce que les puissants ont l'argent, et que l'argent est maître de tout dans un État : je dis dans un État, car il n'en est pas de même de nation à nation. La nation qui se servira le mieux du fer subjuguera toujours celle qui aura plus d'or et moins de courage.

L’égalité et la solidarité, un idéal pour une société idéale

Tout homme naît avec un penchant assez violent pour la domination, la richesse et les plaisirs, et avec beaucoup de goût pour la paresse : par conséquent tout homme voudrait avoir l'argent, et les femmes ou les filles des autres, être leur maître, les assujettir à tous ses caprices, et ne rien faire, ou du moins ne faire que des choses très agréables. Vous voyez bien qu'avec ces belles dispositions il est aussi impossible que les hommes soient égaux qu'il est impossible que deux prédicateurs ou deux professeurs de théologie ne soient pas jaloux l'un l'autre. Le genre humain, tel qu'il est, ne peut subsister, à moins qu'il n'y ait une infinité d'hommes utiles qui ne possèdent rien du tout ; car, certainement, un homme ne quittera pas sa terre pour venir labourer la vôtre ; et, si vous avez besoin d'une paire de souliers, ce ne sera pas un maître des requêtes qui vous la fera. L'égalité est donc à la fois la chose la plus naturelle et en même temps la plus chimérique.

Comme les hommes sont excessifs en tout quand ils le peuvent, on a outré cette inégalité ; on a prétendu dans plusieurs pays qu'il n'était pas permis à un citoyen de sortir de la contrée où le hasard l'a fait naître ; le sens de cette loi est visiblement : « Ce pays est si mauvais et si mal gouverné que nous défendons à chaque individu d'en sortir, de peur que tout le monde n'en sorte ». Faites mieux : donnez à tous vos sujets envie de demeurer chez vous, et aux étrangers d'y venir.

Chaque homme, dans le fond de son cœur, a droit de se croire entièrement égal aux autres hommes ; il ne s'ensuit pas de là que le cuisinier d'un cardinal doive ordonner à son maître de lui faire à dîner ; mais le cuisinier peut dire : « Je suis homme comme mon maître, je suis né comme lui en pleurant ; il mourra comme moi dans les mêmes angoisses et les mêmes cérémonies. Nous faisons tous deux les mêmes fonctions animales. Si les Turcs s'emparent de Rome, et si alors je suis cardinal et mon maître cuisinier, je le prendrai à mon service. » Tout ce discours est raisonnable et juste ; mais, en attendant que le Grand Turc s'empare de Rome, le cuisinier doit faire son devoir, ou toute société humaine est pervertie. À l'égard d'un homme qui n'est ni cuisinier d'un cardinal ni revêtu d'aucune autre charge dans l'État ; à l'égard d'un particulier qui ne tient à rien, mais qui est fâché d'être reçu partout avec l'air de la protection ou du mépris, qui voit évidemment que plusieurs « monsignori » n'ont ni plus de science, ni plus d'esprit, ni plus de vertu que lui, et qui s'ennuie d'être quelquefois dans leur antichambre, quel parti doit-il prendre ? Celui de s'en aller.

Voltaire « Égalité », dictionnaire philosophique

 

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10 décembre 2016 6 10 /12 /décembre /2016 10:14

PETITE LEÇON DE DÉMOCRATIE EN AFRIQUE

 

Gambie,le poids du bulletin de vote dans l’urne : arracher un tyran de son piédestal

Yahya Jammeh

Un président à vie

          Président de droit divin, déchu !

 

Cet événement, l’éviction par les urnes d’un autocrate au pouvoir depuis 22 ans, est porteur de leçons et d’espoir pour l’Afrique.

la première leçon : les peuples d’Afrique, dans leur ensemble, aspirent à la démocratie, la vraie, non une caricature.

la deuxième leçon : la dictature exercée par des autocrates qui s’approprient le pouvoir et le pays, et réduisent leur peuple en esclavage est une triste réalité sur ce continent.

la troisième leçon enfin : il n’y a pas de fatalité à la perpétuation des régimes dictatoriaux en Afrique.

 

Démocratie = peuple souverain

          La volonté du peuple prime

Se prendre en main ! Oser !

Le tyran gambien qui aimait à proclamer que son pouvoir vient de Dieu :

« Allah m’a élu ; seul Allah peut me retirer le pouvoir », aura compris à ses dépens, que le pouvoir d’un président vient du peuple souverain. Puisse cet échec le lui enseigner, enfin.

Cet exemple gambien apporte la démonstration qu’aucun dictateur ne peut résister indéfiniment au peuple rassemblé, uni, déterminé.

Si la volonté populaire l’a emporté en Gambie, c’est que tous les opposants se sont rassemblés autour d’un seul candidat pour affronter le tyran dans les urnes. Et le verdict fut sans appel : l’affirmation de la volonté populaire.

Puisse ce cas servir d’exemple en Afrique.

Comment ce président rompu à la prise en otage de la démocratie et de son peuple, s’est-il ainsi laissé prendre dans le filet de la démocratie ?

Il était pourtant bien rodé au verrouillage systématique des élections, de manière à en être toujours le vainqueur (comme bien d'autres chefs d'État du continent). Il avait tellement pris goût à l’automaticité de sa réélection qu’il ne s’en est pas donné la peine cette fois, la chose allant de soi.

Première mesure significative décidée par le nouveau pouvoir : la réintégration de la Gambie au sein de la Cour Pénale internationale (CPI) que l’ancien président venait de décider de quitter sans consulter le peuple : acte d'autocratie.

Autre mesure tout aussi significative : la fin de la dénomination de « République islamique de Gambie », également décrétée par la seule volonté du président, lequel s’était juré par ailleurs, d’exterminer tous les « droits de l’hommistes »de son pays, ainsi que tous les défenseurs des droits de l’homme qui oseraient s’y aventurer.

La victoire de la Démocratie?

La victoire des urnes contre un président autocrate, certes.

La victoire de la Démocratie ne peut advenir qu’au terme d’un long et patient travail d’« ensemencement » de la démocratie dans les esprits,  les mœurs , afin d’instaurer une culture véritablement démocratique. Ce n’est sans doute pas le plus facile. Mais il ne saurait y avoir de démocratie sans culture démocratique, laquelle s’exprime dans les propos, les gestes et les attitudes du quotidien.

La démocratie ne se réduit pas à un vote. La démocratie est un état d’esprit, une façon d’être et de penser par rapport aux autres et à soi, elle implique respect, sens de l’autre, tolérance. Elle est  désormais à la portée de tous les peuples d’Afrique.

Osez !

 

 

 

Voir les articles du blog :

 

12 septembre 2012 : la Gambie, une république ?

 

09 janvier 2016 : traditions, cultures et religion : remise en cause ou nouvelle vision ? quel présage pour demain ? ②

 

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4 décembre 2016 7 04 /12 /décembre /2016 08:32

ÉDUCATION, LIBERTÉ, DROIT ET DÉMOCRATIE

 

L’éducation fait l’homme

 

Jules Ferry (1832-1893)

Avocat et homme politique français. Député, maire de Paris, plusieurs fois ministre. Président du Conseil, puis ministre de l’instruction publique. Il fit voter les lois relatives à la liberté de réunion, de la presse des syndicats et attacha son nom à la législation scolaire : l’école obligatoire, gratuite et laïque.

 

 

L’inégalité devant l’éducation, la première des inégalités

Le siècle dernier et le commencement de celui-ci ont anéanti les privilèges de la propriété, les privilèges et la distinction des classes ; l'œuvre de notre temps n'est pas assurément plus difficile. À coup sûr, elle nécessitera de moindres orages, elle exigera de moins douloureux sacrifices ; c'est une œuvre pacifique, c'est une œuvre généreuse, et je la définis ainsi ; faire disparaître la dernière, la plus redoutable des inégalités qui viennent de la naissance, l'inégalité d'éducation. C'est le problème du siècle et nous devons nous y rattacher. Et quant à moi, lorsqu'il m'échut ce suprême honneur de représenter une portion de la population parisienne dans la Chambre des députés, je me suis fait un serment : entre toutes les nécessités du temps présent, entre tous les problèmes, j'en choisirai un auquel je consacrerai tout ce que j'ai d'intelligence, tout ce que j'ai d'âme, de cœur, de puissance physique et morale, c'est le problème de l'éducation du peuple.

L'inégalité d'éducation est, en effet, un des résultats les plus criants et les plus fâcheux, au point de vue social, du hasard de la naissance. Avec l'inégalité d'éducation, je vous défie d'avoir jamais l'égalité des droits, non l'égalité théorique, mais l'égalité réelle, et l'égalité des droits est pourtant le fond même et l'essence de la démocratie.

 

L’alternance entre riches et pauvres, symbole de démocratie

Faisons une hypothèse et prenons la situation dans un de ses termes extrêmes ; supposons que celui qui naît pauvre naisse nécessairement et fatalement ignorant ; je sais bien que c'est là une hypothèse, et que l'instinct humanitaire et les institutions sociales, même celles du passé, ont toujours empêché cette extrémité de se produire ; il y a toujours eu dans tous les temps, - il faut le dire à l'honneur de l'humanité - il y a toujours eu quelques moyens d'enseignement plus ou moins organisés, pour celui qui était né pauvre, sans ressources, sans capital. Mais, puisque nous sommes dans la philosophie de la question, nous pouvons supposer un état de choses où la fatalité de l'ignorance s'ajouterait nécessairement à la fatalité de la pauvreté, et telle serait, en effet, la conséquence logique, inévitable d'une situation dans laquelle la science serait le privilège exclusif de la fortune. Or, savez-vous, messieurs, comment s'appelle, dans l'histoire de l'humanité, cette situation extrême ? C'est le régime des castes. Le régime des castes faisait de la science l'apanage exclusif de certaines classes. Et si la société moderne n'avisait pas à séparer l'éducation, la science, de la fortune, c'est-à-dire du hasard de la naissance, elle retournerait tout simplement au régime des castes.

 

 

L’inégalité d’éducation, obstacle à la démocratie et au progrès social

À un autre point de vue, l'inégalité d'éducation est le plus grand obstacle que puisse rencontrer la création de mœurs vraiment démocratiques. Cette création s'opère sous nos yeux ; c'est déjà l'œuvre d'aujourd'hui, ce sera surtout l'œuvre de demain ; elle consiste essentiellement à remplacer les relations d'inférieur à supérieur sur lesquelles le monde a vécu pendant tant de siècles, par des rapports d'égalité.

Les sociétés anciennes admettaient que l'humanité fût divisée en deux classes : ceux qui commandent et ceux qui obéissent ; tandis que la notion de commandement et de l'obéissance qui convient à une société démocratique comme la nôtre, est celle-ci : Il y a toujours, sans doute, des hommes qui commandent, d'autres hommes qui obéissent, mais le commandement et l'obéissance sont alternatifs, et c’est chacun à son tour de commander et d'obéir.

Voilà la grande distinction entre les sociétés démocratiques et celles qui ne le sont pas. Ce que j'appelle le commandement démocratique ne consiste donc plus dans la distinction de l'inférieur et du supérieur ; il n'y a ni inférieur ni supérieur ; il y a deux hommes égaux qui contractent ensemble, et alors dans le maître et dans le serviteur, vous n'apercevrez plus que deux contractants ayant chacun leurs droits précis, limités et prévus ; chacun leurs devoirs, et, par conséquent, chacun leur dignité.

Voilà ce que doit être un jour la société moderne ; mais - et c'est ainsi que je reviens à mon sujet -, pour que ces mœurs égales dont nous apercevons l'aurore, s'établissent, pour que la réforme démocratique se propage dans le monde, quelle est la première condition ? C'est qu'une certaine éducation soit donnée à celui qu'on appelait autrefois un inférieur, à celui qu'on appelle encore un ouvrier, de façon à lui inspirer ou à lui rendre le sentiment de sa dignité ; et, puisque c'est un contrat qui règle les positions respectives, il faut au moins qu'il puisse être compris des deux parties.

Enfin, dans une société qui s'est donné pour tâche de fonder la liberté, il y a une grande nécessité de supprimer les distinctions de classes. Je vous le demande, de bonne foi, à vous tous qui êtes ici et qui avez reçu des degrés d'éducation divers, je vous demande si, en réalité, dans la société actuelle il n'y a plus de distinction de classes ? Je dis qu'il en existe encore ; il y en a une qui est fondamentale, et d'autant plus difficile à déraciner que c'est la distinction entre ceux qui ont reçu l'éducation et ceux qui ne l'ont point reçue. Or, messieurs, je vous défie de faire jamais de ces deux classes une nation égalitaire, une nation animée de cet esprit d'ensemble et de cette confraternité d'idées qui font la force des vraies démocraties, si, entre ces deux classes, il n'y a pas eu le premier rapprochement, la première fusion qui résulte du mélange des riches et des pauvres sur les bancs de quelque école.

Condorcet

Condorcet, inspirateur de l’éducation républicaine

D'une nouvelle direction de la pensée humaine, un nouveau système d'éducation devait sortir. Ce système se développa, se précisa avec le temps, et un jour il trouva son prophète, son apôtre, son maître dans la personne d'un des plus grands philosophes dont le dix-huitième siècle et l'humanité puissent s'honorer, dans un homme qui a ajouté à une conviction philosophique, à une valeur intellectuelle incomparable, une conviction républicaine, poussée jusqu'au martyre ; je veux parler de Condorcet. C'est Condorcet qui, le premier, a formulé, avec une grande précision de théorie et de détails, le système d'éducation qui convient à la société moderne.

J'avoue que je suis resté confondu quand, cherchant à vous apporter ici autre chose que mes propres pensées, j'ai rencontré dans Condorcet ce plan magnifique et trop peu connu d'éducation républicaine. Je vais tâcher de vous en décrire les traits principaux : c'est bien, à mon avis, le système d'éducation normal, logique, nécessaire, celui autour duquel nous tournerons peut-être longtemps encore, et que nous finirons, un jour ou l'autre, par nous approprier.

Jules Ferry, Conférence donnée à la salle Molière à Paris, le 10 avril 1870. Thème : « de l’égalité d’éducation ».

 

 

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26 novembre 2016 6 26 /11 /novembre /2016 10:54

L’AFRIQUE, 56 ANS D’INDÉPENDANCE.

OÙ EN EST-ON ?

 

Une marche poussive.

Un pas en avant, deux pas en arrière

 

Qu’a-t-on fait de l’indépendance ?

Comment juger le parcours accompli depuis les années 1960 ?

3 postes privilégiés d’observation :

les promesses de l’indépendance.

la réalité de l’indépendance.

l’actualité.

 

On peut juger le parcours par rapport à l’ambition et la volonté proclamées par les premiers leaders africains depuis pratiquement la fin de la Deuxième Guerre mondiale, tout particulièrement dans les années 1950. Quels étaient les motivations à l’origine de leur action et de la réclamation d’indépendance, motivations martelées au cours de colloques et de débats nombreux de 1950 à 1960.

Liberté-égalité, justice, démocratie, progrès social et économique

Seule l’indépendance, c’est-à-dire la rupture avec le colonisateur et l’émancipation totale, pouvait permettre d’atteindre ces objectifs,proclamaient-ils à juste titre.

On y croyait. Ce fut un grand moment d’espérance, une euphorie dans le cercle des leaders, euphorie communicative : enfin la liberté ! Enfin la démocratie !

Qu’en est-il de ces nobles idéaux 56 ans après ?

La démocratie ! Comment se porte-t-elle aujourd’hui en Afrique ?

Malgré quelques fragiles lueurs çà et là, la démocratie a toutes les peines du monde à s’enraciner sur le continent. Poussés par les Occidentaux et les bailleurs de fonds, qui, à partir de 1990, à la suite du président Mitterrand (discours de la Baule), ont décidé de conditionner désormais leur aide à l’Afrique, à l’instauration de la démocratie dans les États, notamment le multipartisme, la liberté de la presse et l’organisation d’élections libres et régulières, les dirigeants africains ont décidé d’obtempérer.

Oui - ont-ils dit  en substance– il y aura désormais plusieurs partis politiques dans le pays, de même que des élections libres et régulières… mais c’est nous qui gagnerons toujours.

Actuellement, l’Afrique offre plutôt le spectacle singulier d’un retour en arrière en fait de démocratie. Bien entendu, il y a aujourd’hui, moins de coups d’État que dans les années 1970-1990, à l’ère du parti unique.

De nos jours, les coups d’État ne font plus recette, et pour cause.Ils font trop de bruit.

bruit des armes.

bruit des victimes.

bruit des médias internationaux.

bruit des gouvernements occidentaux.

bruit de la communauté internationale et des bailleurs de fonds…

 

Il existe aujourd’hui, partout en Afrique, des partis politiques, parfois à l’excès. Et, les dénominations de ces partis comportent inéluctablement le vocable démocratie : parti démocratique gabonais, sénégalais, nigérien, congolais… Bref, tout saut la démocratie.

Plus on parle de démocratie, moins on voit la démocratie.

Des élections sont organisées partout, mais c’est celui qui détient le pouvoir qui est toujours élu, quoi qu’on fasse.

L’astuce, c’est la manipulation à tous les niveaux :

manipulation de la Constitution pour se maintenir au pouvoir.

manipulation des listes électorales.

manipulation des bulletins de vote.

manipulation lors du dépouillement enfin !

Au final, le président candidat est le président élu dé-mo-cra-ti-que-ment. C’est l’État de droit ! On n’y peut rien !

Qui ose contester une élection démocratiquement menée ? Ni l’opposition, ni la communauté internationale .

 

Les deux critères principaux de la mesure du niveau d’émancipation et de souveraineté d’un État, sont sa capacité à nourrir correctement sa population et  celle d'assurer sa sécurité et sa défense.

 

Déficit alimentaire, malnutrition et carences

Les rapports sur l’état alimentaire de l’Afrique se succèdent depuis la décennie 1970 à nos jours, et se ressemblent à cet égard : l’Afrique subsaharienne est la région où le pourcentage de sous-alimentés et de malnutris est le plus élevé au monde. Ainsi les rapports de la FAO de 2000, 2006 à nos jours, attestent cette réalité et prédisent une aggravation en rapport avec l’évolution démographique.

Tous les rapports, émanant de sources diverses : FAO, UNICEF, FMI… expriment la même réalité : la stagnation, voire parfois la régression de l’Afrique, soulignées par le palmarès mondial du développement.

Le dernier rapport de la Banque mondiale, qui date de début octobre 2016, ne fait pas exception, à la règle. On y relève ces affirmations :

« Dans le monde, 767 millions d’hommes, de femmes et d’enfants, soit un peu plus de 10% des êtres humains, ne disposent –en parité de pouvoir d’achat- que de 1,90 dollar par jour au maximum, juste de quoi ne pas mourir de faim.

Ce chiffre et ce pourcentage ont beaucoup baissé en 20 ans (entre 1993 et 2013) car ces démunis étaient près de 2 milliards en 1993, soit le tiers de l’humanité.

En Inde et en Chine, respectivement plus de 200 millions et plus de 300 millions de personnes sont sorties de la pauvreté au cours de la dernière décennie, seule l’Afrique subsaharienne,reste le continent de la pauvreté qui y est plus répandue que partout ailleurs. »

Puis « Contrairement à l’Asie et à l’Amérique latine, elle a peu réduit le nombre de ses pauvres : plus de la moitié des quelque 800 millions d’êtres humains très pauvres sont africains, alors que l’Afrique ne rassemble aujourd’hui que 15% de la population mondiale… »

 

Manifestement, les ambitions, les rêves et les espoirs suscités par l’accession à l’indépendance, il y a 56 ans, ne se sont pas encore concrétisés.

 

Et la sécurité de la population ?

       La défense nationale sous-traitée.

Déficit alimentaire.

Déficit d'éducation et de formation

Déficit de liberté et de démocratie.

Déficit de sécurité…

Septembre 2016. En Méditerranée

 

Pourquoi fuient-ils? Que fuient-ils : le bon chiffre du taux de croissance dans leurs pays ?( parfois à deux chiffres!)

Que faire, comment faire,pour leur donner le goût et l’envie de vivre chez eux ?

Et les milliers disparus  à jamais dans les profondeurs des mers ?

Et les milliers ensevelis sous le sable brûlant du désert ?

 

 

Le château d’eau guinéen vit au  compte-gouttes

On surnomme la Guinée le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest car beaucoup de fleuves (le Niger, le Sénégal, le Gambie) viennent y prendre leur source. Paradoxalement, l’eau courante y est très limitée. Tout est dû à une mauvaise gestion, à une mauvaise gouvernance.

768 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable.

 

 

Des ressources inexploitées ou non valorisées

       L’Afrique, continent du 21e siècle ?

On peut se montrer légitimement sceptique devant cette affirmation de certains journalistes ou « spécialistes » français de l’Afrique.

Il n’y a  cependant aucune fatalité à ce que l’Afrique soit dernière, et c’est bien là le paradoxe africain.

Sur les ressources naturelles et humaines les plus fabuleuses du monde, vivent des hommes et   des femmes parmi les plus pauvres de la planète.

 

Pourquoi l’Afrique peine-t-elle à émerger ?

Jeune Afrique, mars 2016

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20 novembre 2016 7 20 /11 /novembre /2016 13:22

JACQUES PRÉVERT, LE CHAT ET L’OISEAU

 

  Jacques Prévert. Poète et scénariste français (1900-1977)

 

 

 

LE CHAT ET L’OISEAU

 

Un village écoute désolé
Le chant d’un oiseau blessé
C’est le seul oiseau du village
Et c’est le seul chat du village
Qui l’a à moitié dévoré
Et l’oiseau cesse de chanter
Le chat cesse de ronronner
Et de se lécher le museau
Et le village fait à l’oiseau
De merveilleuses funérailles
Et le chat qui est invité
Marche derrière le petit cercueil de paille
Où l’oiseau mort est allongé
Porté par une petite fille
Qui n’arrête pas de pleurer
« Si j’avais su que cela te fasse tant de peine,
Lui dit le chat,
Je l’aurais mangé tout entier
Et puis j’aurais raconté
Que je l’avais vu s’envoler
S’envoler jusqu’au bout du monde
Là-bas où c’est tellement loin
Que jamais on n’en revient
Tu aurais eu moins de chagrin
Simplement de la tristesse et des regrets. »

Il ne faut jamais faire les choses à moitié.

 

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12 novembre 2016 6 12 /11 /novembre /2016 09:34

LA FAIBLESSE DU NIVEAU DES ÉLÈVES FRANÇAIS EN ORTHOGRAPHE

À qui la faute ?

Les faiblesses du système ?

 

Beaucoup parmi les élèves de quatrième et troisième sont incapables d'aligner deux phrases correctement construites sans faute de grammaire ou de syntaxe (en ne comptant pas l'orthographe !). La maîtrise des outils fondamentaux de la langue leur fait défaut. Cette faiblesse caractérisée compromet la réussite. Toutes disciplines confondues, les professeurs justifient les difficultés et blocages constatés chez les élèves par la non maîtrise des outils de la langue.

Quand conjuguer un verbe du 1er  groupe au présent de l'indicatif constitue un obstacle et une épreuve hors norme pour la majorité des élèves d'une classe de 4e, on comprend que le professeur de français en particulier puisse redouter la visite d'un inspecteur. Et lorsqu'il s'agit d'un verbe du 2e ou du 3e groupe à conjuguer au présent de l'indicatif ou à d'autres modes et temps, l'épreuve est encore plus redoutable. Tel élève butte sur le verbe être au passé simple :

-Nous fûmes partis... C'est quoi fûmes ? demande-t-il embarrassé.

-Tu ne connais pas fûmes ?

-Mais c'est français ça ?

-Mais, oui, c'est du français !

-Ben, c'est du vieux français alors !

 

Cette faiblesse intrinsèque des élèves en français est régulièrement relevée à tous les niveaux. Lorsque dans une classe de troisième, on écrit au tableau « les formes de la puissance illustrées par les documents suivants... » et que 9 élèves sur 27, recopient ce fragment de texte avec plus de trois fautes, la preuve de leur faiblesse en orthographe se trouve confirmée. On relève ainsi :

-Les forme de la puissant illustrés par les documents suivents.

-La forme de puissances illustrer par le documents suivents...

 

On est d'emblée édifié sur le degré de maîtrise de la langue. Certains ont à peine le niveau CM2. Si de surcroît ces élèves sont intellectuellement passifs, démotivés, indisciplinés et insolents, la partie est loin d'être gagnée par le professeur le jour d'une inspection. Mais l'inspecteur s'embarrasse-t-il de ces considérations ? Se sent-il le moins du monde concerné par le fait que ces élèves ont franchi toutes les étapes de la 6e à la 3e grâce à l'automaticité du passage sans le niveau requis  et sans un dispositif spécifique en aval destiné  à remédier aux lacunes et insuffisances?

 

Inspecté et inspecteur

C'est dans ce contexte qu'un IPR de lettres modernes, après une heure passée dans le fond de la salle d' une collègue de français, qui, dans le texte proposé à ses élèves de 4e s'efforçait de les rendre sensibles à la nécessité de cette maîtrise des outils de la langue, s'emporta , avant de rédiger son rapport d'inspection où la mauvaise foi le dispute à l'indélicatesse.

Les raisons du courroux viennent de ce que le professeur a mis l'accent sur les outils de la langue plus que sur la littérature et sur les « subtilités » de la langue ! Il s'agissait précisément d'une classe où beaucoup d'élèves étaient incapables de conjuguer le verbe « se lever » au passé simple et surtout de construire une phrase complète juste, avec sujet, verbe, complément sans faute de syntaxe ou d'orthographe.

Qu'à cela ne tienne, l'IPR voulait de la littérature ainsi que des « subtilités » de la langue.

Par ailleurs cet inspecteur, dans ses commentaires oraux, s'en est vivement pris au professeur pour avoir fait lire plusieurs élèves ! La lecture n'était pas importante, tout comme l'orthographe ! Or, l'école n'a-t-elle pas aujourd'hui une véritable mission de réhabilitation du livre, c'est-à-dire de la lecture dans ce monde envahi par les images ? Le rapport d'inspection, à l'issue d'une heure passée dans la classe, est révélateur de l'idée que certains inspecteurs se font de leur fonction. Celui rédigé par cet inspecteur en particulier constitue en soi une véritable anthologie du genre.

Voilà comment on fait progresser l'enseignement. Dans ce rapport, ni le moindre mot sur l'attitude des élèves, ni la moindre allusion à l'intérêt porté à la leçon, rien non plus sur la participation des élèves, ni leur rapport au professeur. Pas un mot sur le profil de la classe, son comportement habituel, son hétérogénéité, ses handicaps... Les explications argumentées du professeur lors de l'entretien qui suivit le cours, justifiant ses choix, ses objectifs, sa démarche n'y firent rien. Jamais de toute sa carrière, ce professeur ne reçut un rapport aussi négatif, insultant et méprisant. Visiblement, M. l'inspecteur n'a pas vu les élèves, ni ne les a entendus, puisqu'il n'était pas venu pour eux. En une heure, le sort du professeur était scellé. Elle qui venait d'arriver dans cet établissement de 70 enseignants (il y avait à peine trois mois) en provenance d'un autre qui n'en comptait que 20, a eu comme reproche signalé dans son rapport - entre autres - de ne s'être pas suffisamment intégrée... Les éventuelles difficultés d'adaptation liées à ce changement n'entraient pas dans les préoccupations de l’IPR. Il venait pour la littérature, pas pour le professeur et encore moins pour les élèves.

Si tous les professeurs à la veille du départ à la retraite établissaient le bilan de ce que les multiples inspections qu'ils ont connues ont apporté à leur carrière, en terme d'efficacité et de motivation, le résultat en étonnerait certainement plus d'un.

Les inspecteurs ont leur logique, parfois impénétrable pour ces simples mortels que sont les professeurs. Le fait de renoncer à l'acquisition des outils fondamentaux de la langue en tant qu'objectif prioritaire porte un grave préjudice aux élèves les plus défavorisés, en particulier à ceux pour qui le français n'est pas la langue régulièrement utilisée en famille. C'est aussi le cas de ceux qui n'évoluent pas dans un milieu culturellement porteur, ceux-là mêmes pour qui l'école aurait pu constituer l'unique recours.

Une des explications de la faiblesse des élèves en français réside précisément dans le fait que les enjeux strictement disciplinaires en termes d'apprentissages fondamentaux furent négligés par toutes les réformes des programmes qui se sont succédé depuis 1975, les horaires de ces apprentissages ne cessant de diminuer.

 

Aider à progresser ou exécuter l’inspecté ?

L'inspecteur vient-il pour aider, guider, ou pour massacrer et humilier le professeur ? L'inspection sous sa forme actuelle n'est ni plus ni moins qu'une caricature d'évaluation. Pour évaluer la prestation d'un enseignant dans sa classe, les questions premières devraient être celles-ci :

A-t-il (elle) l'envie et la volonté de bien faire ? Est-il (elle) en phase avec la classe ? Est-il (elle) de bonne foi ?

Tous les autres éléments d'appréciation entrant dans l'évaluation globale devraient venir après ces questions primordiales. La réussite de l'enseignant suivra forcément grâce (si besoin) aux orientations et conseils complémentaires fournis par « l'inspecteur » à l'inspecté. L'inspecteur doit être un guide, non un épouvantait ou un bourreau.

Par ailleurs, les inspecteurs gagneraient en crédit s'ils apprenaient aux enseignants à travailler ensemble, en équipes soudées et efficaces. Parce qu'ils ne sont pas constructifs, certains inspecteurs n'aident pas à l'amélioration du travail scolaire, ni à celle du fonctionnement harmonieux du système éducatif. Lors des inspections, à l'issue de l'entretien, les enseignants ont peur de s'exprimer librement, en révélant leurs sentiments ou leurs difficultés, persuadés que l'inspecteur n'est là que pour les piéger et les sanctionner, peur qu'il les juge et les massacre dans le rapport d'inspection, autre épée de Damoclès. Ils préfèrent affirmer que tout va bien en tâchant de masquer le mieux possible leurs difficultés personnelles et professionnelles. Cette peur bloque les initiatives et contrarie les originalités. L'audace créatrice et novatrice est exclue de la pratique de ce métier.

Ainsi, le système tourne-t-il en rond, dans l'impossibilité de bâtir du nouveau. Les inspecteurs, incapables de le tirer vers le haut, ont une part non négligeable dans son immobilisme voire dans sa régression. L'inspection sous sa forme actuelle est archaïque et contreproductive. En cultivant la routine, elle empêche l'expérimentation et nuit par conséquent au progrès de l'enseignement. En excluant le rôle de conseil et de soutien de l'inspecteur, elle s'apparente parfois à une véritable escroquerie intellectuelle et un abus d'autorité digne d'un autre temps. Peu d'inspecteurs font preuve de cet esprit critique, d'ouverture, et de l'élémentaire objectivité qui devraient constituer l'essentiel de leur mode d'appréciation.

 

Programmes, pédagogie et liberté de l’enseignant

Si les programmes officiels doivent être imposés, en revanche, les choix et les démarches strictement pédagogiques ou didactiques ne devraient pas êtres imposés au professeur. C'est cette liberté de choix et de cheminement qui implique la responsabilité de l'enseignant et donne sens à son action dans sa classe.

Le métier d'enseignant est un métier de diversité : diversité des approches, diversité des stratégies... Le respect de cette diversité est essentiel. La formation des enseignants ne doit pas imposer une démarche pédagogique plutôt qu'une autre. Elle doit mettre en évidence la diversité des possibles et mettre l'enseignant (ou le futur enseignant) en capacité de faire réellement des choix cohérents et justifiés.

A défaut de cette souplesse qui implique le choix libre ou pertinent par rapport à la démarche et aux objectifs, il ne peut s'agir que de dogmatisme, antithèse et négation de la pédagogie.

Face aux difficultés actuelles pour mener à bien la tâche d'enseignement, il est totalement improductif d'avoir un discours de sectarisme ou d'exclusive sur les méthodes et les outils : ceux qui tiennent ce type de discours ne cherchent ni à aider les enseignants, ni à faire progresser le système éducatif. (1).

Le métier d'enseignant est avant tout un métier de liberté intellectuelle. On ne peut décrire ni évaluer la pratique de l'enseignant sans faire référence à cette liberté et à la responsabilité qu'elle suppose. La pédagogie ne peut se concevoir sans cette dimension spécifique. La nier, c'est nier la personnalité et la responsabilité de l'enseignant. En pédagogie rien n'est pire que la rigidité. Elle déstabilise et sclérose l'esprit.

 

L’inspection, quelle finalité ?

Personne ne semble plus se poser la question de la finalité de l'inspection. Sans doute pas les inspecteurs, ni même les enseignants qui la subissent. Il serait utile pour l'école qu'une relecture des textes initiaux permette une réévaluation de la mission de l'inspecteur afin que l'inspection ne s'apparente plus à ce jeu de massacre gratuit dans lequel l'enseignant est toujours perdant, de même que l'école et les élèves. Au cours de ma carrière, j'ai vu plus de collègues découragés, voire profondément démoralisés et dégoûtés du métier que de collègues stimulés par les inspecteurs. Ces nouveaux inquisiteurs des fonds de salle, froids, imbus d'eux-mêmes et méprisants, ébranlent des vocations, sèment le doute et la confusion dans l'esprit de maints enseignants. A certains il manque la grâce que confèrent la modestie et l'humilité intellectuelle.

Tant qu'il ne sera pas établi entre inspecteurs et enseignants des relations de confiance et de franche collaboration, tant que l'image de l'inspecteur incrustée dans l'esprit des enseignants sera assimilable à celle d'un épouvantail maléfique, prédateur de l'espèce enseignante, le rôle de l’inspecteur ne peut être vecteur de progrès de l'enseignement. Pour y remédier, la présence de l'inspecteur dans les établissements scolaires ne doit plus se limiter aux inspections sporadiques. Il doit pouvoir y être présent le plus souvent possible, y animer des tables rondes sur la discipline de sa spécialité, avec les professeurs, dispenser des « cours modèles » dans les classes, surtout difficiles, à tous les niveaux et dans tous les types d'établissement. Ces cours devant être suivis de discussions et d'échanges confiants. Ce serait également l'occasion d'exposer aux enseignants les évolutions pédagogiques et scientifiques disciplinaires significatives. Il faut réhabiliter les conférences pédagogiques animées par les inspecteurs et les formateurs. L'image de l'inspecteur dans l'établissement doit devenir une image familière et proche des enseignants, non celle de l'ennemi briseur de carrière et de rêve. L'enseignement et les élèves y gagneraient contre l'échec scolaire. Bref, le spectre de l'inspecteur ne doit plus hanter les couloirs des établissements scolaires.

Tidiane Diakité, Mutations et crise de l’école publique. Le professeur est mort, vive le prof. L’Harmattan.

 

(1) Dominique Raulin. chargé de mission, direction des personnels enseignants. Ministère de l'Education nationale, extrait de colloque métier 11-12 janvier 2002. Documents SNES.

 

 

 

 

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