AFRIQUE, LA RUÉE DE NOUVEAUX ACTEURS
POUR LE MEILLEUR OU POUR LE PIRE ? (3)
Aide internationale au développement
ou
Aide à la pérennisation du sous-développement en Afrique ?
Si, pour les pays étrangers riches et développés, l’attrait des ressources naturelles semble constituer le mobile unique de la ruée vers l’Afrique en ce début de 21e siècle, que doivent logiquement attendre les populations pauvres de ce continent ?
« Le monde se presse aux portes du continent. » (Le Bilan du Monde, édition 2019).
Cet afflux vers l’Afrique doit-il signifier pour ses habitants, un surcroît de pauvreté ou de misère ?
Il appartient, en toute logique, aux dirigeants des pays africains d’en fixer le cap en faveur des populations et des États. Ce sont eux qui doivent fixer les règles dont le respect scrupuleux fera que cette ruée permette à chacune des parties d’en tirer la juste répartition.
De quoi l’Afrique a-t-elle besoin aujourd’hui ?
Quelles sont les priorités en matière de bien-être des populations et de développement ?
Ces besoins devraient apparaître en toute clarté et être méthodiquement exposés lors des rencontres : des « Sommets » ou de visites de dirigeants étrangers par les responsables des États africains.
L’Afrique a-t-elle aujourd’hui besoin d’être nucléarisée, comme il fut indiqué lors du récent Sommet Russie-Afrique de Sotchi ?
Il est étonnant, à cet égard, que l’on n’ait aucune réponse claire venant des dirigeants du continent.
Ces face à face devraient être l’occasion d’égrainer les besoins vitaux du continent africain qui sont quasiment les mêmes depuis les indépendances : santé, école, éducation, formation, infrastructures…
Qui peut, qui doit le faire en dehors des responsables africains ?
Lequel de ces pays développés, qui cherche à renforcer son développement et son niveau de richesse, a pu se hisser à ce niveau, en négligeant ces vecteurs essentiels du développement ?
L’illettrisme est une infirmité
Quel pays, en Europe, en Amérique, en Asie… a pu émerger et sortir du sous-développement en piétinant l’école, en foulant au pied l’éducation, et en ignorant la formation des jeunes et des adultes ?
C’est précisément à ce niveau que se situe aujourd’hui, la différence entre les pays développés et les pays africains en voie de développement.
Il est curieux d’entendre des responsables africains discourir à longueur d’année sur le développement, tout en ignorant les conditions indispensables qui mènent à l’émergence.
Cependant, on ne peut nier le fait que les États africains ont bénéficié, depuis leurs indépendance, d’une aide accordée par de nombreux États européens, américains et asiatique, au titre du développement.Malheureusement, cette aide internationale, bilatérale ou provenant d’organismes divers, à depuis toujours, souffert de quelques vices qui limitent singulièrement sa portée ou son efficacité réelle.Pire, l’exploitation effrénée des ressources naturelles de l’Afrique par ces mêmes puissances étrangères, amène à un autre paradoxe : ce sont les pays pauvres qui financent les pays riches ! (Voir blog, http://ti.diak.over-blog.com/article-afrique-aide-au-developpement-ou-au-sous-developpement-116470837.html ).
Jeunes migrants en perdition
Que de Mozart et d’Einstein qu’on assassine !
Pourquoi partent-ils ?
—Parce que leur pays est trop riche en ressources naturelles ?
—Parce que leur pays connaît un taux de croissance à 2 chiffres plusieurs années de suite ?
Où vont-ils ? Qui les attend ?
Sont-ils instruits, formés ? Par qui ? Comment ?
Les responsables de leur pays les voient-ils partir ?
Que font-ils pour les retenir ?
Les pays étrangers, riches et développés, qui sillonnent l’Afrique à la recherche de richesse et qui « aident l’Afrique à se développer », sont-ils informés de cette situation ? Que font-ils ? Que proposent-ils ?
Parmi ces déshérités qui fuient leur pays, des « bacheliers analphabètes » qui — si la chance leur sourit après la traversée de la mer, des dangers — pourront pour vivre un temps, ou longtemps, obtenir un emploi d’ auxiliaire éboueur, dans une ville de France ou de Belgique.
Au-delà de l’aide matérielle que les pays développés accordent aux États africains, il est une autre forme d’aide, tout aussi précieuse pour le continent : c’est l’initiation à la « démocratie », dans la gestion des affaires du pays (la gestion saine), de même que la responsabilité individuelle et collective : l’apprentissage de la démocratie par le bas (la démocratie ne se limitant pas au seul vote).
À cette fin, les relations entre dirigeants étrangers et responsables africains, à l’extérieur comme à l’intérieur du continent, ne doivent plus apparaître comme un perpétuel « huis-clos » entre ces deux parties.
Toutes les décisions prises lors des « forums » réunissant dirigeants des pays développés et dirigeant africains, toutes les sommes octroyées pour l’aide, de même que tous les projets ou programmes de développement, doivent faire l’objet — par les soins du gouvernement — d’une large diffusion auprès de la population.
Le but étant que les citoyens soient informés, et sachent dans le détail, les démarches, les actions mises en œuvre pour que les objectifs soient atteints.
Si ces projets et programmes atteignent leurs objectifs, que ce soit précisé. Si, au contraire, c’est un échec, qu’ils en soient également informés et que chacun sache la raison et les conséquences éventuelles de cet échec : quelle leçon en tirer ? Quelle démarche de remédiation proposer ?
Cette façon de faire stimulera l’intérêt de la population pour la bonne gestion de la chose publique, condition de la bonne gouvernance.
Si par ailleurs l’illettrisme est une infirmité, l’Afrique est incontestablement le continent qui abrite le plus grand nombre d’infirmes au monde. En conséquence, le taux d’analphabètes est le plus élevé et celui de la scolarisation des enfants est le plus faible au monde.
Dans certains États (en Afrique de l’Ouest et Afrique sahélienne notamment), ces taux voisinent les 70% voire d’avantage.
Le taux de scolarisation fluctue entre 13 et 30% selon les États et les régions.
L’École !
Si quelques petits Africains ont, aujourd’hui, la chance de fouler la cour d’une école, c’est souvent grâce à la bienveillante sollicitude d’ONG, ou d’associations étrangères diverses. Mais ces âmes généreuses savent-elles ce qui y est enseigné et comment, ou s’en soucient-elles seulement ? Car une école, ce ne sont pas que des murs et des fenêtres, si luxueux et modernes soient-ils. L’école n’est pas non plus un lieu de dressage de petits d’humains, l’enseignement n’est pas non plus un dresseur de fauves, armé d’une chicotte ou de bâton, face à des enfants terrorisés.
L’école est au contraire le lieu de l’épanouissement individuel et collectif, celui de la formation rigoureuse et bienveillante, de la pensée libre, de l’indispensable esprit critique (sans lequel on demeure à jamais esclave de la pensée construite par d’autres, ainsi que du fatalisme).
école est enfin le lieu de la socialisation par excellence, de l’ouverture aux autres, au monde et à soi, bref, la formation d’êtres libres et pensants. (Voir blog, article de mon blog : Afrique : principales entraves à l’émergence (7articles)).
Le développement naît du cerveau et de la volonté
En tout état de cause, l’Afrique ne sortira du sous-développement, il n’y aura émergence que par la seule volonté des Africains.
« Quand l'aide internationale mène au naufrage d'un continent.
L'épanouissement d'une société se mesure aussi à l'aune de sa santé et de son niveau d'éducation.
L'état de santé et le niveau culturel font ainsi partie des tous premiers éléments d'appréciation de l'épanouissement d'une population. Ce sont de loin les facteurs et les conditions du développement et apparaissent en tant que tels comme les axes prioritaires de l'action de tout État qui aspire à un développement véritable et à l'épanouissement de ses populations.
Depuis les années 1960, beaucoup de discours ont été entendus, beaucoup de colloques organisés sur les thèmes de la santé et de l'école en Afrique. Quel en est le bilan aujourd'hui ? Quelle incidence de l'aide internationale observe-t-on sur ces secteurs vitaux, tel qu'il est possible de l'évaluer ?
L'Afrique de l'an 2000 se porte-t-elle mieux que l'Afrique des années 1960 ? ». (Tidiane Diakité, L’Afrique et l’Aide ou comment s’en sortir ?, L’Harmattan, 2002).
Pour les bonnes volontés et les âmes charitables de l’extérieur (il y en a), qui se penchent généreusement au chevet du Grand malade africain, il est indispensable d’acquérir un minimum de « science », ou de connaissance des besoins et des réalités intimes de ceux qu’on veut aider dans leur marche vers l’émergence, ceux qu’on veut aider à parvenir au stade de l’autonomie dans les domaines vitaux de l’existence, afin qu’ils parviennent à la maîtrise de leur destin.
« Comment aider ?
Ceux qui ont l'épiderme sensible dès qu'on évoque les carences de l'Afrique et qui rendent l'Occident responsable de tous les malheurs de ce continent lui rendraient un insigne service en réagissant face à la saignée financière qu'il subit, à son pillage systématique et continu, ainsi qu'à la spoliation des peuples par les Africains eux-mêmes comme par les étrangers. L'Afrique n'est pas pauvre, on l'appauvrit.
Il n'est nullement question d'absoudre les pays étrangers qui organisent le pillage de l'Afrique ou y participent. Mais crier unilatéralement et continuellement haro sur ces derniers masque les responsabilités internes et retarde d'autant la recherche des moyens de juguler l'hémorragie. L'enjeu essentiel, c'est investir en Afrique l'argent produit en Afrique, valoriser les richesses qui y sont également produites, afin d'assurer les conditions du développement.
Il est une pratique peu abordée, s'agissant de l'aide au développement, et dont l'examen permettrait cependant de constater que les ressources financières de l'Afrique aident plutôt paradoxalement à la prospérité économique des pays développés. Il s'agit des sommes colossales, massivement investies en Europe et aux États-Unis par des Africains, chefs d’État, responsables politiques de tous rangs ou personnalités privées — sommes acquises honnêtement ou non. » (Tidiane Diakité, 50 ans après l’Afrique, Arléa, 2011).
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