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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 11:14

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Une leçon de civisme exemplaire

Plus je suis les événements de Tunisie depuis la mi-décembre 2010, plus je regarde et écoute, plus je lis, plus je suis confiant pour l'avenir de ce pays malgré les difficultés du moment et celles qui vont sans doute suivre. Mais la démocratie est un long apprentissage qui n'est jamais gratuit.

Je suis surtout agréablement surpris de constater le degré de maturité politique, de conscience civique et de volonté de progrès social du peuple tunisien dans son ensemble : un peuple digne et respectable à tous égards.

Que réclame-t-il ? Si l'on en juge par les déclarations de citoyens, relayées par les médias, les Tunisiens réclament tout ce qui permet à une nation de grandir, c'est-à-dire de construire l'Etat de droit au service des citoyens, sans exclusive : liberté, justice, égalité, respect du droit, fondements de la démocratie. Quoi de plus admirable et de plus noble ?

Un constat qui vaut respect pour le peuple tunisien : l'absence de violences et de haine de l'autre. Les Tunisiens en veulent à leurs anciens dirigeants, plus particulièrement au président de la République, à sa famille et à son clan, simplement

-parce que ceux-ci se sont mis en dehors des règles de la bonne gouvernance ainsi que des principes du droit, en abusant et du pouvoir et des biens de la nation, trahissant ainsi la confiance du peuple.

-parce que le chef de l'Etat déchu n'a pas tenu ses promesses de 1987 lorsqu'il a accédé au pouvoir.

Accordez aux Tunisiens ce pourquoi ils se sont levés pour occuper la rue, pour exprimer leur déception, en même temps que leurs doléances : toujours la liberté, la justice, la fin des inégalités, le respect des droits fondamentaux, ils rentreront sans tarder dans leur foyer. Ils sont debout pour mettre leur pays en marche dans le sens de l'histoire.

Autre constat qui tranche avec ce qui a cours dans beaucoup d'autres Etats d'Afrique, c'est le sens de l'Etat, celui du respect de la chose publique. Ailleurs en Afrique, généralement, un chef d'Etat (comme tout responsable politique de rang élevé) est jugé non par ce qu'il réalise pour son pays, mais ce qu'il fait pour sa famille, son village, son clan (ou son ethnie). Et s'il venait à être destitué, ceux de son village et de son clan entrent en dissidence les armes à la main pour le défendre quels que soient l'énormité de son incompétence, sa gestion calamiteuse, ses exactions et abus de toute nature contre le reste de la nation.

Or, dans la ville natale du président Ben Ali, rien de tout cela. Au contraire, une compréhension de la population, un calme qui étonnent. Aucune condamnation de la révolution qui a chassé le président-enfant du pays. C'est une attitude qui rappelle les démocratie les plus avancées du globe.

A commencer par le maire de Hammam Sousse, mis en place par le président en personne, qui va jusqu'à attribuer spontanément une salle pour servir de siège au Comité de défense des habitants de la commune constitué afin d'éviter les pillages par des bandes incontrôlées.

Un jeune directeur d'hôtel, la trentaine à peine entamée, interviewé par un journaliste français qui lui faisait remarquer que son hôtel avait perdu plus de 50% de ses réservations en deux semaines répond avec une sérénité étonnante : 

"Oui, mais ce n'est pas grave, aujourd'hui je perds des clients, mais c'est pour que demain, nous ayons encore plus de réservations dès que la démocratie sera établie dans ce pays."

Si la démocratie est bien la souveraineté du peuple, le peuple tunisien la mérite. Ce peuple n'est pas seulement mûr pour la démocratie, il en est tout simplement digne.

Dans cette révolution inédite dans un pays arabe et en Afrique, les femmes forcent l'admiration par la qualité de l'expression, la justesse et la profondeur de l'analyse et de l'argumentation. Elles sont admirables par la probité de langage et le niveau de culture.

La révolution tunisienne, si elle atteint ses objectifs, sera la victoire de la société civile. L'avenir du continent africain en général réside incontestablement dans la maturité et la volonté de changement de cette société civile ; une société civile informée, émancipée du dedans et du dehors, consciente, et convaincue que l'Afrique ne pourra avancer sur le chemin de l'Histoire et du progrès que par les Africains eux-mêmes.

fleurs autre002

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commentaires

L
<br /> <br /> Cher Tidiane,<br /> <br /> <br /> j'ai éprouvé moi aussi, de nombreuses fois, le sentiment que le peuple tunisien nous donnait des leçons de courage, de civisme, de dignité absolument<br /> incroyables. Le pain manque, les clients ne sont pas à l'hôtel, mais peu importe puisque la révolution est en marche, la dignité humaine est en voie d'être rétablie... La France peut (et doit)<br /> regarder vers le peuple tunisien avec humilité, admiration, et le remercier pour le réconfort qu'il nous apporte dans notre pitoyable situation au regard de tout ce que les tunisiens sont en<br /> train de promouvoir ! Amitié, Luc.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
<br /> <br /> Cher Luc, <br /> <br /> <br /> En effet, le peuple tunisien peut servir d'exemple à bien des peuples. Cordialement. TD.<br /> <br /> <br /> <br />