AVANT L’ARMISTICE DU 11 NOVEMBRE 1918
LA FRANCE
Pour la première fois dans l’Histoire, une Guerre mondiale !
Une Guerre mondiale et une guerre totale : c’est une guerre qui occupe le quotidien, qui concerne toute la population, mobilise tout dans le pays et tout le monde : hommes, femmes, les bras et les esprits, les cerveaux, les économies…
Infirmières françaises au Front, 1914-1918
Les femmes dans la guerre, un dévouement et une ardeur sans précédent
Appel aux femmes
AUX FEMMES FRANÇAISES, La Guerre a été déchaînée par l'Allemagne, malgré les efforts de la France, de la Russie et de l'Angleterre pour maintenir la paix. Vive la République ! Vive la France ! |
Les femmes répondent massivement à l’appel de la nation
Mobilisation des femmes
Pour répondre à l’appel du gouvernement français les femmes sortent et occupent tous les postes de travail jusque-là dévolus principalement aux hommes partis au Front. Elles sont partout : dans les bureaux, dans les champs, dans les usines, particulièrement les usines de guerre, au Front aussi… (Voir article du blog du 06 janvier 2018, La longue marche des femmes françaises pour l’égalité hommes-femmes (3)).
Tirailleurs montant au front, 1918.
L’appel de la France à ses colonies d’Afrique
À l’appel du gouvernement de la France, la première réaction des colonisés français d’Afrique, fut une énorme surprise, car ils avaient toujours cru que la France était invincible, quelque soit l’ennemi.
Le moment de surprise passé, ils se mirent vite en route, après les formalités et les derniers conseils prodigués par les émissaires français.
Ils entrèrent dans la guerre avec enthousiasme et dévouement. Le loyalisme et l’exemplarité de ces combattants africains, de même que la rapidité de leur adaptation en France, puis leur intégration facile dans l’armée, étonnèrent plus d’un en France
Le dévouement exemplaire de ces soldats venus de loin, qui ne fut jamais démenti durant toute la guerre, s’explique sans doute par les belles promesses que les responsables français leur avaient faites.
L’émissaire spécial de Georges Clémenceau leur a maintes fois promis de la part de ce dernier : « Engagez-vous dans l’armée et vous aurez la citoyenneté française. » ou encore « la fin de l’indigénat (1) après la guerre ».
[Note (1) : Indigénat : ensemble de règlements très répressifs destinés aux seuls indigènes. Au nom de ces règlements l’indigène n’a aucun droit ; il ne peut être jugé selon les lois françaises. Dans le jugement le concernant, on ne tient aucun compte de l’individu, des lois, encore moins de la séparation des pouvoirs. C’est l’arbitraire le plus absolu aux mains du colon, qui permet de traiter l’indigène comme un esclave.]
Tirailleurs sénégalais
Les crises de 1917
En France, l’année 1917 est une année charnière, un tournant important de la Première Guerre mondiale.
La lassitude des soldats se fait sentir. L’impatience gagne les troupes et le pays tout entier, au Front et à l’arrière (les civils). Partout la même question : quand va-t-on en finir ?
Au Front, les soldats impatients grondent et grognent. Certains s’en prennent à leurs chefs qui « les entrainent à la boucherie ». Ils n’en peuvent plus. C’est la révolte dans les rangs.
Du 152e régiment d'infanterie, 25 mai 1917: Ça ne va plus, nous devions attaquer ce soir, mais les déserteurs sont trop nombreux et on ne sait s'ils se dirigent chez nous ou chez les Boches qu'ils pourraient renseigner sur les opérations que nous devons faire [...]. Au 152e, une compagnie s'est débinée et d'autres régiments qui sont avec nous ont mis les voiles. Comme ça, la guerre finira, car ce n'est pas rigolo d'aller faire une attaque sur le plateau de Craonne. Ce n'est plus une guerre, c'est un massacre complet. Je te dirai qu'en ce moment, tous les combattants en ont marre de l'existence, il y en a beaucoup qui désertent. (Cité par G. Pedroncini, Les mutineries de l'armée française, Gallimard, 1968.) |
Le mécontentement des soldats
La lassitude se lit sur les visages
Dans la tourmente de 1917, le président du Conseil, Georges Clemenceau, rend visite aux soldats dans les tranchées pour les soutenir.
Pendant cette même année 1917, se développe l’expression significative : « le bourrage de crâne » : des propagandes mensongères parues dans certains journaux destinées à masquer les réalités de l’armée française au Front.
«L'inefficacité des projectiles ennemis est l'objet de tous les commentaires. Les shrapnells éclatent mollement et tombent en pluie inoffensive. Quant aux balles allemandes, elles ne sont pas dangereuses : elles traversent les chairs de part en part sans faire aucune déchirure. » (L’Intransigeant, août 1914) |
Exemple de bourrage de crâne
Causes et manifestations des crises de 1917
« La cause fondamentale des troubles est la lassitude d’un interminable conflit. Elle atteint les soldats durement éprouvés par la guerre des tranchées. Elle touche à l’arrière des populations atteintes par les effets du blocus ou de la guerre sous-marine. Il faut rationner les produits alimentaires, de même que le charbon réservé aux industries de guerre. L’impasse militaire et la détérioration de la situation sociale font douter de l’utilité de poursuivre le conflit… » Tous les belligérants connaissent en 1917 des moments d’indiscipline militaire.
Ces secousses de l’armée atteignent également les troupes des colonies engagées dans le conflit.
Les secousses de cette année 1917 ont des répercussions dans maints domaines, y compris dans le gouvernement général de l’AOF, peu de temps après l’arrivée à la tête de l’importante « Afrique Occidentale Française » du jeune et brillant Van Vollenhoven.
Depuis sa nomination comme gouverneur général de l’AOF, van Vollenhoven n’a cessé d’adresser des rapports au gouvernement français sur « l’état de misère » des autochtones, le mettant en garde contre la méthode brutale des recruteurs envoyés en Afrique, précisément en 1917. N’ayant pas été écouté, il démissionne de son poste et demande son retour dans l’armée ce qu’on lui accorde. Mortellement blessé, il meurt, à 40 ans ! (Voir article du blog du 31 octobre 2021, JOOST VAN VOLLENHOVEN, UN COLONIAL BRILLANT ET HUMANISTE).
Soldats de l’armée française (Le Petit Journal, 1919)
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