APRÈS L’ARMISTICE DU 11 NOVEMBRE 1918
LA FRANCE (2)
Monument aux morts
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> Rappel : même si le traité de Versailles lui permet de satisfaire son principal but de guerre, la France sort meurtrie de ce conflit, voire triplement meurtrie et affaiblie :
- Des dégâts et ruines considérables
- Une population gravement saignée
- Un pays appauvri et lourdement endetté
> Comment se reconstruire ?
Avec des dégâts aussi lourds ?
Avec une population si fortement diminuée (tant de morts, de blessés, de mutilés) ?
Sans argent ?
Au départ la France a beaucoup compté sur les sommes que l’Allemagne devait lui payer au titre des réparations fixées par le traité de Versailles.
Le leitmotiv des responsables de l’époque pour exécuter les travaux était : « Quand l’Allemagne paiera… »
Or la France attendit en vain, l’Allemagne refusant de payer les réparations.
> Incidences de la guerre sur la population française
Celle-ci est, en gros, divisée en deux : les gagnants et les perdants.
- Les perdants : essentiellement les rentiers et ceux appelés les profiteurs de guerre, c’est-à-dire tous ceux qui ont tiré profit de la situation : fournisseurs divers de l’armée, commerçants ayant fortement augmenté leurs prix, les propriétaires augmentant les loyers…
- Les gagnants : ceux qui ont pu se reconvertir à temps en transformant les productions ou service pour l’armée en service pour la société civile :
Exemple :
-les transports militaires reconvertis en moyens de transport civils
-les avions de combat transformés en avions de transport pour les civils
défilé des gueules cassées
> Innovations diverses
- En médecine :
-progrès importants en chirurgie pour redonner un « visage acceptable » aux « Gueules cassées » et autres blessés de guerre. Ces progrès seront utilisés pour les civils.
-inventions de divers prothèses pour les blessés de guerre, également utilisés ensuite pour les civils.
- Les villes et villages se couvrent de monuments aux morts avec le plus souvent inscriptions des noms de ceux qui sont tombés au front.
- Sur le plan social la fin de la guerre marque le début d’une nouvelle époque :
-Les anciens combattants se constituent en associations qui revendiquent considération et avantages divers.
-les femmes revendiquent de nouveaux droits dont le droit de vote qui leur sera refusé (contrairement à la Grande-Bretagne où les femmes ont obtenu le droit de vote dès la fin de cette guerre).
Des associations de femmes se constituent pour manifester et revendiquer leurs droits, telles les suffragettes. Elles revendiquent aussi le droit de s’habiller comme elles le désirent, notamment en costume d’homme, par exemple les garçonnes.
C’est le début de la longue marche des femmes françaises pour leur émancipation, lutte commencée dès la Révolution de 1789. (Voir articles du blog : « La longue marche des femmes françaises pour l’égalité hommes-femmes » du 26-11-2017 au 02-01-2018)
Une garçonne
La nouvelle époque que connaît le pays fait le lit de la presse et des artistes. Toute une littérature naît de cette époque, comme dans Le Cheval d’orgueil de PJ Hélias où l’on voit un héros de guerre de retour chez lui face à son épouse, une situation vécue par beaucoup de combattants de retour chez eux.
« Ceux dont la femme a eu la charge de tout pendant quatre ans ont plus de mal à reprendre le train d’avant. Il leur faut de nouveaux s’imposer à leur place. Et la femme a pris de telles habitudes a tellement peiné nuit et jour qu’elle abandonne difficilement ses prérogatives. Quelques héros couverts de médailles n’arriveront jamais plus à commander. » (P Jakez Hélias, Le Cheval d’orgueil, Plon)
Des chansonniers se sont aussi inspirés de ce thème, en reprenant des chants populaires comme le suivant :
« Brave marin revient de guerre, tout doux Madame, je reviens de guerre, tout doux Brave marin se met à boire, tout doux Ah qu'avez-vous donc, la belle hôtesse, tout doux C'est pas mon vin que je regrette, tout doux Ah dites-moi, la belle hôtesse, tout doux On m'a écrit de ses nouvelles, tout doux Brave marin vida son verre, tout doux Tout doux
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En définitive si la France sort de la 1ère Guerre mondiale ruinée et blessée, elle a un espoir cependant : son vaste empire colonial sur lequel, disait-on, le soleil ne se couche jamais ; et surtout sa partie africaine que le colonel Mangin, présentait comme « un réservoir inépuisable d’hommes, de combattants, de produits naturels et de travailleurs ».
Le traité de Versailles n’est pas l’unique traité qui a contribué à changer la carte de l’Europe. il y eut deux traités importants, le traité de Saint-Germain-en-Laye (10 septembre 1919) et le traité de Sèvres (10 août 1920) qui consacrent le démantèlement des Empires centraux et la naissance de la nouvelle carte de l’Europe.
Quant au traité de Versailles lui-même, il fit des mécontents selon les points de vue ou jugements suivants :
Un Français : « Le traité n’est pas fameux ; je suis tout prêt à le reconnaître. Mais, et la guerre, a-t-elle été fameuse ? Il a fallu quatre ans et je ne sais combien de nations pour venir à bout de l’Allemagne. […] Vingt fois pendant la guerre, on a cru que tout était fini. […] Or la France sort de là vivante, son territoire reconstitué, son empire colonial agrandi, l’Allemagne brisée, désarmée. » (G. Clemenceau, 1928) |
Un Allemand : « Jamais n'a été infligée à un peuple, avec plus de brutalité, une paix aussi accablante et aussi ignominieuse [...]. Une paix sans négociations préalables, une paix dictée comme celle de Versailles, c'est comme quand un brigand renverse à terre un malheureux et le contraint ensuite à lui remettre son porte-monnaie. » (B. von Bülow, Mémoires, 1931) |
Un Anglais : « Le traité ne comprend nulle disposition en vue de la restauration économique de l'Europe [.,.], rien pour organiser les nouveaux États ou sauver la Russie. La paix mènera l'Europe souffrante jusqu'au bord de la ruine et de la famine. Le but de Clemenceau était d'affaiblir l'Allemagne par tous les moyens possibles. » (J. M. Keynes, Les Conséquences économiques de la paix, 1919) |
Quant à l’Italie, outrée de ne pas avoir obtenu tous les territoires désirés (les terres irrédentes), elle rappela son délégué qui quitta la réunion de Versailles en claquant la porte.
La nouvelle carte de l’Europe après la 1ère Guerre mondiale