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29 juin 2014 7 29 /06 /juin /2014 07:20

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LA BRETAGNE AUX QUATRE VENTS

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Bretons ici et ailleurs

 

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Les témoignages relatifs à l'accueil des opprimés de la Deuxième Guerre mondiale comme ceux de la Première, plaident en faveur de la Bretagne. Mais, cette main généreusement tendue aux éprouvés, aux prisonniers de guerre africains, comme aux fugitifs persécutés, de toutes origines ne viendrait-elle pas de périodes encore plus anciennes ?

 

S'il apparaît dès juin 1940, lors de la débâcle « que s'il y avait bien un endroit où il fallait se réfugier, c'était la Bretagne », beaucoup l'avaient déjà compris, sans doute longtemps avant. Serait-on venu en Bretagne si tant de Bretons n'avaient pas ouvert hier les routes du monde ?

 

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Découvreurs et administrateurs

 

Du Malouin Jacques Cartier au Quimpérois Yves de Kerguelen, du Brestois Victor Segalen à cet autre Malouin, Pierre Louis Moreau de Maupertuis, ce dernier à la tête d'une expédition pour mesurer la courbure de la terre (tout un symbole !), la liste des Bretons découvreurs et explorateurs du monde est très longue. L'Afrique aussi y eut sa part. Bien des épisodes de l'histoire de ce continent ont quelques liens avec des Bretons. L'un des plus connus est sans doute le Malouin Léopold Auguste Protêt, capitaine, puis amiral français (Saint-Servan 1808-Chang-Hai 1862). Nommé gouverneur du Sénégal de 1850 à 1854, puis à la tête de la division navale d'Afrique occidentale, il prend possession le 5 mai 1857, au nom de la France, du territoire de Dakar où il crée aussitôt un port et une base navale. C'est en effet à cette date « que le pavillon français a été, pour la première fois, hissé sur le village de Dakar. » C'est, assure Jacques Charpy (Rennais, historien de la fondation de Dakar), à compter de cette date que « débutait l'extraordinaire histoire de ce village sans ambition, devenu en un siècle, une cité, un port, une capitale. »

 

Par son génie extraordinaire, il bâtit la nouvelle ville et lui conféra les fondements de son rayonnement futur : capitale, siège du gouvernement général de l'Afrique occidentale. Première métropole d'Afrique subsaharienne par son rayonnement économique et culturel, Dakar fut un des moteurs de l'expansion de la France en Afrique. Parmi les noms des plus distingués, figurant dans le lexique général des fondateurs et des commandants de Dakar ainsi que celui des personnalités ayant marqué la colonie du Sénégal, établis par Charpy[1], on relève ceux de nombreux Bretons :

 

bouton 007Louis-Edouard Bouet-Willaumez, né à Brest en 1808, gouverneur du Sénégal de 1842 à 1844, puis du Gabon.

 

bouton 007Dagorne, capitaine de Frégate, commandant particulier de Gorée du 24 juin 1836 au 14 avril 1845.

 

bouton 007Jean René Fleuriot de Langle, né en 1809, Finistérien, il participa à la conquête de l'Algérie en 1830, mais surtout, il s'engagea activement dans la lutte contre la traite des Noirs le long des côtes d'Afrique de l'Ouest avant d'entreprendre une mission d'exploration et de découverte de l'intérieur du continent.

 

bouton 007Jean-Baptiste Montagniés de la Roque, né en 1793 à Lorient, capitaine de vaisseau, gouverneur du Sénégal en 1841.

 

bouton 007Jean-Baptiste Bouvet de Lozier, né à Saint-Malo en 1705, fut gouverneur de l'Ile-de-France (île Maurice) et de l'Ile-Bourbon (île de la Réunion) de 1750 à 1763.

 

bouton 007Paul-Marie Rapanel, né à Rennes en 1782, fut lieutenant général en Afrique en 1822 et gouverneur général (par intérim) de l'Algérie en 1836.

 

Jacques Cartier, découvreur du Canada, ou François Pyrard, marchand lavallois qui, « parti de Saint-Malo en 1601 en compagnie d'associés malouins et vitréens gagna l'océan Indien » ou encore le Malouin Mahé de la Bourdonnais (1699-1753) qui finit gouverneur de l'Île-de-France et de l'île Bourbon. Des intellectuels, scientifiques, savants, artistes bretons, tous prirent le large pour rencontrer, échanger sous d'autres cieux. Le peintre et dessinateur André Coppalle, né à Bourg-des-Comptes (Ille-et-Vilaine) s'installa à la cour du roi de Madagascar Radama Ier, dont il fut un familier et le portraitiste.

 

Bien d'autres noms d'aventuriers, de conquérants, de marchands ou d'administrateurs complètent ce vaste tableau de ces Bretons « Aux Quatre Vents », du XVIe au XIXe siècle. 

 

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Sur les routes du monde

 

De même apparaissent des noms de Bretons qui, sans être administrateurs coloniaux ou capitaines en mission sur les côtes d'Afrique, n'en ont pas moins marqué ce continent d'une forte empreinte, pour le meilleur et parfois pour le pire. Parmi eux, Jean-Marie Lamennais, né en 1780 à Saint-Malo, fondateur de l'institution chrétienne de Ploërmel, à l'origine des premières écoles françaises implantées au Sénégal et vouées à l'instruction des petits Sénégalais.

 

Enfin, parmi bien d'autres Bretons, une personnalité sans lien direct avec l'Afrique, mais auteur d'une lettre qui ne manque pas d'intérêt :

 

Alexandre Brethel né à Douarnenez, pharmacien et planteur installé au Brésil, adressa à son oncle François Gouziel une lettre datée du 6 février 1868. Même si le Brésil n'appartient pas au continent africain, cette lettre constitue une bonne synthèse du mythe entourant la France et les Français sur tous les continents du globe, du XVIIe au XIXe siècle. Elle aurait pu tout aussi bien provenir d'un ressortissant français vivant à Gorée au Sénégal ou à Grand-Bassam en Côte d'Ivoire :

 

« Le Brésilien estime le Français surtout parce qu'il est de bonne foi, qu'il est gai et communicatif. Il sait que l'étranger est une riche acquisition pour le pays, parce qu'il y vient avec de l'expérience acquise et avec du courage. Il aime au-dessus de tout la France, parce que la France est une nation de cœur qui a versé son sang sur toutes les parties du monde pour le triomphe d'idées généreuses et non comme l'Anglais pour de l'argent. Il n'aime pas le Portugais qui est âpre au gain, avare, grossier et qui lui rappelle de douloureux souvenirs de domination. Il a peu de sympathie pour l'Anglais, l'Allemand qui forme des centres de réunion l'un pour exploiter les mines, l'autre pour former des colonies ; là, ils vivent comme dans la mère patrie et se grisent, l'un buvant du gin, l'autre de la bière. Et si quelques-uns d'entre eux s'égarent dans l'intérieur, c'est pour parler un brésilien impossible avec un accent comme s'ils avaient des osselets dans la gorge. Ils n'aiment pas l'Italien qu'ils regardent comme des fauteurs de troubles domestiques avec leurs idées de liberté qu'ils insinuent aux esclaves. Ils n'estiment pas le Chinois qui, d'ailleurs, vient très mal représenté par quelques malheureux qui remplissent les rôles les plus subalternes de la vie.

 

Le Français, seul, il l'aime. Vous trouvez d'ailleurs le Français partout, il est niché sur les hautes montagnes du Mato-Grosso, il est roi en Auricanie et même Dieu dans une tribu indienne. Le Français voyage à dos de bœuf dans les provinces du nord, à dos de mulet dans les provinces du centre, et il galope sur un cheval à demi-sauvage dans les vastes plaines des provinces du Sud.

 

Le Français est tout, il est Dieu, roi, ministre, homme de guerre, homme de loi, docteur ès rébus notis et ignotis, perruquier, danseur de corde, il est grand buveur, grand rieur, grand conteur ; le Français est tout et grand en tout. Et comme je l'ai dit, il se glisse partout. » 

 

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Missionnaires bretons : l’appel de l’Afrique

 

Mais la Bretagne fut aussi terre de mission, une grande région de départ des missionnaires français vers les différents continents. Et l'histoire générale des relations entre la France et l'Afrique est marquée par l’action des missionnaires, ce continent ayant été une des principales destinations de ces derniers, tout au long du XIXe et de la première moitié du XXe siècle.

 

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Déconvenues et dévouement

 

Pour ces hommes et ces femmes engagés en Afrique, les dures déconvenues de toute nature accompagnaient cette œuvre missionnaire. Ils l'acceptaient comme une donnée inhérente à la nature de cet engagement. Des dix Pères Blancs massacrés en Afrique, quatre étaient Bretons. Le Père Ducasse, un Nantais, un des tout premiers missionnaires envoyés dans la région des Grands Lacs, et qui se dévouait à l'éducation de jeunes Africains arrachés à l'esclavage, eut le corps criblé de flèches par une bande d'esclavagistes en 1881.

 

Mais rien ne put arrêter ces hommes et ces femmes dans leur élan quasi mystique où le désir et la volonté d'action au service des autres puisaient au plus profond d'eux-mêmes des forces sans cesse renouvelées.

 

Quelques noms de personnalités ou d'institutions religieuses qui ont marqué l'action missionnaire des Bretons en Afrique sont connus et souvent cités. Le Père J.-M. Coquard (1886-1933) de Loire-Atlantique arriva au Nigeria dans l'agglomération d'Abeokuta qui bénéficia rapidement de ses talents de médecin chirurgien et d'habile organisateur. Il la dota de plusieurs dispensaires, d'un hôpital, d'une maternité et d'une léproserie. Cette ville lui manifesta sa reconnaissance en lui élevant une statue.

 

Monseigneur Hippolyte Bazin, né à Saint-Aubin du Cormier (Ille-et-Vilaine), était depuis une dizaine d'années, Supérieur du grand Scolasticat de Carthage lorsqu'en 1901, il fut nommé vicaire apostolique du Soudan français (le Mali actuel), mission qu'il accomplit jusqu'en 1910.

 

Un autre missionnaire breton, le Père Pichaud (1869-1902), envoyé au Dahomey (actuel Bénin) fut « un grand défricheur ». Entre autres réalisations pour le service des habitants, il créa un grand orphelinat agricole à Zagnonado ; il fit planter un grand nombre d'arbres à caoutchouc et les 15 000 premiers cacaoyers de la colonie. Et, toujours selon les informations du Père Joseph Michel, il importa aussi au Dahomey des manguiers, des plants d'ananas, des vanilliers et plusieurs espèces de bananiers. Plus au Sud, les Frères de Ploërmel s'installaient en 1900 dans un internat fondé à Libreville au Gabon.

 

Le Père Francis Augiais, né à Saint Père en Retz, en Loire-Atlantique, fut également missionnaire au Dahomey pendant vingt-quatre ans. Et, précise Joseph Michel, autant que cela est possible à un Européen, il se fit africain parmi les Africains et fut un grand éducateur. Mais, plus que d'autres Européens, il sut voir que les Dahoméens avaient des traditions plus que respectables et un art de grande valeur « que, par des conférences, des expositions et des films, il fit connaître en France et en Belgique ». En 1928, il fut élu provincial par ses confrères français. Il adressa au Bureau International du Travail (BIT) à Genève, un rapport sur le travail forcé en AOF ; rapport publié par la Revue apologétique en août 1929.

 

Ce rapport déplut au gouvernement français au point qu'au cours d'un entretien avec le Père Chabert, à l'époque supérieur général des Missions Africaines, le Président de la République, Gaston Doumergue, s'étonna qu'un missionnaire français ait pu traîner sa patrie devant une instance internationale. Les conséquences de cette initiative du missionnaire ne tardèrent pas. Après trois années de provincialat, le Père Augiais fut rétrogradé comme professeur de sixième et cinquième dans une petite école apostolique des Landes avant de retrouver ses fonctions et son titre de provincial en 1934. Les Dahoméens qui étaient eux conscients de l'utilité de son œuvre, mais surtout du respect et de la grande proximité qui les liaient au religieux français, en signe de reconnaissance, l'élurent député à l'Assemblée constituante (les habitants des territoires d'outre-mer ayant obtenu le droit de suffrage au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale). Sa mort survenue peu de temps après son entrée au Palais Bourbon « fut une immense perte tant pour l'Église que pour l'Afrique ».

 

Les religieuses, de toutes obédiences ne furent pas en reste. Sœur Marie Dédier (1859-1929) arriva au Congo français en 1893 après une dizaine d'années d'apostolat au Sénégal. Elle y exerça ses activités d'infirmière et d'enseignante, mais elle s'occupa aussi de « l'œuvre des fiancées : 2867 jeunes filles passèrent par ses mains ; elle put marier 1532 d'entre elles ». Parallèlement « à l'œuvre des fiancées de Brazzaville, où il y avait d'ordinaire 110 internes, elle joignit une école fréquentée par 180 fillettes de 12 à 17 ans, appartenant à 16 tribus ». Puis toujours au Congo, ce fut l'orphelinat du Père Augouard (dont il sera question plus loin) pour jeunes métisses.

 

En 1927, le gouvernement français décerna à Sœur Marie Dédier la Croix de la Légion d'Honneur pour son œuvre auprès des populations autochtones du Congo et de l'Afrique en général.

 

Ces Bretons missionnaires, dans leur ensemble, hommes et femmes, contribuèrent de façon décisive à tisser des liens profonds entre la Bretagne et l'Afrique, à travers les siècles et les vicissitudes de l'histoire passée et présente.

 

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Mgr Augouard (1852-1921)

au Congo en 1905

 

Mœurs et coutumes étranges !

 

Enfin, de tous ces noms de missionnaires en Afrique émerge celui du Père Prosper Augouard qui, quoique Poitevin de naissance, fit son noviciat en Bretagne avant d'être nommé prêtre en 1876, et fut Breton d'adoption. Il ne serait pas de mon point de vue excessif d'affirmer qu'après la foi, l'Afrique fut sa vocation. Mais, peut-être que ces deux vocations se rejoignaient intimement en lui pour n'en faire qu'une en définitive.

 

Le Père Augouard fut d'abord évêque de l'Oubangui (l'actuelle République Centrafricaine) où il arriva en 1890. Au Congo Brazzaville ensuite où il fut nommé, il fit bâtir plusieurs missions dont la mission Saint-Joseph de Linzolo, puis celle de Saint-Paul de Kassaï au confluent des fleuves Kassaï et Congo.[2] 

 

En 1871, le gouvernement français avait décidé d'abandonner le Gabon, colonie jugée trop lointaine et trop onéreuse. Ce sont les missionnaires catholiques français qui prirent la relève, s'accrochèrent fermement, y investirent, l'organisèrent jusqu'au retour officiel de la France en cette terre d'Afrique. Ils maintinrent ainsi seuls la présence française dans cette possession.

 

L'une des occupations principales, parmi beaucoup d'autres, du Père Augouard fut le rachat de jeunes enfants esclaves à leurs propriétaires africains pour les instruire. Par ailleurs, ses rapports et les cartes qu'il dressa du Congo « aidèrent Jules Ferry à obtenir en février 1885 à la conférence de Berlin, la reconnaissance de fait de la nouvelle colonie française du Congo ». Comment s'étonner dès lors que la Bretagne apparaisse aujourd'hui encore pour des Congolais comme une autre Patrie ?

 

Outre le rachat de petits enfants esclaves pour en faire des écoliers, les former pour en faire des hommes et des femmes libres capables de se suffire à eux-mêmes, le Père Augouard, après avoir fondé plusieurs missions, s'évertua à lutter contre les épidémies et la polygamie. Quelques épisodes croustillants ponctuent l'ensemble de son action et son engagement pour ces causes. Le rappel de quelques-uns de ces épisodes n'est pas sans intérêt, tel qu'il apparaît dans l'ouvrage cité (L’Appel de l'Afrique).

 

Un soir de 1898, alors qu'il venait d'accoster sur le fleuve Oubangui pour faire du bois, « à peine le bateau amarré qu'un homme sauta à bord. L'évêque accourut :

 

-Que viens-tu faire ici ?

-Mon chef veut me manger.

-Je comprends que ça ne te plaise pas. Mais ton maître va venir te réclamer.

-Oh ! Tu t'arrangeras avec lui. J'y suis et j'y reste.

-Mais, s'il me fait palabre ? S'il me fait la guerre ?

-Oh ! Tu seras bien plus fort.

 

Cinq minutes plus tard, le chef surgit :

 

-Tu as mon esclave

-Pardon. Tu vois à l'avant du bateau le pavillon de la mission et à l'arrière, le drapeau de la France ? Ici, c'est la terre française, il n'y a pas d'esclaves.

 

Le chef redescendit furieux. »[3] 

 

Le Père Augouard n'était pas seulement sauveur des enfants et des jeunes adultes de l'asservissement par la pratique de l'esclavage encore en vigueur dans cette partie de l'Afrique en cette fin de XIXe siècle. Il eut aussi à se battre contre une autre pratique d'asservissement : la polygamie ainsi que rapporté dans L’Appel de l'Afrique.

 

«Succédant aux esclaves, des jeunes filles se réfugiaient maintenant dans les missions pour échapper aux vieillards polygames et se marier à de jeunes chrétiens. »

 

Commentant cet épisode, Alain Frerejean et Charles-Armand Klein constatent « À une époque où trop de fonctionnaires coloniaux pactisaient avec l'esclavagisme des sociétés concessionnaires[4], l'équipe de Mgr Augouard incarnait les valeurs de la République. »

 

(Voir : Tidiane Diakité, L’immigration n’est pas une histoire sans paroles, Les oiseaux de Papier, 2008)

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[1] Ce n'est sans doute pas un hasard si le Rennais Jacques Charpy, fondateur et administrateur des Archives de l'AOF à Dakar, fut l'invité d'honneur du gouvernement sénégalais aux dernières cérémonies de commémoration (en 2007) du 200e anniversaire de la fondation de la ville de Dakar.

 

[2] Alain Frerejean et Charles-Armand Klein, l' Appel de l'Afrique, les pionniers de l'Empire colonial français, Perrin, 2002.

[3] id

[4] Les sociétés concessionnaires étaient des sociétés privées qui, installées dans les colonies, exploitaient ces dernières avec un cahier des charges ; grâce à des concessions accordées par la métropole. Les abus constatés surtout en Afrique centrale et équatoriale, amenèrent l’Etat à mettre fin à ce système.

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