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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 15:03

110 F 9391596 Yy5W6ZQBTpQo2rr313VvC24fxCW5Li8jPropos d'amis


Faut-il intervenir dans les mouvements du monde arabe ?

 

 

fleche 026Michel - Que penses-tu de l'intervention des Occidentaux en Libye ? De la condamnation des chefs d'Etat des pays qui connaissent les mêmes mouvements de révolte ?

 fleche 026Tid - Je suis ces mouvements avec intérêt et espoir.

~Intérêt, car la révolte d'un peuple asservi des décennies durant, au nom de la liberté et de la justice, est toujours un événement exaltant. C'est l'histoire en marche.

~Espoir, parce qu'il s'agit de mouvements nés de l'intérieur, qui ne sont ni inspirés, ni téléguidés, et qui s'articulent autour des mots liberté, justice, démocratie. Qui l'eût cru, s'agissant de pays arabes, où le peuple est généralement présenté comme résigné, soumis, emmuré dans un fatalisme immuable ?

fleche 026Michel - Certes, ces mouvements sont nés de la seule volonté de ces peuples. Mais les Occidentaux qui accourent sont-ils désintéressés ?

fleche 026Tid - Ils viennent d'abord en aide à ceux qui font appel à eux ; même si un peuple déterminé à conquérir sa liberté et ses droits n'y renonce pas, quelle que soit la difficulté rencontrée.

Le reproche qui est fait à ceux qui apportent leur concours ou le soupçon qu'on nourrit à leur égard, n'est pas nouveau dans l'histoire. Il fut largement entendu et diffusé au 18e et début 19e siècle, notamment au sujet  de la croisade menée par les Anglais pour  l'abolition de l'esclavage et l'interdiction de la traite atlantique. Première nation à prendre la tête de cette croisade, la Grande-Bretagne suscita soupçons, réprobation et ferme condamnation d'un nombre important d'Etats européens parmi lesquels la France.

 Dans cette France d'alors, largement anglophobe (et pour cause !), le mouvement abolitionniste dont les Anglais prirent la tête fut accusé de "servir la perfide Albion", l'ennemi de toujours, et dénoncé comme "l'apport anglo-protestant à la subversion révolutionnaire en Europe, et instrument nocif de la comédie philanthropique".

Les autres puissances européennes accusèrent surtout l'Angleterre d'hypocrisie, de vouloir ruiner le commerce de ses rivaux et saper leur économie en s'attaquant à la richesse de leurs colonies d'Amérique (fondée sur le travail servile), surtout, de vouloir consolider sa suprématie sur les mers.

Cependant, face à la détermination des Britanniques, alors seuls gendarmes des mers, les principales nations d'Europe, la France en tête, finirent par les rejoindre pour traquer les navires transportant des esclaves vers l'Amérique.

C'est de cette croisade, devenue internationale à partir de la seconde moitié du 19e siècle, que naquit un droit international abolitionniste qui, pour la première fois, invoqua la notion de "guerre juste" au motif de la nécessité de défense des individus et de leurs droits. Selon cette théorie "les violateurs de droits des individus peuvent être châtiés" (voir Monique Chemillier-Gendrau, Humanité et Souveraineté, essai sur la notion de droit international).

Et c'est précisément de là qu'émergea le "droit humanitaire d'intervention", aujourd'hui "droit d'ingérence humanitaire". Des tribunaux baptisés "cour de justice" furent spécialement créés, avec trois sièges principaux : Afrique (Sierra Leone), Amérique (Brésil), Europe (Portugal), chaque siège comprenant un juge et un commissaire de chaque nationalité ainsi qu'un secrétaire général nommé conjointement.

Par ailleurs, les révolutions des 18 et 19e siècles, aux Etats-Unis et en Europe, eurent pour effet principal d'ancrer le concept de "droits de l'Homme" dans les esprits, concept inspiré de valeurs chrétiennes dont celle de "fraternité humaine". "Dieu n'a-t-il pas créé les hommes égaux et libres ?"

Cette idée chrétienne se maria harmonieusement à l'idéologie républicaine, laquelle incluait également l'affirmation du droit au bonheur de tout être humain, autre idée force des philosophes des Lumières. L'universalisme républicain rencontrait  l'universalisme chrétien. Il est ainsi dans l'histoire de ces rencontres fortuites et curieuses. Ainsi, le Comité pour l'abolition de l'esclavage mis en place en France par la 2e République, en 1848, comptait parmi ses membres des anticléricaux virulents, tel son président Victor Schoelcher qui a fait de l'abolition le combat de sa vie.

fleche 026Michel - Le rapprochement est singulier en effet, de l'esclavage au droit d'ingérence moderne.

fleche 026Tid - En effet, il est des cheminements imprévus de l'histoire.

L'essentiel pour les peuples arabes aujourd'hui en quête de dignité est qu'aucune puissance extérieure ne confisque leur lutte et que l'aide qui leur est apportée ne puisse en aucune manière signifier allégeance.

fleche 026Michel - Et l'Afrique subsaharienne ? Penses-tu qu'elle emboîtera le pas au monde arabe, les situations étant quasiment identiques : la mauvaise gouvernance et les maux qu'elle engendre ?

fleche 026Tid - Dans l'histoire, la lutte contre la tyrannie et pour la liberté, est contagieuse. Cela étant, ce sera sans doute plus lent et plus difficile dans cette partie de l'Afrique.

fleche 026Michel - Pourquoi ?

fleche 026Tid - Parce que dans les pays qui la composent, les structures socioculturelles sont autres. On croit aux sorciers et les morts gouvernent les vivants.

fleche 026Michel - C'est à dire ?

fleche 026Tid - C'est à dire qu'on est plus crédule, plus influençable. Par ailleurs, le niveau d'éducation y est moindre.

Si l'aspiration à la liberté est inhérente à la nature humaine, avec 80% d'analphabètes en moyenne, le chemin pour y accéder apparaît autrement plus ardu.

Mais il n'y a là aucune fatalité. L'Histoire suivra inéluctablement son cours.

1525R-140767

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commentaires

D
<br /> <br /> On parle beaucoup de droits. A quand "la déclaration des devoirs de l'homme" tant il est vrai que si chacun remplissait ses devoirs,nous n'aurions pas besoin de réclamer nos droits car ceux-ci<br /> nous seraient octroyés automatiquement: "les devoirs des uns" correspondent naturellement "aux droits des autres." ?<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
<br /> <br /> C'est tout à fait exact. Dans nos sociétés contemporaines, parler des devoirs des individus devient pratiquement un tabou. Hélas !<br /> <br /> <br /> <br />