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2 juin 2012 6 02 /06 /juin /2012 14:52

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Etrangers et immigrés : mythe et réalité 

 

Dans les années 1870, alors qu'il passait en revue une promotion de l'école Polytechnique, le Président Mac-Mahon s'était écrié, en voyant une des futures élites de la nation avec un taux de mélanine largement supérieur à la moyenne des autochtones : « Ah ! C'est vous le Nègre ?! Continuez mon ami, continuez ! » Le Nègre en question s'appelait Sosthène Mortenol, il était d'origine guadeloupéenne et allait devenir un héros de la Grande Guerre en organisant la défense anti-aérienne du camp retranché de Paris.

 

Mortenol n’était pas un immigré africain, il était sujet colonial français, natif des Antilles.

Il y a eu des Africains en France depuis le 16e siècle, et même avant. Mais, c’est bien la 1ère Guerre mondiale qui ouvrit la porte de la France aux Africains et fit prendre conscience aux Français de la présence africaine dans l’Hexagone (189 000 Africains mobilisés et 30 000 tués). Le défilé des soldats coloniaux sur les Champs Elysées le 14 juillet joua également un rôle dans cette prise de conscience.

 

La 2e Guerre mondiale ouvrit encore plus cette porte. Et pour cause ! Les deux conflits nécessitèrent des combattants mais aussi des travailleurs africains pendant et longtemps après. Et depuis, la présence d’Africains dans l’armée française est une donnée constante jusqu’aux indépendances des colonies françaises, voire après. A l’origine le vibrant plaidoyer du lieutenant-colonel Mangin en 1910 pour la « Force noire ».

 

Démobilisés après la guerre et de retour au pays, certains anciens soldats reprirent le chemin de la métropole, non pour des raisons économiques, mais parce que, ayant goûté à la liberté, ils ne supportaient plus les tracasseries de l’administration coloniale sur place. Ils firent souche.

 

De 1919 à 1939, 30 000 soldats africains furent stationnés en France, surtout dans le sud du pays.

 

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En 1926, on évalue à 1915 le nombre des Africains et à 665 celui des Malgaches résidant en France, chiffres certainement sous-évalués car beaucoup d’Africains s’embarquant sans papiers sur les navires assurant la liaison entre la métropole et l’empire colonial échappaient facilement à tout contrôle.

 

Dès 1940, après la défaite, 5 000 tirailleurs africains et malgaches, déserteurs ou évadés des camps de prisonniers, gagnent les rangs de la Résistance et ceux des FFI, se répartissant entre les maquis des 38 départements métropolitains. Le Guinéen Addi Bâ est l’un d’eux. Il participe à la création d’un maquis dans les Vosges avant d’être fusillé par les Allemands en 1943. On trouve également 52 Africains dans les maquis du Vercors, qui participent à tous les combats, libérant les villes de Romans-sur-Isère (août 1944) puis du quartier de la Part-Dieu à Lyon (septembre 1944).

 

Parmi les 1030 Compagnons de l’Ordre de la Libération, la plus prestigieuse des décorations de la France Libre, on compte 14 Africains. De 1939 à 1945, 178 000 Africains sont enrôlés et 25 000 sont tués. Beaucoup de rescapés se sont installés en France et y ont fondé une famille. Le nombre d’Africains présents en France après cette guerre est en augmentation par rapport à celui de l’entre-deux guerres. 13 517 personnes en 1946 et 17 787 en 1962.

 

Les tombes des soldats africains des deux guerres constituent une attache affective très forte qui élargit encore un peu plus la route entre l’Afrique et la France, que les besoins de la reconstruction transforment en boulevard. On connaît l’action de l’Office national d’immigration (ONI). Et surtout, depuis 1946, les ressortissants des colonies sont citoyens français, de par la loi, donc chez eux en France (jusqu’aux indépendances). Parallèlement, on note une augmentation du nombre d’étudiants : 5 815 en 1960-1961.

 

Travailleurs, étrangers, immigrés

 

Dès les années 1960, le nombre de travailleurs africains dépasse celui des étudiants. Entre 1960 et 1963, 15 000 travailleurs recrutés débarquent à Marseille et à Bordeaux. Et à partir de 1974, ces travailleurs étrangers sont désormais désignés par le nouveau vocable d’immigrés.

 

Mots et nuances

 

La confusion dans l’emploi des termes liés à la présence d’étrangers sur le sol français ne contribue pas toujours à la clarté du débat et à son apaisement.

 

Confusion par exemple entre présence africaine et immigration africaine en France, entre ressortissants des DOM-TOM et Africains, enfin entre étrangers et immigrés. La définition de ces deux termes doit prendre en compte un double critère : le critère du lieu de naissance et le critère de la nationalité.

 

Est étranger celui qui, né ou non en France, et ayant sa résidence permanente dans ce pays, n’en possède pas la nationalité. L’immigré est celui qui, né hors de France, entré ensuite dans ce pays, a conservé sa nationalité d’origine ou est devenu Français.

 

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  (INSEE : enquêtes annuelles de recensement, 2004-2005)

 

Depuis 1992, une stabilisation plus réelle semble s’être imposée en raison du ralentissement de l’immigration, du développement des retours et d’une accélération des francisations… Le nombre des étrangers a réellement diminué, tandis que celui des immigrés a augmenté…

 

Au sein de la population étrangère, le recul des Européens se poursuit. Les non-Européens sont majoritaires pour la première fois avec 52% des étrangers…

 

L’Afrique constitue la première aire géographique de provenance. (Historiens et géographes, juillet-août 2003)

 

La migration africaineest celle qui augmente le plus fortement depuis la fin des années 90. Quatre grands facteurs sont à l’origine de ce phénomène :

bouton 007-La croissance démographique.

bouton 007-La pauvreté.

bouton 007-L’appauvrissement des ressources naturelles : sécheresse, désertification, faible productivité agricole…

bouton 007-Les conflits, guerres civiles notamment

(Catherine Wihtol de Wenden, Atlas des migrations dans le monde).

 

A ces quatre facteurs, il faut en ajouter d’autres, notamment l’impact des « ajustements structurels » sur les économies et les sociétés, imposés par le FMI et la Banque mondiale, dans les années 80-90. Mais aussi le pillage de l’Afrique plus que d’autres régions du monde, hier comme aujourd’hui, pillage des ressources naturelles : mines, terres, forêts, pêche… avec ou sans la complicité des responsables africains, ce qui se traduit par le grossissement des cohortes de migrants.

 

Enfin, dès le lendemain des indépendances, et aujourd’hui encore, arrivent de nouvelles catégories d’expatriés : les réfugiés et les demandeurs d’asile. Autre nouveauté : l’arrivée en France de migrants africains non-francophones ou n’étant pas ressortissants d’anciennes colonies françaises : Angolais, Ghanéens, Congolais de la RDC… Cependant l’essentiel de l’immigration africaine est interne au continent.

 

Phénomène peu étudié en dehors des tragédies qui secouent parfois le continent, la migration des Africains à l'intérieur de leur continent mériterait plus d'attention car révélatrice des réalités dont la connaissance et la maîtrise constituent un préalable à la recherche de solutions au problème de l'immigration illégale.

L'Afrique, contrairement à une opinion généralement répandue, recèle l'écrasante majorité des migrants africains. En Afrique de l'Ouest (principal foyer d'émigration), 7,5 millions de personnes vivent dans un pays autre que le leur, soit dix fois plus que le nombre d'Africains établis en Europe. L'Afrique compte aujourd'hui 40 millions de migrants dont la plupart sont des migrants internes au continent. Tous ne convergent donc pas vers l'Europe. La région la plus concernée par l'émigration vers l'Europe, l'Afrique subsaharienne, « compte 17 millions de migrants internes au continent », tandis que « les trente pays les plus riches de l'OCDE en accueillent moins de 4 millions » 42 % des migrants africains « se concentrent en Afrique de l'Ouest, circulant entre pays voisins ».

Ce premier constat donne la mesure de la mobilité des Africains, dans leur continent.

Ainsi l'Afrique garde-t-elle entre ses murs une partie essentielle de sa misère et ceux qui la portent. (Tidiane Diakité, Les migrations dans la classe : Altérité, identités et humanité, ouvrage collectif, Le Manuscrit Recherche-Université) 

 

Dans les années 90, deux autres vocables naissent et prennent de l’ampleur : sans papiers et clandestins, qui brouillent encore un peu plus le regard porté sur le migrant africain.

 

Pourquoi la France ?

 

« Quand un enfant entend parler à l'école de nos ancêtres les Gaulois, précise un sociologue ghanéen, il entre dans un monde culturel aliénant par rapport à sa propre culture. On lui parle de la Reine d'Angleterre et on lui apprend davantage sur les Gaulois que sur sa propre ethnie. Ses aspirations le poussent vers l'Occident... L'Occident tire avantage de cette aliénation culturelle. Pourquoi les produits de l'Hexagone sont-ils si présents dans les anciennes colonies françaises ? s'interroge-t-il. Question à laquelle il répond : en raison de l'identification des Africains à la culture d'origine de ces marchandises. Et de poursuivre : l'Occident ne peut à la fois accepter les avantages de cette aliénation (l'exportation de sa culture et de ses produits) et en refuser les inconvénients, l'attrait exercé sur les migrants ». En effet, le déversement sur les populations africaines de produits occidentaux de toutes sortes au lendemain des indépendances ainsi que d'images racoleuses de sociétés de consommation, le tout facilité par la révolution des transports et celle des médias constitue pour ces populations des sources de tentation qui les submergent.

Outre l'aspect culturel ou le prestige intellectuel, le titre de « Patrie des droits de l'Homme » fait de la France la destination naturelle de tous ceux qui se sentent menacés dans leur existence ou dans leur liberté. (Tidiane Diakité et Nathalie Mounier, L’immigration n’est pas une Histoire sans paroles, Les Oiseaux de Papier)

 

Des dividendes de la migration pour l’Afrique ?

 

"L'ensemble des pays en développement dans le monde ont reçu de leurs émigrés « entre 167 et 200 milliards de dollars en 2005, soit plus que l'Aide Publique au Développement (APD). En 2006, cette aide s'élevait à 104 milliards de dollars, reprises de dettes comprises." Selon des statistiques sénégalaises, les sommes envoyées par les immigrés représentent en moyenne 14 % du PIB.

Les fonds transférés en Afrique chaque année par les 30 millions de migrants de ce continent répartis dans le monde entier s'élèvent à 50 milliards de dollars par an, selon les sociétés de transfert, dont Western-union. "Les flux que nous traitons progressent d'environ 30 % par an" affirme le directeur exécutif de Money Express qui précise : "En 2005, ils ont atteint 85 milliards de F CFA (130 millions d'euros)".

À ces chiffres, il faut ajouter les transferts d'argent non comptabilisés dans les statistiques officielles. Des fonds importants sont colportés d'Europe en Afrique de main à main ou par des officines plus ou moins clandestines qui échappent à tout contrôle. Pour les responsables des organismes officiels de convoyeurs de fonds, "la somme (envoyée par an) est en réalité beaucoup plus élevée car les statistiques ne prennent pas en compte les transferts informels, évalués entre 80 et 100 milliards de dollars par an pour une diaspora (africaine) d'environ 30 millions d'individus"  (Tidiane Diakité et Nathalie Mounier, L’immigration n’est pas une Histoire sans paroles, Les Oiseaux de Papier).


A cela s’ajoute la formation des jeunes Africains dans les universités, instituts et écoles spécialisées, autant de relais potentiels pour la France en Afrique.

 

Malgré tout, la frontière entre la France et l'Afrique ne doit pas être une barrière entre les Français et les Africains qui ont tant de choses à se dire ! La France doit savoir puiser dans son histoire et dans la force de son génie les moyens de se rassurer que le "barbare africain" ne s'installera pas en vainqueur sur les décombres de ses maisons, mais qu'ensemble, l'Afrique et la France doivent frayer le chemin du futur.

 

 

 

planete divers012

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commentaires

A
Bonjour,<br /> Je vais vous mettre par écrit la réalité de la vie financière des 70% des travailleurs en France qu'ils soient : NOIRS, BLANCS, ARABES, ASIATIQUES.<br /> Salaire basé sur le salaire minimum appelé le SMIC: 1200 £ NET<br /> (après déductions des cotisations sociales OBLIGATOIRES faites par l'entreprise et versées aux caisses de l'ETAT, soit : caisse primaire assurance maladie, caisse d'allocations familiales,caisse de retraite etc, etc, etc)<br /> <br /> LES DEPENSES INEVITABLES.<br /> LOYER : 600£ par mois en moyenne à Paris.(30 mètres carré pour 2 personnes MAXIMUM)<br /> NOURRITURE: prévoir 130 £ par personne / mois en moyenne<br /> ELECTRICITE: 30 £ / mois en moyenne<br /> GAZ : 20 £ / mois en moyenne<br /> TELEPHONE : 40 £/mois en moyenne<br /> TRANSPORTS en communs : 70 £ / mois et par personne ( métro,bus rer.La moitié de cette somme est remboursée par l'entreprise pour qui on travaille, c'est OBLIGATOIRE à tous les patrons.)<br /> IMPOTS sur les revenus annuels: cela représente à eu près 1 mois de salaire net ; soit 1200 £/AN <br /> TAXE d'habitation :environ 600 £/AN ( calculé suivant la superficie du logement et de la région)<br /> Cela est dans la meilleure des situations , car il faut travailler à tems complet soit:140 heures / mois. Ne pas tomber malade car il faudra rajouter des frais médicaux qui ne seront remboursés quu' 30% car la SECURITE SOCIALE EST EN DEFICIT.<br /> Donc, lorsque vos amis africains qui vivent en France vous disent ; qu'en vivant en France ils sont riches ET BIEN C'est FAUX, ILS VOUS MENTENT!!!<br /> Sachez aussi que 5 millions de personnes (de toutes origines confondues) vivent sous le seuil de pauvreté c'est à dire qu'ils vivent avec MOINS DE 800£/MOIS. Beaucoup d'entres eux, n'ont que le RSA soit 550 $ /mois pour vivre, alors ils ramassent de la nourriture dans les poubelles des magasins, et ramassent aussi des vêtements.<br /> Voilà , maintenant vous savez ce qu'il en est de la vie REELLE en FRANCE.
Répondre
Commentaire bien documenté ; cependant l'anonymat gêne un peu.<br /> Concernant votre affirmation "Donc, lorsque vos amis africains qui vivent en France vous disent ; qu'en vivant en France ils sont riches ET BIEN C'est FAUX, ILS VOUS MENTENT!!!", il y aurait beaucoup à dire. TD