ENTRE MORTS ET VIVANTS, ÉTONNANTES RÉSONANCES
Chaîne de la vie ou identité première des peuples
Thème éternel et universel que celui des rapports entre les morts et les vivants.
Quelle place pour les Ancêtres parmi les vivants ? Quel rôle de ceux qui ne sont plus auprès de ceux qui sont encore ?
Où sont-ils ? Que font-ils ?
Vision
Du poète africain au scientifique européen.
Souffles
Ecoute plus souvent
Les Choses que les Etres
La Voix du Feu s'entend,
Entends la Voix de l'Eau.
Ecoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots :
C'est le Souffle des Ancêtres.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l'Ombre qui s'éclaire
Et dans l'ombre qui s'épaissit.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans l'Arbre qui frémit,
Ils sont dans le Bois qui gémit,
Ils sont dans l'Eau qui coule,
Ils sont dans l'Eau qui dort,
Ils sont dans la Case, ils sont dans la Foule
Les Morts ne sont pas morts.
Ecoute plus souvent
Les Choses que les Etres
La Voix du Feu s'entend,
Entends la Voix de l'Eau.
Ecoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots :
C'est le Souffle des Ancêtres morts,
Qui ne sont pas partis
Qui ne sont pas sous la Terre
Qui ne sont pas morts.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans le Sein de la Femme,
Ils sont dans l'Enfant qui vagit
Et dans le Tison qui s'enflamme.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans le Feu qui s'éteint,
Ils sont dans les Herbes qui pleurent,
Ils sont dans le Rocher qui geint,
Ils sont dans la Forêt, ils sont dans la Demeure.
Ecoute plus souvent
Les Choses que les Etres,
La Voix du Feu s'entend.
Entends la Voix de l'Eau
Ecoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots,
C'est le Souffle des Ancêtres.
Il redit chaque jour le Pacte,
Le grand Pacte qui lie,
Qui lie à la Loi notre Sort,
Aux Actes des Souffles plus forts
Le Sort de nos Morts qui ne sont pas morts,
Le lourd Pacte qui nous lie à la vie.
La lourde Loi qui nous lie aux Actes
Des Souffles qui se meurent
Dans le lit et sur les rives du Fleuve,
Des Souffles qui se meuvent
Dans le Rocher qui geint et dans l'Herbe qui pleure
Des Souffles qui demeurent
Dans l'Ombre qui s'éclaire et s'épaissit,
Dans l'Arbre qui frémit, dans le Bois qui gémit
Et dans l'Eau qui coule et dans l'Eau qui dort,
Des Souffles plus forts qui ont pris
Le Souffle des Morts qui ne sont pas morts,
Des Morts qui ne sont pas partis,
Des Morts qui ne sont plus sous la Terre.
Ecoute plus souvent
Les Choses que les Etres,
La Voix du Feu s'entend,
Entends la Voix de l'Eau
Ecoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots,
C'est le Souffle des Ancêtres.
Birago Diop, Leurres et Lueurs.
« Quand la mémoire va chercher du bois mort
elle ramène le fagot qui lui plaît »
Birago Diop
Les morts, racines des vivants
« L’ensemble des idées, des sentiments que tous les individus d’un même pays apportent en naissant, font l’âme d’un peuple. Invisible dans son essence, cette âme est très visible dans ses effets, puisqu’elle régit en réalité toute l’évolution d’un peuple.
On peut comparer un peuple à l’ensemble des cellules qui constituent un être vivant. Ces milliards de cellules ont une durée très courte alors que la durée de l’être formé par leur union est relativement longue. Cette dernière est celle du peuple dont il est né, qu’il contribue à perpétuer, et dont il dépend toujours. »
Gustave Le Bon
Ils guident les vivants
« Le peuple est donc considéré comme un être permanent, affranchi du temps. Cet être permanent est composé non seulement des individus vivants qui le constituent à un moment donné, mais aussi de la longue série des morts qui furent ses ancêtres. Pour comprendre la vraie signification du peuple, il faut le prolonger à la fois dans le passé et dans l’avenir. »
Plus nombreux et plus puissants
« Infiniment plus nombreux que les vivants, les morts sont aussi infiniment plus puissants qu’eux. Ils régissent l’immense domaine qui tient sous son empire toutes les manifestations de l’intelligence et du caractère.
C’est par ses morts, beaucoup plus que par ses vivants qu’un peuple est conduit. C’est par eux seuls qu’il est fondé. Siècle après siècle, ils ont créé nos idées et nos sentiments, et, par conséquent, tous les mobiles de notre conduite. »
Les seuls maîtres
« Les générations éteintes ne nous imposent pas seulement leur condition physique, elles nous imposent aussi leurs pensées. Les morts, sont les seuls maîtres incontestés des vivants. Nous portons le poids de leurs fautes, nous recevons la récompense de leurs vertus… »
Gustave Le Bon
« Certes, un sujet merveilleusement vain,
divers et ondoyant, que l’homme. »
Montaigne