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26 août 2012 7 26 /08 /août /2012 10:14

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Ce que « croissance »recouvre en Afrique

 

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De quelle croissance s’agit-il ?

 

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L’Afrique est aujourd’hui la région du monde la mieux dotée en ressources naturelles. L’inventaire donne le tournis.

 

« Avec plus de 60 types de métaux et minerais recensés dans son sous-sol, l’Afrique possède 30% des réserves minières mondiales : 89% pour le platine, 81% pour le chrome, 61% pour le manganèse, 60% pour le cobalt, 40% pour l’or, 30% pour la bauxite, 24% pour le titane, 9% pour le cuivre ». (World Golden Council).

 

A cela s’ajoutent bien d’autres ressources pour lesquelles l’Afrique occupe un rang plus qu’honorable : « uranium, diamant, pétrole, gaz, bois… » » (voir T. Diakité, ch.1 : Richesse et pauvreté, le paradoxe africain, in 50 ans après, l’Afrique, Arléa).

 

Ces ressources abondantes facilement accessibles grâce au progrès des transports sont exploitées à peu de frais par les grandes puissances. C’est en Afrique qu’elles peuvent signer les contrats les plus favorables, certaines ressources (tout comme des terres) étant bradées par des dirigeants africains. Ces puissances sont donc toujours gagnantes.

 

Une véritable frénésie s’empare ainsi des grandes puissances et des principaux pays émergents (Chine, Inde, Brésil) pour les ressources naturelles du continent africain. Les conditions favorables d’exploitation ainsi que les profits colossaux réalisés( aussitôt rapatriés) sont une motivation supplémentaire dans cette nouvelle ruée vers l’Afrique. C’est l’une des principales explications des chiffres impressionnants et de la variété des activités sur le continent.

 

La compétition que se livrent tous ces protagonistes, chacun voulant s’approprier, sinon la totalité, du moins la plus grosse part du gâteau, génère les flux les plus denses en direction et en provenance de l’Afrique. « Les performances économiques des pays du continent restent intimement liées aux revenus qu’ils tirent de leurs ressources, notamment minières et pétrolières. Dans la plupart des sept Etats subsahariens exportateurs de pétrole, le dynamisme de la demande mondiale de brut alimente une hausse de la production. » (Jeune Afrique, l’état de l’Afrique, Hors-série n°30, 2012). Et ce dynamisme est lui aussi impressionnant.

 

etoile 042Quelques exemples :

 

gif anime puces 601Dans le domaine des mines, « l’Australie s’apprête à investir plus de 40 milliards de dollars en Afrique dans les prochaines années, a déclaré récemment le ministre australien des Affaires étrangères, Bob Carr, en prélude à une conférence avec les ministres africains des mines, prévue fin août dans son pays.

 

Beaucoup d’entreprises australiennes sont impliquées dans le secteur des industries extractives en Afrique. D’après le site international du ministère des Affaires étrangères australien, il y aurait plus de 300 entreprises disséminées à travers 30 pays du continent africain.

 

En Afrique de l’ouest, l’effervescence du secteur a poussé l’Australie à nouer récemment des liens diplomatiques avec les pays francophones, matérialisés par l’ouverture d’une première ambassade à Dakar. »

 

Cette croissance mirobolante, constatée et soulignée en Afrique, est le résultat de cet engouement des étrangers pour les richesses du continent. Plus qu’une ruée, c’est une guerre féroce plus ou moins feutrée, entre grandes puissances et pays émergents, chacun voulant s’assurer l’exclusive ; les ressources, objet de cette mêlée, étant, jusqu’à une date toute récente, exclusivement réservées aux anciennes puissances colonisatrices du continent.

 

gif anime puces 601La Chine, qui tire 30% de sa consommation de pétrole d’Afrique, est particulièrement active dans l’exploitation de ses ressources naturelles. Fortement implantés dans 48 Etats sur 54, depuis 2000, les Chinois y déploient une activité d’une ampleur sans précédent dans l’histoire du continent.

 

gif anime puces 601Le tragique événement survenu en Afrique du Sud : la mort de 34 mineurs grévistes, tués par la police lors d’une manifestation le 16 août 2012, trouve son origine dans cette exploitation à peu de frais et à outrance des ressources naturelles. En Afrique, l’absence de mouvements sociaux et de syndicalisation des travailleurs constitue également un de ces avantages dont jouissent les exploitants étrangers.

 

« Rien n’illustrait mieux les déchirures d’hier [dans ce pays] que le secteur minier : les contremaîtres blancs y étaient arc-boutés sur leurs privilèges et la main-d’œuvre noire courbant l’échine dans les entrailles de la terre demandait sa part du gâteau. La société Lonmin (dont le siège est à Londres), propriétaire du site, menaçait, après la tuerie, de licencier les grévistes). » (Le Monde, 23 août 2012).

 

Le Monde, insistant sur le manque de compassion des responsables de cette société, rappelle les propos de son fondateur, Tiny Rowland, « Je n’ai pas besoin de respectabilité, mais de bénéfices et d’affaires qui tournent. »

 

Tous ces facteurs cumulés engendrent ces chiffres enviables de la croissance (de 5 à 8%) dans nombre d’Etats africains qui impressionnent des observateurs de l’Afrique d’aujourd’hui. Cela ne signifie pas que les Africains ne tirent aucun profit de la situation, mais qu'il   faut éviter la confusion entre croissance et développement s’agissant de l’Afrique. La RDC (République « dite » démocratique du Congo) qualifiée de « scandale géologique », tant son sous-sol regorge des ressources minières les plus précieuses et les plus recherchées, est également l’un des pays les plus pauvres de la planète (indice de développement humain 2011 : 0,286 ; rang mondial : 187e sur 187), malgré la concentration extrême d’activités de sociétés étrangères sur son sol.

 

etoile 042La question :

 

fleche 026Quel pourcentage de cette croissance profite aux Africains ?

 

fleche 026Quelle part les profits générés comptent-ils dans les projets de développement du continent ?

 

Que des Portugais, en mal d’emploi chez eux, aillent à l’aventure en Angola pour s’y faire une situation ou un peu de fortune, ne signifie guère que l’Angola (1er producteur africain de pétrole) soit aujourd’hui plus avancé ou plus développé que le Portugal. Les Portugais, comme d’autres, tout au long des siècles écoulés, ont pris l’habitude de venir manger la laine sur le dos du mouton africain.mouton6

 

 

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Le Développement est un tout, par de -là la croissance et même le développement économique ; il implique l’homme dans sa totalité, qui doit en être le centre et l’aboutissement. Il ne peut y avoir de développement hors de l’humain.

 

Aujourd’hui les conditions pour le Développement, synonyme de bien-être matériel, social, spirituel, moral, bref épanouissement de l’homme ,ne sont pas réunies en Afrique subsaharienne. C’est avec cette réalité qu’il convient de mettre en rapport le discours sur les chiffres de la croissance en Afrique.

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commentaires

L
<br /> Les chiffres, qui d'ordinaire ont du mal à entrer dans ma cervelle, sont ici saisissants et leur éclat, aveuglant, est rehaussé par le contexte de pensée<br /> humaine qu'apporte l'auteur, historien et humaniste profondément. Déformation professionnelle de ma part, je serais tenté de mettre une note (ah, ces enseignants !) : la meilleure possible<br /> accompagnée de remarques enthousiastes. Hélas, on pourrait enlever une centième de point en raison de la gloutonnerie (semble-t-il) de Tidiane, qui apparemment n'hésite pas à manger de la<br /> laine et à en faire manger à dautres, sur le dos des moutons. Pardon pour l'ineptie de cette remarque et bravo pour VOTRE profondeur de pensée. Amitié, Luc.<br />
Répondre
<br /> <br /> Cher Luc, merci  pour l'humour de ce commentaire par ces temps de morosité. Cela revigore le moral.<br /> <br /> <br /> Amitiés. TD<br /> <br /> <br /> <br />