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18 janvier 2015 7 18 /01 /janvier /2015 09:14

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AUX ORIGINES DE L’ABSOLUTISME EN FRANCE  

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L’État chevillé au corps : deux pionniers du centralisme de l’État français : Richelieu et Mazarin  

 

Mazarin

Le cardinal Mazarin (1602-1661)

 

gif anime puces 025Le favori de la reine. Un Premier ministre souple et zélé

 

À la mort de Louis XIII, son fils, le futur Louis XIV, a moins de 5 ans. Le testament du défunt roi confie la régence à la reine Anne d’Autriche, en plaçant cependant auprès d’elle un conseil qui doit décider de toutes les affaires du royaume, à la « pluralité des voix ».

Mais, Anne d’Autriche fit casser ce testament par le Parlement (si durement traité par Richelieu et qui voyait son heure venue de relever enfin la tête). Il laisse toute liberté à la régente « avec pourvoir pour la reine, de faire choix de telles personnes que bon lui semblerait pour délibérer sur les affaires qui leur seraient proposées ».

 

Anne d'Autriche

Anne d’Autriche

 

Cependant, contre toute attente et au grand dam du Parlement et des Grands du royaume, Anne d’Autriche porte son choix sur Jules Mazarin (issu d’une ancienne famille de Sicile, installée à Rome), ami de Richelieu honni naguère de ces mêmes Grands et parlementaires, et duquel elle fit son Premier ministre. Là réside la source d’un long conflit opposant le cardinal à ces coriaces adversaires.


Anne d'A & Mazarin

Anne d’Autriche et Mazarin

 

gif anime puces 025L’entente cordiale

Entre la régente et son Premier ministre, c’est l’entente parfaite. Régnant en maître sur l’esprit et le cœur de la reine, Mazarin est bien plus maître de la France que ne l’a jamais été Richelieu.

Le jeune Louis XIV lui voue par l’entremise de sa mère, déférence et soumission.

Négligeant l’éducation livresque du jeune roi, Mazarin s’occupe, en revanche, au plus haut point, et avec un soin particulier, de son éducation politique ; là est sans doute le secret de sa puissance.

Mazarin procède, comme jadis Richelieu, à la mise au pas du Parlement et des Grands, ce qui va de pair avec l’affirmation de l’autorité de l’État, c’est-à-dire celle du roi.

Mais l’opposition au cardinal est puissante. Elle s’incarne dans un mouvement très complexe de contestation : la Fronde, terme qui désigne une période de troubles et de guerre civile s’étendant de 1648 à 1652, pendant la minorité de Louis XIV, l’enjeu étant le partage du pouvoir, une lutte sans merci entre le projet de monarchie absolue et la volonté des Grands et du Parlement d’obtenir une partie du pouvoir, et décider de la conduite des affaires du pays.

D’autre part, les impôts, toujours plus divers et plus lourds, nourrissent le ressentiment du peuple à l’égard du cardinal.

L’opposition à la personne de Mazarin et à sa politique alimente ainsi cette guerre civile et explique sa durée et son âpreté.

Souple, mais tenace dans ses convictions, très ambitieux, le cardinal subit sans se troubler, les pires affronts ; avide de biens matériels et de profits juteux pour lui-même et pour sa nombreuse famille, il se constitue une immense fortune et marie ses nièces dans les plus grandes familles du royaume.

Fin diplomate, Mazarin a su mettre ses qualités au service du roi et triompher de la Fronde comme des ennemis de l’extérieur. Malgré tout, son impopularité reste grande dans le pays.

Les nombreuses chansons qu’inspire l’hostilité à sa personne et à sa politique disent assez cette immense impopularité.

 

gif anime puces 025Les Mazarinades, expression d’une impopularité


gif anime puces 583Une « MAZARINADE »


Adieu donc, pauvre Mazarin…

Adieu, peste du carnaval.

Adieu, beau, mais méchant cheval.

Adieu, l’oncle aux Mazarinettes (1)

Adieu, cause de nos ruines…

Adieu, l’abbé à vingt chapitres. (2)

 

Adieu, seigneur à mille titres. (2)

Adieu, des ministres le chef.

Adieu, gouvernail de la nef.

Adieu, timon de ma brouette.

Adieu, ma plaisante chouette

Adieu, l’esprit de fourberie.

 

Par un blocus depuis deux mois,

Par la cherté de la farine,

Par la crainte de la famine,

Par la perte de nos trafics,

Par la réforme des tarifs,

Dont nous gardons le souvenir…

 

Enfin par toutes nos misères

Allez sans jamais revenir.

 

(1)Allusion aux nièces du cardinal.

(2)Mazarin cumulait de nombreux « bénéfices » ecclésiastiques, ainsi que les titres des terres nobles qu’il avait achetées.

 

(Texte composé après la première fuite de Mazarin, lors de la Fronde du Parlement, 1648. La deuxième fuite a lieu en 1651, lors de la Fronde des Princes.)

 

Si l’image du cardinal subit longtemps les affres de la Fronde, Louis XIV, en revanche, en tira la leçon qui guidera la pratique future de son métier de roi. En accédant au pouvoir personnel en 1661 (date de la mort de Mazarin), il prit la résolution de contenir les parlements, d’écarter la noblesse de la politique et de faire de la monarchie absolue de principe, une monarchie personnelle, où le roi, par son Conseil, administre directement le royaume et impose l’obéissance à tous ses sujets, au premier rang desquels les nobles et les parlementaires. Louis XIV définit ainsi lui-même sa politique et la philosophie  de son action.

 

Le pouvoir absolu selon Louis XIV

Le pouvoir absolu selon Louis XIV

 

gif anime puces 025La marche vers l’absolutisme

Mazarin lui en a sans doute facilité la tâche par les leçons et préceptes prodigués au jeune roi. Comme Richelieu (qui créa les intendants, « l’œil et l’oreille du roi en sa province » (ancêtres des actuels préfets), il fit de ces intendants un instrument du pouvoir royal et de sa centralisation, après les avoir rétablis.

La création des intendants par Richelieu fut en effet une véritable révolution dans l’administration des provinces. Mazarin profita de cet outil exceptionnel de surveillance étroite du royaume, support incontestable de la centralisation et de l’absolutisme.

  

 

 

gif anime puces 025Le cardinal promoteur de la culture

 

Mais, le cardinal Premier ministre ne fut pas un simple manœuvrier au service du roi ; il imprima aussi sa marque sur l’histoire du pays par l’attention constante portée aux Arts et aux Lettres ainsi qu’au raffinement culturel.

 

La-Mazarine.jpg

La Mazarine

 

En cela le cardinal fut aussi l’émule de son éminent devancier.

Il s’illustra de façon ostensible comme protecteur des lettres, accorda une pension à des écrivains, Descartes entre autres, même pendant la retraite de celui-ci en Hollande.

fleche 026Il créa une magnifique bibliothèque : la « Mazarine » pour « la commodité des gens de Lettres et du savoir ».

fleche 026Il fonda le collège des Quatre Nations (actuel Palais de l’Institut), destiné à recevoir les élèves de l’Université appartenant aux provinces espagnole, italienne, allemande et flamande, nouvellement réunies au royaume de France.

Le cardinal avait un goût prononcé pour les arts et se plaisait à collectionner merveilles et curiosités.

Il fit venir d’Italie un grand nombre de tableaux, mais aussi des acteurs, des machinistes, qui introduisirent l’opéra en France.

fleche 026Il fonda en 1655, l’Académie de peinture et de sculpture.

fleche 026Il fonda l’Académie des Sciences de Paris.

 

Avant sa mort, le 9 mars 1661, il prit soin de présenter à Louis XIV, son collaborateur Jean-Baptiste Colbert, qui sera lui aussi un favori de grand talent, un commis hors norme, autre pilier de l’absolutisme au service du roi et de l’État.

 

tombeau-de-Mazarin1.jpg

Le tombeau de Mazarin

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