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15 juillet 2012 7 15 /07 /juillet /2012 09:54

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Autopsie des peuples colonisés.

Discours du gouverneur général Brévié

 

bouton 007Importance des administrateurs, commandants des cercles et chefs de subdivision, et des chefs indigènes de provinces et de canton.

 

gif anime puces 251« Le cadre des administrateurs et des affaires civiles, — on ne le répétera jamais assez, — est l'élément fondamental de notre organisation coloniale parce qu'il assure et le passage du courant civilisateur et la prise de contact avec la masse indigène qui demeure le facteur essentiel de la mise en valeur du pays.

 

On peut se rendre compte de la complexité et de la difficulté du rôle qui échoit aux administrateurs quand on se représente la diversité des races disséminées dans notre Afrique occidentale. Pour ses expériences de colonisation, la France possède là un des claviers humains les plus variés qui existent au monde. Tous les états de civilisation dont l'évolution dans le temps demande des millénaires de lente gestation y coexistent dans l'espace, à des stades divers de développement. De l'individualisme farouche du Lobi adonné à la poursuite du gibier dans la forêt, comme l'homme de l'âge de pierre, à la mentalité des sujets évolués de la côte, quelle distance ! Et que d'états sociaux intermédiaires auxquels on pourrait assigner un âge précis dans l'histoire. Les Touaregs, représentants de la civilisation méditerranéenne des premiers âges dont ils conservent encore l'alphabet et les traditions archaïques au cœur du Sahara inviolable. Les Foulbé (peuls), proches parents, peut-être descendants directs, des populations nilotiques dont ils restituent fidèlement le type, qui vivent en marge des autres races, méfiants, distants, impénétrables, dans une affectation d'aristocratie hautaine. Les Maures, ardents, intelligents, avides, capables de s'adapter presque instantanément aux nécessités de la vie moderne pour peu qu'ils y voient un intérêt. Les robustes populations paysannes de la Volta et du  Soudan encore frustes mais si fortement attachées à la terre. Les riverains du golfe de Guinée qui s'accommodent des plus déconcertantes antinomies, associant leurs vieilles croyances fétichistes aux religions européennes et aux plus invraisemblables idéologies en des synthèses inattendues. Enfin les vieilles populations sénégalaises, auxiliaires de notre effort colonisateur depuis le début, qui s'élèvent progressivement vers un équilibre de civilisation supérieure.

 

Au total, ils sont plus de 13 millions, ces administrés de la France en Afrique occidentale française dirigés par un millier de fonctionnaires de commandement (administrateurs et affaires civiles), soit : un Français pour 13000 indigènes. Est-il meilleure démonstration, que l'énoncé de ce simple chiffre, de la profonde sympathie et de la compréhension réciproque des éléments colonisateur et colonisé ?

 

Du point de vue statique, donc, notre œuvre est solide. Mais il faut tirer de cette puissance le maximum d'effort dynamique en vue des réalisations économiques et sociales que nous envisageons comme les buts de notre activité colonisatrice.

 

Ici se pose la question des cadres indigènes. Or, il faut le reconnaître, ceux-ci sont tout à fait insuffisants. La faute en est à nous-mêmes qui, constatant la grande docilité de nos sujets, avons parfois caressé le projet déraisonnable de les soumettre au procédé dit « de l'administration directe ». Mais quelle action éducatrice un Européen pouvait-il avoir sur 13000 indigènes dont il ignorait le plus souvent la langue et avec lesquels il lui était matériellement impossible d'entrer en contact direct ? Ce système permit de percevoir les impôts, de tracer quelques pistes, sans plus; il ne réussit pas à amorcer une évolution de la société indigène. On eut recours alors aux chefs locaux, qui, instruits de nos intentions et de nos buts, avaient pour mission de les faire comprendre par la masse. Mais les plus éminents d'entre eux avaient été brisés par la conquête.

 

N'oublions pas surtout que ces chefs seront d'autant mieux obéis que nous leur accorderons plus de considération et que nous les traiterons avec plus d'égards. Leur prestige est inséparable du nôtre.

 

S'ils sont utiles comme auxiliaires de notre action civilisatrice, les chefs sont indispensables comme cadres de la société indigène. Partout où ils n'existent pas, nos initiatives se perdent dans le vide. Dans les collectivités primitives, — et celles-ci sont encore nombreuses en Afrique, — qui n'ont pas dépassé le stade du patriarcat, l'homme ne trouve jamais le champ nécessaire pour se développer jusqu'à l'individualisme intégral. Il demeure, sa vie durant, la partie d'un tout ; il est essentiellement un être collectif; son centre nerveux est extérieur à lui-même. C'est le patriarche, le chef de village ou le chef de tribu dont les ordres commandent ses réflexes sociaux. Séparé de ce chef, il n'est plus qu'une cellule isolée détachée de son agrégat physiologique et nerveux. Dans les collectivités de cet ordre, la présence du chef est indispensable, de même que, dans les sociétés supérieures où les individus se sont libérés du communisme familial et ont conquis l'intégrité complète de leur personnalité, les institutions représentatives sont l'armature indispensable du groupement social. »

(Extrait du discours du gouverneur général Brévié au Conseil de gouvernement. - Décembre 1930.). Dakar. A.O.F

 

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gif anime puces 025Jules Brévié : Gouverneur général de l’AOF de 1930 à 1936, fut malgré tout un colonial éclairé.

 

Précédemment commandant de cercle au Niger, puis à Bamako, au Soudan français (actuel Mali), il se montra curieux du passé des peuples d’Afrique. Au Soudan (Mali), il découvrit, en 1904, un important site archéologique à Tondidarou, près de Niafunké, au sud de Tombouctou. Convaincu dès lors que ce pays recèle de fabuleux vestiges du passé, il plaida pour « une vision scientifique de la colonisation ». Il ne cessa depuis de rechercher les moyens de développer la scolarisation et l’éducation. « La colonisation doit devenir affaire de méthode, de calcul, de prévision, et, pour tout dire, de science », proclame-t-il.

 

Mais ses efforts furent contrariés par la grande crise économique des années 30, ainsi que par le contexte politique de l’Europe de ces années.

En 1936, il créa l’IFAN (Institut Français d’Afrique Noire), le premier et le plus important centre de documentation et de recherche pluridisciplinaire sur toute l’Afrique noire basé à Dakar, dont il souhaitait faire la "mémoire de l'Afrique noire", et qui est devenu depuis les indépendances « l’Institut Fondamental d’Afrique Noire ».

 

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AOF : Afrique Occidentale Française, ensemble de 8 colonies, 8 fois la superficie de la France

 

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12L’administration coloniale française fut une construction méthodique à plusieurs étages.

 

organigramme1

 

Le système colonial français choisit l’administration directe, qui devait, selon la logique de l’idéologie fondatrice du 19e siècle, aboutir à « l’assimilation » des colonisés, contrairement au système anglais fondé sur l’administration indirecte « indirect rule » et dont l’assimilation n’était pas l’objectif premier.

 

Comme le laisse supposer le gouverneur Brévié, l’administration coloniale française n’aurait jamais pu fonctionner en Afrique de l’Ouest sans l’utilisation de milliers d’auxiliaires, du chef de village au chef de canton, véritable colonne vertébrale du système, et indispensable courroie de transmission entre le colonisateur et la masse des indigènes.

 

Le plus souvent illettrés (ou anciens combattants de la 1ère guerre mondiale à demi lettrés), la position de ces auxiliaires n’était pas toujours des plus confortables. Il s’établit, en effet, entre ces « associés » de fait de l’œuvre coloniale, et le reste de la population, une distance qui brouilla parfois les repères de celle-ci et sa vision traditionnelle du chef. Ces intermédiaires peu coûteux pour le budget des colonies étaient par ailleurs tenus à  distance par le colonisateur, en même temps qu’ils étaient objet de méfiance, de suspicion, parfois d’incompréhension de la part de leurs frères colonisés.

 

Quand, dans les années 1940, les premiers intellectuels et fonctionnaires africains au service de l’administration coloniale apparaîtront et constitueront une nouvelle catégorie (toujours sujets coloniaux au même titre que la masse analphabète), leur position ne fut pas non plus  des plus faciles vis-à-vis du colonisateur comme des administrés. Ils sont tenus à bonne distance par le colonisateur d’un côté, suspectés de complicité par les masses africaines de l’autre.

 

Il apparaîtra ainsi un clivage social à plusieurs niveaux, notamment entre les anciennes et les nouvelles générations de colonisés.

 

Cette stratification des situations et l’accumulation des catégories sociales aboutiront à un bouillonnement politique au lendemain de la 2e guerre mondiale qui s’accentuera jusqu’aux indépendances des années 1960.

 

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commentaires

C
<br /> Voir Blog(fermaton.over-blog.com)No.20 - THÉORÈME de la CHUTE. - Chute de l'empire Romain et des empires ?<br />
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C
<br /> Voir Blog(fermaton.over-blog.com)No.20 - THÉORÈME de la RÉSONANCE . Le champ de la Conscience.<br />
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