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23 mars 2008 7 23 /03 /mars /2008 11:00



LA FEMME AFRICAINE OU LES FEMMES EN AFRIQUE ?

     La prégnance de l’islam dans les sociétés musulmanes d’Afrique est la plus forte. A la différence du catholicisme où hommes et femmes partagent le même espace à la messe ou hors des cérémonies rituelles en général, l’islam sépare hommes et femmes. Aux dernières, l’entrée des lieux de culte, la mosquée en l’occurrence, est interdite ou conditionnée à un certain nombre de critères strictement définis dont celui de l’âge. Entre les hommes et les femmes, l’islam « érige un espace fortement structuré entre les deux sexes : l’intérieur de la maison, le dedans est le royaume de la femme, elle-même, domaine secret de l’homme ; le dehors, c’est le champ d’action réservé au monopole masculin. Et tout chevauchement de ces espaces est limité et contrôlé par une multitude de rites »( MERMISSI (Fatima), Sexe, Idéologie, Islam, Paris, éditions Tierce, 1983.).

Contrairement au catholicisme par ailleurs, l’islam autorisait l’homme à « prendre » jusqu’à quatre épouses s’il en avait l’envie et les moyens. Comme le christianisme, il s’opposait à la grande liberté sexuelle accordée aux jeunes filles avant le mariage dans nombre de sociétés traditionnelles. Or, le continent se trouvait équitablement coupé en deux avec au Nord de l’équateur des populations majoritairement musulmanes et au Sud, des populations majoritairement chrétiennes.

La période coloniale ne fut pas celle de l’émancipation des femmes en Afrique. La promotion de la femme africaine resta en chantier.

De même que la colonisation ne fut pas un rempart protecteur des femmes contre les abus et l’arbitraire des hommes, elle ne leur assura pas non plus une promotion par l’instruction et la formation. Si l’école coloniale, en théorie, ouvrait ses portes à tous les enfants des deux sexes, la scolarisation des filles souffrit d’un déficit chronique. En effet, beaucoup de parents (surtout dans les sociétés musulmanes, mais aussi dans les zones rurales) s’opposaient avec vigueur à toute idée de scolarisation des filles. Près d’un demi-siècle après la décolonisation, cette carence marque toujours le système scolaire de la plupart des Etats africains. Dans les écoles africaines encore aujourd’hui, les écolières manquent à l’appel. Pour l’ensemble du continent, seules 57% des filles suivent les cours du cycle primaire contre 62% des garçons (chiffres de 2002). Ce déséquilibre est fortement accentué dans le secondaire et le supérieur.

Dans cette Afrique contemporaine, les handicaps qui freinent la scolarisation des filles sont nombreux. Ils sont matériels : ce sont surtout des difficultés de transports en zones rurales principalement (mais aussi dans les villes), peu équipées en établissement d’enseignement scolaire et en infrastructures de transport. Les handicaps sont aussi sociaux : le poids des occupations ménagères, la corvée d’eau (nécessité de longs déplacements quotidiens à la recherche de l’eau principalement en pays sahéliens), s’ajoutant aux travaux des champs, laissent peu de temps et de disponibilité pour suivre les cours d’enseignement. L’indifférence et l’hostilité de certaines familles parfois motivées par des frais scolaires exigés en maints pays, constituent un de ces obstacles.

Enfin, des freins socioculturels, la persistance dans les mentalités de l’image traditionnelle de la femme, incompatible avec l’école et ses valeurs, barrent le chemin de l’instruction et de la formation à des millions de jeunes africaines.

Ces handicaps conjugués freinent aussi l’accès en nombre des femmes aux fonctions politiques ou à la sphère publique. La majorité des femmes africaines ne participent guère ainsi à la vie politique faute d’une formation suffisante à cause de pesanteurs sociales multiples.



 

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