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6 décembre 2020 7 06 /12 /décembre /2020 10:04

ÉRASME : CITOYEN DU MONDE AU SERVICE DE L’HUMANITÉ, DE LA CULTURE, DE LA PAIX (3)

Didier Érasme (1469 -1536)

Qui est Érasme ?

La singularité de sa forte personnalité fut soulignée par ses contemporains mais surtout par ses biographes des temps passés, comme de nos jours. Cela lui valut sans doute incompréhension, voire opposition ou forte animosité, mais, à l’inverse, chez d’autres, une forte adhésion à sa pensée, sa philosophie, sa vision des autres…

 

Érasme lui-même a su tisser des réseaux vivants, dynamiques, s’attacher des correspondants qui ont fidèlement servi sa cause, y compris au sein de l’institution ecclésiastique et théologique.

Il sut cependant se tenir à bonne distance entre les adulateurs zélés et les dogmatiques non moins zélés et garder jusqu’à la fin de sa vie cette neutralité respectueuses de tous, et surtout de sa ligne principale de conduite. En effet, il s’est toujours voulu au service de toute l’Humanité, quelles que soient les impatiences et les incompréhensions. Fidèle à ses convictions, il le demeura jusqu’au bout.

 

 

La fidélité à ses principes comme règle de vie

Un des traits de caractère parmi les plus remarqués chez Érasme, c‘est le refus de toute compromission quoi qu’il lui en coûte.
C’est sans doute ce trait de caractère qui l’amène à refuser la toge de cardinal que lui offre le Pape Paul III (1535).
Il n’y a rien d’étonnant à ces refus opposés au Pape, car la pensée d’Érasme reste effectivement l’une des plus singulières à plus d’un titre

Pour lui, en effet, l’homme c’est l’Homme Universel. « L’Homme Universel » formule maintes fois employée dans ses écrits et lors de ses conférences. Ceci signifiait pour lui, dans sa philosophie, comme dans son mode de vie, que l’homme où qu’il soit est relié à tous les hommes de tous les temps.

Sa pensée, par conséquent, dépasse le christianisme (bien qu’il soit chrétien lui-même), dépasse l’Europe pour prendre la mesure du monde.
L’Universel est son lieu de prédilection. Dans ces conditions, comment tenir dans les limites d’un dogme ?

 

 

 

Une vision universelle de l’homme et des choses

Luther dira plus tard de lui :

« Les choses de ce monde ont pour lui plus d’importance que les choses divines. »

Cette singularité d’Érasme, presque en toute chose, se justifie-t-elle dans l’époque précise (elle aussi si singulière — Oh combien !) par rapport à celle qui a précédé et celle qui va suivre la vie d’Érasme ?

Né en 1469 et mort en 1536, l’essentiel de sa vie se situe dans la période de la naissance et l’épanouissement de la Renaissance italienne et européenne, celle de l’Humanisme triomphant, qui rompt avec l’ancien système de pensée et de conception de l’humanité.

Mais, la Renaissance, c’est surtout une période de bouillonnement intellectuel et culturel sans précédent en Europe.

 

 

La revanche de l’individu sur le collectif et l’anonymat

Ce bouillonnement culturel, qui libère la pensée de l’individu, correspond également à un bouleversement social, politique…
C’est véritablement une période de transition qui ne cède en rien à celle que nous traversons : une période de transition, de chamboulement.
La période où a vécu Érasme correspond précisément à cette époque de bouillonnement qui, en plus, a vu s’élargir la place de l’Europe dans le monde.
En effet, l’élan pris par ce continent sur le reste du monde, ira s’amplifiant, pour culminer au 19e siècle, avec la « révolution industrielle », la colonisation pour quelques-unes des principales puissances européennes dans la deuxième moitié du 19e siècle.
Cette marche de l’Europe vers le reste du monde est ponctuée de dates mémorables.

 

L’Europe technicienne à l’assaut du monde

En même temps, partout sur le continent européen, les idées nouvelles fleurissent, bousculant les vieilles pensées, les vieilles cultures…

—1486 : Bartholomé Diaz est le premier Européen à atteindre le Cap de Bonne Espérance.
—1492 : Christophe Colomb atteint les îles américaines.
—1497 : Jean Cabot longe les côtes du Labrador et de Terre-Neuve.
—1498 : Vasco de Gama ouvre la route des Indes.
—1500 : Pedro Alvares Cabral découvre le Brésil.
—1522 : Fernand de Magellan, pour la première fois, a accompli le tour du monde.

 

 

 

Certes, Érasme n’a pas de part directe dans ces voyages de découvertes extraordinaires pour l’époque, mais comment ne pas partir de sa vision de l’Europe et du monde, de sa lutte incessante et acharnée pour libérer l’esprit des hommes, afin de laisser libre cours aux possibilités inouïes que chaque homme recèle.

Par ailleurs, s’il fallait chercher l’actualité de la pensée d’Érasme à la fin du 20e et au début du 21e siècle, des similitudes ne manqueraient certainement pas. Entre autres exemples, l’intérêt marqué pour la liberté de l’esprit, pour l’instruction par l’école, la condition des femmes, la recherche en médecine pour venir à bout d’épidémies ou pandémies…

 

 

John Colet (1467-1579)

Un legs immense
L’Universalisme

John Colet, un homme d'Église anglais, est un pionnier reconnu de la pédagogie, ne s’était sans doute pas trompé quand il prophétisait : « Érasme ne périra jamais ».
On pourrait ajouter que les idées d’Érasme n’ont jamais été aussi actuelles qu’en ce 21
e siècle.
Son œuvre désormais patrimoine de l’humanité est immense.

Érasme a beaucoup écrit et beaucoup publié : livres, correspondance (des milliers de lettres), colloques et conférences… chacun de ses livres, lettres et textes de conférences ou de colloques constitue pour la postérité une preuve palpable de son humanisme.

Quelques titres :

L’éloge de la folie.
Les adages .

Colloques.
Éloge de la médecine.

….

Il faut, dit Érasme, que l’idéal patriotique cède la place parce que trop étroit, à l’idéal européen puis international. « Le monde entier en notre patrie à tous ». Jusqu’à son dernier souffle il resta fidèle à son image, sa pensée, sa philosophie, sa conception de la religion. À cet égard, la dernière flèche qu’il décocha peu avant sa mort, fut destinée non à la religion ,,mais au fanatisme religieux qu’il n’a cessé de combattre tout au long de sa vie : « O ! Dieu ! Que d’instincts bestiaux se déchaînent en ton nom ! »

 

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