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3 décembre 2017 7 03 /12 /décembre /2017 08:52

LA LONGUE MARCHE DES FEMMES FRANÇAISES POUR L’ÉGALITÉ HOMMES-FEMMES (2)

1789 : LE RÊVE BRISÉ

Au commencement étaient la séparation et l’inégalité

La longue marche continue

Pour les femmes, sans doute encore plus que pour les hommes, la révolution de 1789 fut un rêve immense. Le rêve d’une transformation radicale de leurs conditions d’existence, l’événement qui devait briser à jamais les chaînes qui les maintenaient rivées à la servitude intérieure et à la loi toute puissante de l’homme : le père, le mari, ou, à défaut, à l’homme à la tête de la famille.

Comment leur participation pouvait-elle manquer à cette manifestation qui devait changer le pays, ses mœurs, ses traditions et décider de leur avenir ? Le rêve des femmes rejoignait celui des paysans, soumis à l’arbitraire du seigneur, aux corvées, à l’impôt injuste… Ils voyaient la Révolution comme l’occasion unique de se libérer de cette vie de misère.

Alors, rien d’étonnant à ce que les femmes et les paysans soient de toutes les luttes aux côtés des révolutionnaires dès 1789, voire avant.

1789 : action et détermination

Les femmes au devant du mouvement révolutionnaire

« Elles immobilisent les voitures au milieu des rues, entourent et gardent les magistrats [royaux] qui sont regroupés toute une nuit. En 1789, elles sont les premières à se rendre à Versailles, symbole du siège de la monarchie absolue [en octobre 1789] pour ramener de force le roi Louis XVI et sa femme Marie-Antoinette à Paris. »

5-6 octobre 1789 : la marche des femmes sur Versailles

Un acte éminemment politique

Contrairement à ce qui est souvent dit ou écrit, la marche des femmes sur Versailles n’est pas motivée par le seul besoin de pain. Il s’agit d’un acte politique conscient. Les femmes souhaitent faire prendre conscience au roi [qui devient alors un Français parmi d’autres] de la situation réelle du pays et de la population. Comment peut-il le faire s’il reste enfermé à Versailles, au milieu de courtisans qui lui cachent cette réalité, le flattent ou le conseillent mal ?

Les femmes entrent ainsi de plain pied dans l’arène politique et ne la quittent plus. Avant, comme après Versailles, elles sont de toutes les manifestations, de leur initiative ou en association avec des manifestants, initiées par les hommes, car c’est pour elles, la révolution de tout le peuple français, sans distinction de conditions ni de sexe.

 

Mais, les hommes ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, la révolution est un acte politique. Or, les femmes n’ont rien à faire en politique, en dehors de leur foyer où elles doivent demeurer. La seule participation attendue d’elles, c’est de tenir leur foyer, faire des enfants qu’elles élèveront dans les principes de la Révolution.

Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789

Les Représentants du Peuple Français, constitués en Assemblée Nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'Homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements, ont résolu d'exposer, dans une Déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'Homme, afin que cette Déclaration, constamment présente à tous les Membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs ; afin que les actes du pouvoir législatif, et ceux du pouvoir exécutif, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés ; afin que les réclamations des citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution et au bonheur de tous.

En conséquence, l'Assemblée Nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Etre suprême, les droits suivants de l'Homme et du Citoyen.

Art. 1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.

Art. 2. Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression.

Art. 3. Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.

Art. 4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.

Art. 5.  La Loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n'est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas.  

Art. 6. La Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. 

Art. 7. Nul homme ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la Loi, et selon les formes qu'elle a prescrites. Ceux qui sollicitent, expédient, exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires, doivent être punis ; mais tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la Loi doit obéir à l'instant : il se rend coupable par la résistance. 

Art. 8. La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une Loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée.  

Art. 9. Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s'assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi.  

Art. 10. Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi.

Art. 11. La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

Art. 12. La garantie des droits de l'Homme et du Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée.

 Art. 13. Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés.

Art. 14. Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée. 

Art. 15. La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration.

Art. 16. Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n'est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution.

Art. 17. La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité.

Les premières fractures

Stupeur ! Ce texte fondamental, de régénération du pays, ne mentionne les femmes dans aucun de ses 17 articles ! Elles en sont profondément surprises et meurtries. Ne  font- elles  pas partie de la nation ? Elles se sentent rejetées par les hommes, méprisées. Même si mot « homme » revêt ici un sens générique, elles ne se retrouvent pas dans ce texte.

Les femmes demandent non pas qu’on leur donne des droits, mais qu’on leur rende leurs droits.

Quelques rares hommes cependant, parmi lesquels Mirabeau, dès le début du mouvement révolutionnaire, avaient souhaité que les femmes trouvent toute leur place aux côtés des hommes dans toutes les actions à mener.

Ainsi, pour Mirabeau : « Tant que les femmes ne s’en mêlent pas, il n’y a pas de véritable révolution. »

D’autres vont encore plus loin et réclament l’égalité « pleine et entière » entre hommes et femmes. Parmi eux, Condorcet, pour qui « le principe d’égalité des droits, doit former le fondement de la Constitution ».

Mais ils étaient minoritaires, et le resteront.

la Constitution de 1791

Cette première Constitution de la France divise les Français en deux catégories de citoyens: ceux qui ont le droit de vote et ceux qui ne peuvent pas participer aux élections.

Ceux qui peuvent voter, sont ceux qui payent une somme d’argent (le cens) équivalent à  la valeur de 3 journées de travail: ils sont dits citoyens actifs.

Les autres, ceux qui ne peuvent payer cette somme sont interdits de vote : ce sont les citoyens passifs. De même que les femmes qui sont interdites de vote car elles ne sont pas citoyennes.

Cette division des Français en citoyens actifs et passifs est supprimée par la Constitution de 1793 qui donne le droit de vote à tous les hommes de plus de 25 ans, sans conditions de ressources. [Mais cette Constitution ne fut jamais appliquée].

1789. La première Constitution du pays ne fait pas des femmes des citoyennes : considérées comme mineures elles ne peuvent voter.

La surprise et l’incompréhension des femmes sont d’autant plus grandes qu’elles avaient été associées à la rédaction des cahiers de doléances décidée par Louis XVI, dans toutes les paroisses, avant 1789 (même si elles ne peuvent, lors de ces séances, qu’exprimer leurs avis et leurs doléances,la rédaction effective était assurée par des hommes).

Autre traitement que les femmes considèrent comme un outrage, l’interdiction qui leur est faite d’accéder aux assemblées publiques politiques (la politique étant une affaire d’homme), seules à certains moments, selon les circonstances, quelques « tricoteuses » pouvaient être admises aux assemblées, mais sans pouvoir d’intervention, ni de décision.

DÉCLARATION DES DROITS DE LA FEMME ET DE LA CITOYENNE  (1791 )

Extraits

PRÉAMBULE

Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la Nation, demandent à être constituées en Assemblée nationale. Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d’exposer, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaltérables et sacrés de la femme, afin que cette déclaration constamment présente à tous les membres du corps social leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes et ceux du pouvoir des hommes, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique en soient plus respectés, afin que les réclamations des citoyennes, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution, des bonnes mœurs et au bonheur de tous. En conséquence, le sexe supérieur en beauté comme en courage dans les souffrances maternelles reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être suprême, les droits suivants de la femme et de la citoyenne :

Article 1 - La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

Article 2 - Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de la femme et de l’homme. Ces droits sont : la liberté, la prospérité, la sûreté et surtout la résistance à l’oppression.

Article 3 - Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui n’est que la réunion de la femme et de l’homme ; nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément.

Article 4 - La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui ; ainsi l’exercice des droits naturels de la femme n’a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l’homme lui oppose ; ces bornes doivent être réformées par les lois de la nature et de la raison.

Article 5 - Les lois de la nature et de la raison défendent toutes actions nuisibles à la société ; tout ce qui n’est pas défendu par ces lois sages et divines ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elles n’ordonnent pas.

Article 6 - La loi doit être l’expression de la volonté générale : toutes les citoyennes et citoyens doivent concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation ; elle doit être la même pour tous ; toutes les citoyennes et citoyens étant égaux à ses yeux doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents.

Article 7 -Nulle femme n’est exceptée ; elle est accusée, arrêtée, et détenue dans les cas déterminés par la loi : les femmes obéissent comme les hommes à cette loi rigoureuse.

Article 8 - La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nulle ne peut être punie qu’en vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée aux femmes.

Article 9 - Toute femme étant déclarée coupable, toute rigueur est exercée par la loi.

Article 10 - Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même fondamentales ; la femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit également avoir celui de monter à la tribune, pourvu que ses manifestations ne troublent pas l’ordre public établi par la loi.

Article 11 - La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de la femme, puisque cette liberté assure la légitimité des pères envers leurs enfants. Toute citoyenne peut donc dire librement : je suis mère d’un enfant qui vous appartient, sans qu’un préjugé barbare la force à dissimuler la vérité ; sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans des cas déterminés par la loi.

Article 12 - La garantie des droits de la femme et de la citoyenne nécessite une utilité majeure ; cette garantie doit être instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de celles à qui elle est conférée.

Article 13 - Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, les contributions des femmes et des hommes sont égales ; elle a part à toutes les corvées, à toutes les tâches pénibles, elle doit donc avoir de même part à la distribution des places, des emplois, des charges, des dignités et de l’industrie.

Article 14 - Les citoyennes et citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants la nécessité de la contribution publique. Les citoyennes ne peuvent y adhérer que par l’admission d’un partage égal, non seulement dans la fortune, mais encore dans l’Administration publique et de déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée de l’impôt.

Article 15 - La masse des femmes, coalisée pour la contribution à celle des hommes, a le droit de demander compte à tout agent public de son administration.

Article 16 - Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de constitution. La constitution est nulle si la majorité des individus qui composent la Nation n’a pas coopéré à sa rédaction.

Article 17 - Les propriétés sont à tous les sexes réunis ou séparés : elles sont pour chacun un droit inviolable et sacré ; nul ne peut être privé comme vrai patrimoine de la nature, si ce n’est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment et sous la condition d’une juste et préalable indemnité.

 

La séparation : les femmes s’affirment

De guerre lasse, les femmes, menées par des personnalités féminines d’exception, (au premier rang desquelles, Olympe de Gouges dont il sera question dans le prochain article), élaborèrent la « Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne ». De même elles créèrent des clubs féminins (lieux de débats et d’élaborations de projets politiques tout comme au sein des clubs masculins). Certains de ces clubs féminins s’ouvrirent aux hommes et devinrent ainsi mixtes.

Club de femmes sous la Révolution française

"Discours prononcé à la Société de Citoyennes Républicaines Révolutionnaires par les citoyennes de la section des Droits-de-1'Homme en lui donnant un guidon sur lequel est la Déclaration des Droits de l'Homme.

Votre Société est un des éléments du corps social, et ce n'est pas le moins essentiel ; la Liberté trouve ici une école nouvelle; mères, épouses, enfants y viennent s'instruire, s'exciter mutuellement à la pratique des vertus sociales.

Vous avez rompu un des anneaux de la chaîne des préjugés, il n'existe plus pour vous celui qui, reléguant les femmes dans la sphère étroite de leurs ménages, faisait de la moitié des individus des êtres passifs et isolés.

Vous voulez tenir votre place dans l'ordre social, la neutralité vous offense, vous humilie. C'est en vain que l'on prétendait vous distraire des grands intérêts de la Patrie, ils ont remué vos âmes, et désormais, vous concourrez à l'utilité commune.

L'esprit public va croître plus sensiblement, les bonnes mœurs pourront renaître si les épouses des Sans-Culottes, jalouses de bien connaître leurs devoirs pour mieux les remplir, donnent aux petites maîtresses l'exemple d'une association dont le but salutaire est la vigilance et l'instruction.

Et pourquoi les femmes, douées de la faculté de sentir, et d'exprimer leurs pensées, verraient-elles leur exclusion aux affaires publiques ? La déclaration des droits est commune à l'un et à l'autre sexe et la différence consiste dans les devoirs; il en est de publics, et il en est de privés. Les hommes sont particulièrement appelés à remplir les premiers, la nature elle-même indique la préférence ; elle a réparti chez eux une constitution robuste, la force des organes, tous les moyens capables de soutenir des travaux pénibles ; qu'aux armées, qu'au sénat, que dans les assemblées publiques, ils occupent préalablement les places, la raison, les convenances le veulent, il faut y céder.

Les femmes au contraire ont pour premières obligations des devoirs privés, les douces fonctions d'épouses et de mères leur sont confiées mille objets de détails qu'elles entraînent consument une forte partie de leurs temps, leurs loisirs sont moins fréquents ; néanmoins il est possible de concilier, ce qu'exige impérieusement la nature, ce que commande l'amour du bien public. Après avoir vaqué à des occupations indispensables, il est encore des instants, et les femmes citoyennes qui les consacrent dans les Sociétés fraternelles, à la surveillance, à l'instruction, ont la douce satisfaction de se voir doublement utiles. '

Citoyennes, les clameurs des petits esprits que les nouveautés étonnent, le bourdonnement des envieux veulent déjà mettre des entraves à votre institution, répondez par le mépris, et poursuivez courageusement votre tâche : la liberté sourit à vos louables préventions, elle en conçoit le plus favorable augure. Déjà elle vous vit sous sa bannière partager ses principes, vos missions apostoliques préparèrent la mémorable Révolution du 31 mai, au milieu de son dernier triomphe. Sentinelles vigilantes, placées à des postes importants, vous les occupiez avec fermeté, intrépidité. Votre mission était délicate, il y avait des bienséances à observer, et votre zèle qui sut se contenir dans de justes mesures facilita nos succès. Courage, persévérance, braves Républicaines, rendez plus fréquentes vos cours Patriotiques. »

                                                Juin 1793

 

Les femmes assurent l’égalité en toutes choses

1789. Quel bilan pour les femmes ?

Au total, l’apport de la révolution de 1789 aux Françaises en ce qui concerne l’égalité hommes-femmes, fut des plus mitigés. Elles furent privées du droit de vote par la Constitution de 1791, comme par celle de 1793, au 19e siècle, par la Constitution de la Deuxième République qui, en 1848, établit le suffrage universel masculin. Les femmes sont toujours exclues du droit de vote jusqu’en 1944, après plus de deux siècles et demi de lutte acharnée.

Les paysans entre temps, ont obtenu le droit de vote depuis la Constitution de 1793. La Révolution, depuis le 4 août 1789, les a libérés des griffes des seigneurs, et en leur accordant le droit de vote, leur donna la possibilité d’accéder à la propriété de terres et au statut de citoyens propriétaires.

femme-sans-culotte

NB : Les Constitutions se suivent avec la même caractéristique : l’exclusion des femmes des élections.

En 1799, sous le Consulat, le droit de vote est accordé à tous les hommes de plus de 21 ans domicilié pendant au moins un an sur le territoire...

Toutes les Constitutions, jusqu'au XXe siècle, fermeront la porte des bureaux de vote aux femmes.

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commentaires

A
Bonjour,<br /> La Révolution française est due à la résurrection de la Femme.<br /> C'est par les Femmes que l'œuvre de rénovation sociale s'accomplit au XVIIIème siècle ; cette œuvre prit un élan extraordinaire et se manifesta dans tous les pays à la fois.<br /> - En Angleterre, Mary Hartelle, qui mourut en 1731, fut le véritable pionnier du mouvement féministe anglais. Elle publia un livre intitulé Sérieuses propositions dédiées aux femmes pour l'avancement de leurs vrais et plus grands intérêts.<br /> Elle réclamait des droits égaux à ceux des hommes, comme toutes les Anglaises.<br /> - En Suède, Mme Anna-Charlotte Leffler fut un des écrivains les plus en vue de l'école réaliste suédoise ; elle dit que pour elle « la féministe est une révoltée », comme, du reste, tous les êtres bons, généreux et nobles, hommes ou femmes, sont des révoltés. Ils poursuivent le développement intégral de leur individualité, ils veulent être eux-mêmes, et non des personnages conventionnels, façonnés d'après des formules. Elle développa cette thèse dans des comédies : Vraies femmes, Bonheur de famille, Tante Malvina ; dans toutes le même sujet revient : le combat des révoltés contre la convention et le mensonge du monde, contre la corruption des soutiens de la vieille société.<br /> - En France, une femme extraordinaire, Marie-Pauline de Lezardière, publia un livre qui ouvrit une voie nouvelle aux études historiques.<br /> C'est son esprit émancipé qui jeta dans le monde les grandes idées de Liberté et de Justice. C'est elle qui fit un retour vers la Nature, inspira à l'homme l'idée d'en étudier les lois et l'aida dans cette étude. C'est elle qui jeta la première le cri de liberté, l'amour de la liberté étant le plus fort de tous ses instincts : pour elle il renferme tout, il signifie : Bonheur, Justice, Progrès, Lumière, Amour. Dès que les Femmes s'aperçurent qu'une issue était possible pour sortir de leur servitude, elles travaillèrent avec ardeur à conquérir ce bienfait immense. Il y eut des héroïnes et des martyrs.<br /> C'est alors que Condorcet, dans son admirable aperçu des Progrès de l'Esprit humain, déclara nettement l'égalité des deux sexes et affirma que de la reconnaissance de cette égalité dépend le perfectionnement social.<br /> Donc, les femmes entraînaient les hommes. Chaque pas que l'on faisait pour sortir de la domination de l'Église était un pas fait vers l'avènement de la Femme.<br /> Le mouvement féminin du XVIIIème siècle fut représenté sur les trônes, dans les salons, dans la bourgeoisie, dans le peuple.<br /> La Femme s'éveilla partout à la fois.<br /> Depuis la Renaissance, ne voyons-nous pas la grande Elisabeth d'Angleterre, de qui date la prospérité de l'Angleterre ?<br /> - En Espagne, la Reine Isabelle, qui protégea Christophe Colomb.<br /> - En Autriche, Marie-Thérèse, qui savait entraîner les Margraves de Hongrie.<br /> - L'empire de Russie doit sa civilisation à quatre femmes qui y règnent avec éclat.<br /> La France ne voulut pas de Reine. Elle paya cette impiété par la Révolution qui, elle, ne voulut plus de rois.<br /> Descendant des trônes, le mouvement se propagea dans la haute société, et c'est dans les salons que vont naître les idées d'indépendance et de progrès. Les femmes de cette époque brillent dans les sciences ; à côté des étoiles de première grandeur auxquelles il faut consacrer des pages spéciales, que de satellites oubliés !<br /> Les Femmes initiatrices de l'idée furent : la princesse d'Hénin, la maréchale de Luxembourg, Mme de Bouillon, Mme Geoffrin, Mme Helvetius, la marquise de Condorcet, Mme Necker, Mme Roland, Mme Tallien, Mme Simon, Mme Candeilh, Mme de Tencin, Mme d'Houdetot, Mme d'Épinay, Mme du Châtelet, Melle de Lespinasse, Théroigne de Méricourt, et tant d'autres qui furent les amies des philosophes, véritables hétaïres modernes, qui continuèrent l'œuvre des « sorcières » et jetèrent dans le cerveau des hommes toutes les idées qui firent éclore la Révolution.<br /> Les unes étaient érudites et lisaient le grec à livre ouvert, d'autres furent des savantes qui élargissaient le champ des connaissances humaines, il y eut des philosophes, et des psychologues, des physiciennes et des naturalistes, toutes étaient charmantes et, par le charme de leur conversation, stimulaient l'esprit masculin.<br /> Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/la-revolution-francaise-cest-la.html<br /> Cordialement
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Je vous remercie pour ce complément à mon article qui ne traitait que des femmes françaises. TD
D
Combien de temps faudra t il encore pour que l homme ne soit plus animé par ce complexe de supériorité envers la femme, sachant que derrière tout homme grand ou non se trouve une femme........<br /> Amitiés<br /> Diane
Répondre
Je suis tout à fait de cet avis. Quand les hommes apprécieront-ils à leur juste mesure l'importance du rôle et de la place des femmes à leurs côtés comme dans la société? Amitiés. TD