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2 décembre 2009 3 02 /12 /décembre /2009 16:19



        DES CLANDESTINS TRAQUES ET   DEPOUILLES


             Il est un aspect de l'immigration clandestine peu évoqué mais qui mériterait sans doute plus d'attention : le monde des réseaux et passeurs.
           Une nouvelle "industrie" est ainsi née, florissante et prospère, qui se nourrit du désespoir des déshérités africains et dont profitent de véritables mafieux, capables de tout. Ils exploitent ceux qui pensent que le désert est le meilleur chemin pour gagner l'Europe. La traversée du Mali, de l'Algérie ou du Niger par le Nord, s'apparente à une véritable odyssée infernale.
            Un jeune Malien, parmi un groupe de 32 personnes, pris au piège du désert raconte :

                Entassés à 32 dans un camion de fortune, nous avons roulé plusieurs nuits  - car on ne peut rouler le jour -  pour éviter de nous faire repérer. Malgré tout, nous avons été arrêtés et dépouillés par les policiers algériens. Nous avions des papiers de réfugiés, mais ils ont déclaré qu'ils avaient expiré. De toute façon, que vous soyez en règle ou non, ils arrêtent et refoulent tous les Noirs.
             De plus nos transporteurs, sous prétexte d'aller chercher des provisions et du carburant, sont partis avec nos bagages, nous abandonnant en plein désert, sous un soleil accablant, sans nourriture. Puis les policiers algériens nous ont pris tout ce qui nous restait d'argent avant de nous ramener à Tin Zaouatène, à la frontière du Mali, où nous avons été emprisonnés.


        La revue Afrique Magazine, août-septembre 2007, relate des cas similaires prouvant que cette pratique est courante  dont cet exemple :

               A Kidal (extrême nord du Mali), un religieux, le Père Anselme, apporte un concours précieux à tous ces déshérités abandonnés dans le désert et qui n'ont plus les moyens d'assurer leur repli sur la ville malienne de Gao (principale ville et unique noeud de transport au nord du Mali), en vue de leur retour dans leur foyer, qu'ils soient du Mali, du Tchad, du Ghana, du Cameroun ... Le groupe embarqué dans le véhicule du religieux est arrêté à un barrage par des policiers maliens qui leur demandent leurs papiers. Les candidats au voyage déboutés décrivent leurs conditions et relatent les exactions dont ils ont été l'objet de la part des policiers algériens. Rien n'y fait. Les policiers se montrent inflexibles. Ils veulent de l'argent et finissent par les dépouiller des quelques pièces qui leur restaient sous le regard ébahi du religieux qui assiste impuissant à la scène et finit par oser cette rélexion : "Ces gens n'arrêtent pas de traiter les Algériens de racistes pour ce qu'ils font subir aux Noirs, et eux, policiers noirs, n'hésitent pas à faire les poches de leurs propres frères qui sortent de l'enfer."

(A suivre)



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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 16:06

LES AFRICAINES ET LE SYNDROME DE LA MELANINE

CAMPAGNE CONTRE LE BLANCHIMENT DE LA PEAU !


      20% des femmes noires originaires d'Afrique et des Antilles et rédisant à Paris se blanchissent la peau à l'aide de produits dangereux pour leur santé. 
           La campagne initiée par la mairie de Paris le 3 novembre 2009 avec ce slogan "séduire ... oui ! Se détruire ... non !" vient à point nommé (il est simplement significatif qu'une telle campagne soit lancée à Paris et non à Accra, à Lagos ou à Dakar).
           On peut aussi considérer qu'au lieu de porter sur les seuls dangers du blanchiment de la peau, elle rendrait un insigne service aux Africaines si elle pouvait mener celles-ci à une prise de conscience de leur beauté naturelle qui devient laideur sous les perruques blondes.
          Beaucoup d'Africaines vivant en France (ailleurs aussi) ont totalement manqué le rendez-vous de l'esthétique.
          L'argument avancé par le président du Conseil Représentatif des Associations Noires (CRAN), pour expliquer cette pratique du blanchiment de la peau, me paraît insuffisant, fort en dessous des réalités. Selon M. Patrick Lozès "si certaines Françaises se blanchissent la peau, c'est qu'il existe dans notre pays une forme de hiérarchie mélanique : les sondages montrent que les Noires sont deux fois plus victimes de discriminations que les métis."
          Certes. Mais il s'agit en l'occurrence, avant tout, d'une question de santé individuelle et publique. Ensuite, cela va évidemment au-delà de la peau et touche au plus profond du mental et du culturel. Ce n'est qu'un des aspects du complexe colonial.(1) A cet égard, que l'argument du président du CRAN est décalé ! M. Lozès a-t-il parcouru les rues des principales villes d'Afrique, celles du Ghana, du Nigeria ou du Sénégal ... ? Le phénomène du blanchiment de la peau étant apparu depuis bien longtemps dans ces pays.
          En plus du complexe ci-devant évoqué, certaines femmes africaines qui pratiquent le blanchiment,  sont motivées par le souci de séduire leurs hommes, qui, apparemment sont demandeurs. L'un des produits les plus utilisés à cette fin, et des plus nocifs, contenant de l'hydroquinone (interdit dans l'Union européenne et aux Etats-Unis dans les cosmétiques) est importé d'Afrique où curieusement aucune autorité politique  - à ma connaissance -  n'a songé à l'interdire.
          Cette pratique du blanchiment de la peau appartient à la même motivation que l'usage des perruques ou maquillages inappropriés. 
          Quelle gifle pour les théoriciens de la "Négritude", et surtout quel camouflet cinglant pour le poète sénégalais, Léopold Sedar Senghor, porte-flambeau de cette Négritude, chantre et promoteur impénitent des valeurs noires et de la beauté naturelle de la femme africaine !

   Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
[..]
Femme nue, femme obscure
Savane aux horizons purs,
Savane qui frémit aux caresses du vent de l'Est
[..]
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau"

          Hélas ! M. le Poète ; "femme noire", pour notre malheur, n'a plus ni forme ni peau !



(1) : Un prochain ouvrage abordera les racines du phénomène dans une analyse approfondie du complexe colonial.

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11 juillet 2009 6 11 /07 /juillet /2009 16:23

                                                      






LAICITE A LA FRANCAISE OU BURQA A L'AFGHANE ?

         Dans un forum ouvert par le quotidien Ouest-France (09/07/09) concernant le port de la burqa, ce sont exprimés :
          - un philosophe : Abdennour Bidar, auteur de "L'Islam sans soumission, Pour un existentialisme musulman" (Albin Michel)
          - un membre de l'Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) : Azzedine Gaci
          - la présidente de "Ni Putes Ni Soumises" : Sihem Habchi
         - Antonella Caruso, islamologue, auteure de "Au Nom de l'Islam ... Quel dialogue pour les minorités musulmanes en Europe ?"

           Pour Abdennour Bidar "cette burqa me paraît incompatible avec notre conception de l'espace public, espace de partage, d'échanges, de rencontre, de dialogue ... La burqa quelles que soient les raisons de la personne qui la porte, paraît comme un mur."
          Azzedine Gaci estime, quant à lui, que "le port de la burqa n'est pas compatible avec l'espace public".
          Pour Sihem Habchi un "voile intégrale pour cacher le corps des femmes ... c'est non ... la République protège chaque individu quels que soient son sexe, sa religion, sa couleur de peau. Ainsi, elle ne peut accepter que certaines soient hors champ social et donc hors démocratie."
          Enfin pour Antonella Caruso, "une femme peut s'habiller comme elle veut ... Le port de la burqa fait partie de cette liberté qu'il faut protéger ..."

          Qu'est-ce donc que la Liberté ?

         La liberté sans limites ne peut entrer dans la définition commune de la liberté. Notre seule condition d'être humain, d'être social, impose quelques limites qui donnent sens à la liberté.
         Peut-on imaginer une liberté absolue, hors du champ social dans lequel nous baignons ? Autant parler de liberté de la jungle.
         Dès lors, pourquoi ne se promènerait-on pas nu ou presque, avec comme tout vêtement un bout de tissu posé sur la tête ?
         En maillot de bain dans les rues de la ville ?
         Naturellement, tout peut être imaginé. Mais un minimum de codes sociaux constitue en soi, dans une société, des limites consenties à la liberté. Une femme pas plus qu'un homme ne peut s'habiller, se promener, dans l'espace public, par essence espace partagé, sans égards pour les règles qui régissent la société qui l'intègre.

         S'agissant précisément de cette burqa, que l'on puisse discuter de la pertinence d'une loi, oui ; mais qu'on décide de laisser faire, sans réflexion ni réaction "parce qu'une femme peut s'habiller comme elle veut", non.


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11 avril 2009 6 11 /04 /avril /2009 14:51


Du XVIIe au XXIe siècle, l'énigme "Noir" (3)


         Si les savants du XVIIe siècle s'empoignèrent dans des "disputes" concernant l'origine de la couleur noire, les penseurs du XVIIIe siècle inventèrent le mythe du bon sauvage   (ce qui n'empêcha ni l'asservissement des Indiens d'Amérique, ni la traite esclavagiste) avant que de pseudo scientifiques n'élaborent la théorie des "races", une hiérarchisation rigide des humains aux dépens du Noir, théorie dont je voudrais faire l'économie ici tant la littérature sur ce thème est abondante et variée.
          De cette théorie aux multiples implications, érigée en dogme, se nourriront les régimes fascistes ou fascisants du premier tiers du XXe siècle, de même qu'elle constituera le socle de l'argumentaire justifiant la colonisation de l'Afrique dans la seconde moitié du XIXe siècle.
          Un certain nombre de sources ou de thèses font des Français les premiers Européens ayant abordé les côtes africaines bien avant les Portugais. Cette antériorité supposée justifierait-elle une telle curiosité à l'égard de la couleur noire des Africains ? Curiosité qui, nulle part ailleurs en Europe, n'atteignit une telle intensité dans la recherche, la production littéraire, les débats et controverses à partir du XVIIe siècle.

 

 

Antériorité française sur les côtes africaines :

mythe ou réalité ?

          Tous les Français visitant  l'Afrique aux XVIIe et XVIIIe siècles ont entendu les autochtones affirmer que les premiers Européens qui entrèrent en contact avec eux étaient des Français. Ainsi le R. P. Labat (déjà cité) dans son ouvrage Nouvelle Relation de l'Afrique Occidentale, T.5, p. 197 parle de l'étonnement d'André Brüe (1697), l'un des principaux artisans de la fondation de l'empire colonial français d'Afrique,  en visite au fort portugais du Bisseaux (actuel Bissao, ancienne colonie protugaise) enconstatant, au cours d'une messe que :

          le tableau qui était sur l'autel portait les armes de la Compagnie de France, qui sont d'argent semé de fleurs de lis d'or sans nombre, avec des têtes de nègres pour support, et une couronne treflée. (Signe selon lui que)  ce tableau qui paraissait aussi ancien que l'autel et l'église, était une marque que les Français avaient eu un établissement au Bisseaux avant les Portugais.

          Si l'on considère que la présence portugaise dans cette région remonte au XVe siècle, cela implique que la présence des Français dans la même région est largement antérieure. Labat est formel quand il affirme :


          Il y a des apparences très bien fondées que les Normands et particulièrement les Diépois avaient reconnu, fréquenté et visité les côtes d'Afrique dès le commencement du quatorzième siècle, puisqu'on savait positivement d'une manière à n'en pouvoir douter, que le commerce était établi à Rufisque (Sénégal) et le long de la côte jusqu'à bien loin au-delà de la Rivière de Serrelionne (Sierra Leone), dès le mois de Novembre 1364 [..] Une preuve évidente que le commerce des Diépois était établi aux côtes d'Afrique en 1364, c'est qu'ils y associèrent les marchands de Rouen en 1365 [...] Après avoir augmenté leurs établissements [...] à Rufisque et sur la rivière de Gambie, ils en firent sur celle de Serrelionne et à la côte de Malaguette, dont l'un fut appelé le "Petit Paris" et l'autre le "Petit Dieppe" [...] ils poussèrent ainsi toujours leurs établissements et leur commerce et firent le fort de La Mine d'Or sur la côte de Guinée (Ghana) en 1382, aussi bien que  ceux d'Accra, de Cormentin et autres lieux qui leur produisirent des richesses immenses et qui auraient toujours augmenté à mesure qu'ils s'avançaient  le long des côtes et à l'intérieur du pays, sans les guerres civiles qui succédèrent à l'accident funeste arrivé au Roi Charles le sixième en 1392 (folie du roi Charles VI : une des causes du déclenchement de la Guerre de cent Ans). La Normandie se sentit des malheurs de la France, parce que ses princes y prirent plus de part qu'ils ne devaient ; et le contre-coup de ces malheurs tomba sur le négoce d'Afrique, qui depuis ce moment fatal tomba peu à peu.

         
Un voyageur français contemporain de Labat, Villault de Bellefond, renchérit en ces termes dans sa Relation de Voyage (1669) sous le titre Remarques sur la Coste d'Afrique et notamment sur la Coste d'Or pour y justifier que les Français y ont esté longtemps auparavant les autres nations :

          Dans une ancienne batterie du fort de La Mine, appelée encore la batterie de France, une inscription à demi effacée, laissait distinctement apercevoir les chiffres 1 et 3, premiers chiffres d'un millésimes du XIVe siècle ; on citait aussi l'existence des armes de France encore visibles dans l'église de La Mine, ainsi que sur une porte du fort d'Assem.

         
L'argumentation de Villault de Bellefond s'appuie sur des mémoires écrits par des Dieppois ainsi que sur des manuscrits de la ville de Dieppe, mais surtout sur les preuves matérielles visibles sur les lieux encore au XVIIe siècle. Il ressort d'un tel raisonnement que l'antériorité française sur les côtes d'Afrique par rapport à la présence d'autres nations européennes ne souffre le moindre doute pour son auteur.  Dans son ouvrage Histoire des colonies françaises en Amérique, en Afrique, en Asie, en Océanie, Tours, 1884, p93-94,  J.J.E. Roy abonde dans le même sens :

           En 1363 des négociants de Rouen s'étant associés à des marins de Dieppe, commencèrent à établir des comptoirs et des entrepôts de commerce sur la côte occidentale de l'Afrique noire depuis l'embouchure du Sénégal jusqu'à l'extrémité du golfe de Guinée. C'est alors que furent successivement formés les établissements français du Sénégal, de la rivière de Gambie, de Sierra Leone, et ceux de la côte de Malaguette qui portaient les noms de "Petit Dieppe" et de "Petit Paris" et que furent ensuite construits les forts français, à La Mine de l'Or, sur la côte de Guinée, à Acra et à Cormentin.

 

          Selon le même auteur, les guerres civiles et étrangères durant le XVe siècle, arrêtèrent en Normandie l'essor des entreprises maritimes : le commerce d'Afrique fut abandonné et les comptoirs français devinrent la proie des Portugais, des Espagnols, des Hollandais, des Anglais, à l'exception seulement de l'établissement du Sénégal.

          Le constat, au terme de ce rapide retour sur la curiosité suscitée par la couleur de l'homme noir, telle qu'elle apparaît dans quelques textes anciens, c'est que la couleur semble occulter le reste, c'est-à-dire l'essentiel.  Le jugement se limite au regard, le regard se limite à la couleur, c'est-à-dire à l'apparence et n'atteint pas la raison. On voit la couleur sans l'être. On ne voit que la couleur de peau, l'enveloppe. On prend ainsi l'écorce pour l'arbre, l'épiderme (le pigment) pour le coeur. Cette dissonance jouera longtemps et joue sans doute encore aujourd'hui dans les rapports entre Européens et Africains.

                        

         (Prochainement un épisode peu connu : la vie des Français au Sénégal aux XVII et XVIIIe siècles)



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5 avril 2009 7 05 /04 /avril /2009 17:02



DU XVIIe AU XXIe SIECLE, L'ENIGME "NOIR"
(2)
            
          C'est un religieux qui ouvre les débats, au nom de l'Ecriture. Le Révérend Père Jean-Baptiste Labat (Paris, 1663 - 1738 ; missionnaire et voyageur français aux Antilles, auteur de plusieurs ouvrages sur les Noirs, la traite, l'Afrique, les colonies, dont le célèbre Voyage aux îles de l'Amérique, 1722).
          Comme les savants scientifiques laïcs, Labat tente de percer le mystère de la couleur noire et argumente ainsi

       
          Un religieux savant m'a communiqué une dissertation qu'il a faite sur ce sujet  - confit-il  -  [...] Il prétend que la noirceur fut le signe que Dieu mit en Caïn après lui avoir reproché le meurte de son frère Abel, pour empêcher que ceux qui le rencontreraient ne vengeassent par sa mort cet horrible fratricide. En effet, rien n'était plus propre pour le faire reconnaître, et pour éloigner de lui tous ceux qui auraient voulu s'en approcher, soit pour lui parler, soit pour lui reprocher son crime et en tirer vengeance. Car ce changement horrible de couleur défigure tellement un visage qu'à moins d'y être accoutumé, on ne peut regarder un homme de cette couleur qu'avec une forte répugnance.

         
Mais, la curiosité toute cartésienne de Labat ne peut se satisfaire de l'assurance implicite de ce "religieux savant". Il y va alors de sa propre réflexion et il rétorque :

          Mais  quand  la noirceue aurait été le signe que Dieu avait mis dans Caïn pour le faire connaître, comment cette noirceur aurait-elle passé dans ses enfants ? Il ne paraît point que Dieu ait étendu sa malédiction sur sa postérité ; lui seul était coupable, c'était lui seul qui devait craindre la rencontre et la vengeance des enfants d'Abel [...] Pourquoi le vouloir faire la tige d'une race noire ? Si sa femme n'était pas noire, comment a-t-elle pu produire des enfants noirs ?

         
           Et Labat d'avancer un contre-argument, à ses yeux décisif, parce que tout aussi frappé du sceau de l'Ecriture sainte

          D'ailleurs toute la race de Caïn est généralement tous les hommes sont (sic) péris dans le Déluge. De toutes les créatures qui étaient sur la terre, il n'y eut que Noé, sa femme, ses trois fils et leurs femmes qui conservèrent leur vie en se sauvant dans le vaisseau que Noé avait bâti par ordre express de Dieu ; or, Noé, sa femme, ses enfants et les enfants de leurs femmes étaient blancs ... Qui donc a produit cette race noire après le Déluge ? 

         
Labat en tire la conclusion suivante :

          Je ne suis pas le premier qui se soit fait cette difficulté ; mais je serais le plus heureux si je pouvais l'éclaircir d'une manière à contenter les personnes raisonnables ... Car enfin, Dieu n'a créé qu'un seul homme, et assurément, la femme qu'il a formée d'une des côtes de cet homme était de même couleur que lui. Il faut à présent savoir de quelle couleur était cet homme. Si on le demande aux Européens, ils répondent sans hésiter qu'il était blanc, les Nègres le feront noir, les Américains l'habilleront en rouge, les Asiatiques diront qu'il était olivâtre comme eux et personne ne manquera de bonnes raisons pour appuyer son sentiment ... Si nous consultons l'Ecriture, elle nous assure qu'Adam fut formé du limon de la terre, et on remarque que les terres vierges sont ordinairement rouges ou rougeâtres et c'est de là qu'est venu le nom du premier homme car Adam signifie rouge ou roux. Or, Adam et Eve étaient de la même couleur ou à peu de chose près, c'est-à-dire que la couleur d'Adam pouvait être un peu affaiblie dans Eve et s'approcher du blanc, ce qui ayant continué dans leurs enfants et dans ceux qui en sont descendus, la couelur blanche est celle qui est venue plus naturellement de celle du premier homme. Que dans la suite cette couleur se soit un peu ternie et qu'elle ait tiré vers le bistre comme nous le voyons dans les Asiatiques et dans les Américains, cela ne souffre presque pas de difficultés ; mais que la couleur noire en soit venue, c'est ce qu il n'est pas facile de comprendre. Mettez tant qu'il vous plaira du blanc et du brun par portions égales, vous ne ferez jamais du noir ; d'où on peut présumer que jamais l'on ne parviendra à connaître distinctement l'origine de la couloir noire des Nègres.

 

          Le mystère demeure donc entier pour les savants scientifiques laïcs comme pour les lettrés religieux du XVIIe siècle.
         Est-il moins épais au XXIe siècle en Europe, tout particulièrement en France ?
                                     (à suivre)
 

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28 mars 2009 6 28 /03 /mars /2009 17:53




DU XVIIe AU XXIe SIECLE, L'ENIGME "NOIR"
(1)

          Le XVIIe siècle est caractéristique  - l'essor de la science aidant -  d'une intense curiosité en France autour de la couleur de peau du Noir. Les savants s'y adonnent à l'envi. Ce thème donne lieu à des recherches au plus haut niveau, à des confrontations animées entre savants et lettrés. L'article suivant de l'Académie Royale des Sciences paru en 1702 en donne le ton.
          Quand on a cherché la cause de la noirceur des Mores (More signifie Noir à cette époque), on a trouvé que le corps de leur peau et leur épiderme étaient aussi blancs que dans les autres hommes, et qu'il n'y avait que leur membrane réticulaire qui fût noire et que c'était cette couleur qui paraissait au travers de l'épiderme qui est fort déliée et transparente. Le fameux M. Malpighi a cru que la noirceur de la membrane réticulaire venait d'un suc épais et glutineux qu'elle contenait et qui était noir. M. Littre ayant eu l'occasion de disséquer un More, voulut éprouver si la supposition  de M. Malpighi était vraie. Il fit infuser pendant 7 jours un morceau de peau de More dans de l'eau tiède, et un autre dans l'esprit de vin et ni l'un, ni l'autre de ces deux puissants dissolvants ne put tirer ce suc noir, ni en prendre aucune teinture. On voit par là combien cette couleur noire est propre et adhérente à la membrane réticulaire, puisqu'elle ne change nullement. De plus, M. Litre mit un morceau de peau dans de l'eau bouillante, et peu de temps après, il s'éleva sur la superficie extérieure de cette peau quantité de petites boules grosses comme de petits grains de chênevis qui toutes étaient pleines d'une liqueur très claire et très liquide. Cette liqueur refroidie formait une espèce de gelée fort transparente. Il n'y avait rien à tout cela qui ressemble au suc noir et glutineux, ni qui en donne le moindre indice.
          M. Littre a donc cru qu'il fallait rapporter la noirceur en partie au tissu particulier de la membrane réticulaire, et en partie à l'action d'un air très échauffé. Cette dernière cause peut être prouvée parce que les enfants des Mores naissent blancs, et ce qui la prouve peut-être encore mieux, c'est que M. Littre fit observer que le bout d'un gland qui n'était pas couvert du prépuce, était noir comme toute la peau, et que le reste qui était couvert était parfaitement blanc. On peut opposer à cela que quand les enfants mâles des Mores viennent au monde, ils ont au bout de la verge une petite tache noire, qui s'étend ensuite sur le bout du gland ouvert, et même sur tout le corps, et s'étend,  si l'on veut, par l'action de l'air, mais du moins, n'en n'a pas été l'effet dans son premier commencement. Nous remarquons en passant qu'outre cette petite tache qui n'appartient qu'aux mâles, tous les enfants Mores ont en naissant l'extrémité des ongles noire. M. Littre fit encore voir la compagnie que la membrane réticulaire qui en elle-même était noire comme du charbon, ne paraissait noire que comme de la suge étant vue au travers de l'épiderme.     (Journal des Savants, 1702, Achives)

        
            Sur la couleur du Noir, une violente dispute opposa le savant Riolan aux savants anatomistes de l'Académie des Sciences. Le premier, dans un opuscule sur l'épiderme, s'évertuait à démontrer que la noirceur des Noirs réside non dans la peau, mais dans l'épiderme. Les savants de l'Académie prétendaient eux que le noirceur des Noirs n'est ni dans l'épiderme, ni dans la peau, mais dans un petit "rétule" composé de parties extrêmement molles, tendres et délicates, qui environne le corps entre l'épiderme et la peau, et qui est blanc, chez les hommes de race blanche et noir chez les hommes de race noire.

          Querelle de savants, disputes d'anatomistes spécialistes, rien ne fut négligé pour tenter de percer le mystère du Noir. Où la science fut inopérante, on fit appel à l'Ecriture sainte. Donnera-t-elle la clef de l'énigme ?
           La dispute se poursuit donc. Le point de vue des lettrés religieux n'est pas non plus dénué de pittoresque.

                                                               ( A suivre)


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13 avril 2008 7 13 /04 /avril /2008 17:01

 




              




UN CHEMIN LONG ET CAHOTIQUE


          Les femmes africaines, longtemps victimes, n'entendent pas demeurer les éternelles oubliées de l'histoire. Timidement, elles lèvent la tête. Maints indices attestent d'une prise de conscience et d'une volonté d'exister, non plus dans l'ombre, mais au grand jour : le droit d'être comme tout le monde et de faire comme tout le monde.
          A travers des associations féminines, de véritables "forums" s'ouvrent un peu partout en Afrique, dont beaucoup sont initiés et animés par de jeunes femmes, tel le "Cercle des théologiennes africaines engagées". Ce mouvement s'attaque à certains interdits, notamment les violences faites aux femmes au nom de la tradition. L'une des responsables de ce mouvement présente ainsi ses objectifs :
          "Non seulement nous voulons interpeller nos congénères femmes à ne pas se laisser instrumentaliser par la société et la religion, mais également nous nous adressons à nos institutions. Nous devons reconnaître que les structures sociales sont créées par des êtres humains et, par conséquent, peuvent être bouleversées, réorganisées ou abandonnées si elles ne donnent pas satisfaction".
          Et, dans une lettre symbolique à ses ancêtres, elle plaide pour une gestion intelligente de la tradition en ces termes :
          "Ô mes ancêtres, je suis convaincue que nos différents héritages : l'africain, le chrétien, et aussi l'islamique, ont quelque chose à nous dire. Même ce que nous pouvons hériter de l'Occident peut être mis à contribution dans un sens positif. Mais, si le passé a quelque chose à nous dire, il n'a rien à nous imposer".
          Dans un continent où, dans de nombreuses cultures, on considère que la place de la femme se réduit au foyer et aux échelles inférieures de la société, la tâche de celles qui, aujourd'hui, tentent de secouer les inerties mentales et de se forger une carrière politique n'est que plus ardue. Pourtant, partout en Afrique, le nombre de ces combattantes de l'arène politique s'étoffe d'année en année : elles sont députées, ambassadrices, ministres ...
          Dans ce domaine de la promotion politique de la femme, les pays d'Afrique australe (anglophones et lusophones) ont une nette avance sur les Etats d'Afrique de l'Ouest et du Centre francophones : 24% de députées en moyenne dans les parlements nationaux pour les premiers contre à peine 11% pour les seconds.
          D'une manière générale, si bien des contrées et des cultures en Afrique confinent encore la femme dans un rôle subalterne et dans un statut d'éternelle mineure, un vent nouveau semble se lever. Certes , le chemin est encore long et l'égalité homme-femme en Afrique est loin d'être une réalité et ne le sera sans doute probablement pas avant longtemps. Les principales embûches sur le chemin sont surtout la pauvreté et le sous-développement dont les femmes sont les premières victimes. Cependant, partout on constate l'émergence de forces latentes. On sent d'imperceptibles indices qui permettent de détecter un mouvement de fond, comme une prémisse de l'éclosion de cultures nouvelles portées par les femmes.
          Tout ceci donne le sentiment d'une certaine désintégration sociale et culturelle, d'un écroulement général du passé, mais qui, en même temps, ouvre la voie à quelque chose de nouveau. C'est la conjonction de ces "résistances" douces mais actives qui suscite l'espoir.

                                           
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23 mars 2008 7 23 /03 /mars /2008 11:00



LA FEMME AFRICAINE OU LES FEMMES EN AFRIQUE ?

     La prégnance de l’islam dans les sociétés musulmanes d’Afrique est la plus forte. A la différence du catholicisme où hommes et femmes partagent le même espace à la messe ou hors des cérémonies rituelles en général, l’islam sépare hommes et femmes. Aux dernières, l’entrée des lieux de culte, la mosquée en l’occurrence, est interdite ou conditionnée à un certain nombre de critères strictement définis dont celui de l’âge. Entre les hommes et les femmes, l’islam « érige un espace fortement structuré entre les deux sexes : l’intérieur de la maison, le dedans est le royaume de la femme, elle-même, domaine secret de l’homme ; le dehors, c’est le champ d’action réservé au monopole masculin. Et tout chevauchement de ces espaces est limité et contrôlé par une multitude de rites »( MERMISSI (Fatima), Sexe, Idéologie, Islam, Paris, éditions Tierce, 1983.).

Contrairement au catholicisme par ailleurs, l’islam autorisait l’homme à « prendre » jusqu’à quatre épouses s’il en avait l’envie et les moyens. Comme le christianisme, il s’opposait à la grande liberté sexuelle accordée aux jeunes filles avant le mariage dans nombre de sociétés traditionnelles. Or, le continent se trouvait équitablement coupé en deux avec au Nord de l’équateur des populations majoritairement musulmanes et au Sud, des populations majoritairement chrétiennes.

La période coloniale ne fut pas celle de l’émancipation des femmes en Afrique. La promotion de la femme africaine resta en chantier.

De même que la colonisation ne fut pas un rempart protecteur des femmes contre les abus et l’arbitraire des hommes, elle ne leur assura pas non plus une promotion par l’instruction et la formation. Si l’école coloniale, en théorie, ouvrait ses portes à tous les enfants des deux sexes, la scolarisation des filles souffrit d’un déficit chronique. En effet, beaucoup de parents (surtout dans les sociétés musulmanes, mais aussi dans les zones rurales) s’opposaient avec vigueur à toute idée de scolarisation des filles. Près d’un demi-siècle après la décolonisation, cette carence marque toujours le système scolaire de la plupart des Etats africains. Dans les écoles africaines encore aujourd’hui, les écolières manquent à l’appel. Pour l’ensemble du continent, seules 57% des filles suivent les cours du cycle primaire contre 62% des garçons (chiffres de 2002). Ce déséquilibre est fortement accentué dans le secondaire et le supérieur.

Dans cette Afrique contemporaine, les handicaps qui freinent la scolarisation des filles sont nombreux. Ils sont matériels : ce sont surtout des difficultés de transports en zones rurales principalement (mais aussi dans les villes), peu équipées en établissement d’enseignement scolaire et en infrastructures de transport. Les handicaps sont aussi sociaux : le poids des occupations ménagères, la corvée d’eau (nécessité de longs déplacements quotidiens à la recherche de l’eau principalement en pays sahéliens), s’ajoutant aux travaux des champs, laissent peu de temps et de disponibilité pour suivre les cours d’enseignement. L’indifférence et l’hostilité de certaines familles parfois motivées par des frais scolaires exigés en maints pays, constituent un de ces obstacles.

Enfin, des freins socioculturels, la persistance dans les mentalités de l’image traditionnelle de la femme, incompatible avec l’école et ses valeurs, barrent le chemin de l’instruction et de la formation à des millions de jeunes africaines.

Ces handicaps conjugués freinent aussi l’accès en nombre des femmes aux fonctions politiques ou à la sphère publique. La majorité des femmes africaines ne participent guère ainsi à la vie politique faute d’une formation suffisante à cause de pesanteurs sociales multiples.



 

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25 février 2008 1 25 /02 /février /2008 11:02

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COLONISATION ET PROMOTION DE LA FEMME EN AFRIQUE

   


    La période coloniale : de la fin du XIXe au milieu du XXe siècle fut marquée en Afrique par l'empreinte forte de deux institutions qui dominèrent les populations et les esprits : 
     - l'Administration coloniale avec ses règles et ses principes,
     - l'
Eglise catholique (les Protestants étant minoritaires sur l'ensemble du continent), avec ses règles et ses valeurs.
    Si ces deux institutions furent à bien des égards "complices" face aux Africains, elles s'opposaient sur bien des aspects dans leur attitude face aux cultures, aux traditions et certaines pratiques des
sociétés africaines.
    Parmi les points de convergence, le respect des coutumes locales fut prôné. Les seules exceptions à cette règle, où aucune tolérance ne pouvait être de mise furent d'une part les sacrifices humains là où ils étaient encore pratiqués (en réalité un nombre de régions très limité) et l'esclavage d'autre part. Sur ce dernier point à vrai dire, l'Administration coloniale ne fit preuve ni d'un zèle remarqué, ni de la vigilance nécessaire.
   En revanche, concernant la situation de la
femme, le désaccord était patent. L'Administration coloniale ne se soucia nullement de la pratique de la polygamie, du mariage précoce ou du mariage forcé, de jeunes filles de 12, 13 ou14 ans (mariées à des hommes qui avaient l'âge d'être leur grand-père et qui avaient déjà d'autres épouses). C'est effectivement sur ce point de la liberté du choix de la femme que se sont caractérisées de la façon la plus éclatante les divergences d'attitude entre Administration coloniale et Eglise catholique.
  L'attitude de l'Administration s'explique sans doute par son souci de complaire aux parents et aux anciens intéressés par le maintien de telles coutumes. Pour elle, ceci constituait un moyen  sûr d'obtenir de ces "vieux notables" la connivence dans l'application de "l'ordre colonial", condition de la stabilité sociale afin de conforter le système et obtenir des conditions d'un rendement économique meilleur.
  Quant à l'Eglise catholique, elle lutta farouchement contre la polygamie et le mariage forcé, au point que dans certaines colonies, comme au Congo, des institutions furent spécialement créées, baptisées "
l'oeuvre des fiancées" pour former les jeunes filles à "l'esprit du mariage" et les marier ensuite selon les canons de l'Eglise.
    Les jeunes filles menacées de mariage forcé par leur famille, trouvaient refuge et soutien dans les missions ainsi que dans ces institutions.
   Malheureusement, l'Eglise et l'Administration coloniale avaient aussi un point d'accord profond : la soumission intégrale de l'épouse au mari et la réduction de la sphère de la
femme au foyer et aux enfants. En cela, elles rejoignaient l'idéal et la pratique des notables, conformes aux coutumes. L'Eglise et l'Administration ainsi coalisées, rejoignaient les injonctions de l'Islam parmi les populations islamisées pour faire de l'épouse une femme soumise et docile. 
    La promotion de la femme africaine resta en chantier.
                           


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9 janvier 2008 3 09 /01 /janvier /2008 17:54

 

MIGRTATIONS.LIBRE CIRCULATION DES PERSONNES ?

Les migrations voulues ou forcées sont sans doute l'un des signes les plus tangibles de la mondialisation, mieux, de la globalisation.

La planète entière se rétrécit de siècle en siècle, voire d'année en année, en un "village mondial" où les destins humains se croisent et sont de plus en plus inextricablement mêlés.

Les produits, les capitaux, les modes, les informations, les technologies ... passent les frontières, sous-tendent et activent les flux humains. Entre la demande et l'offre, les migrations aussi, deviennent mondiales. Les migrants économiques sont aspirés par un marché de l'emploi devenu lui aussi global.

En 1965, on comptait 75 millions de migrants à travers le monde ; en 2 000, ils seraient 160 millions. Et encore il ne s'agit là que de chiffres officiels. Les migrants non comptabilisés dans ces statistiques officielles sont sans doute aussi nombreux.

Et contrairement à ce qu'une certaine actualité peut laisser penser, ces migrants ne sont pas constitués de réfugiés politiques ou de déplacés de guerre, mais d'hommes et de femmes à la recherche d'un emploi, d'une meilleure formation, pour mieux vivre ; des hommes et des femmes en quête de la "sécurtié de vie".

Cette réalité devrait inciter à plus de profondeur dans l'analyse des causes et de pertinence dans la recherche des solutions.

Toute solutions pour être viable, ne peut être que globale, inspirée par le souci de la préservation des droits humains et par la satisfaction des besoins fondamentaux.

Pourquoi des hommes et des femmes se déracinent-ils parfois au péril de leur vie ?

L'être humain a, en effet, une tendance innée : la recherche d'un mieux être. La carte du monde actuel, la carte des Etats ou celle des peuples est le reflet de cette réalité. Pourquoi partent-ils ?

- Ils partent pour mieux revenir.

- Ils partent pour vivre.

- Ils partent pour être.

Les nations, les organisations internationales, les gouvernements ont un devoir impérieux en ce début de XXIe siècle : l'invention du possible  - défi du siècle -  pour faire du phénomène migratoire un facteur de paix, d'épanouissement de ceux qui partent et de ceux qui reçoivent.

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