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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 10:59

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La France au chevet du grand malade

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0004.gifPour le Mali ou contre le terrorisme ?


Si l’intervention de la France au Mali est une excellente chose pour le Mali et tous ceux qui aiment ce pays, elle suscite néanmoins un certain nombre d’interrogations et de remarques.


Il est effarant de constater que la plupart des gens qui entretiennent des rapports anciens et réguliers avec les États et les peuples d’Afrique, certains dans des associations diverses, soient à ce point ignorants des réalités profondes de ces États et de ces peuples. Sinon, comment s’étonner de ce qui arrive aujourd’hui au Mali ?


L’intervention de la France s’inscrit dans une logique et n’a rien d’étonnant pour ceux qui connaissent le passé et le présent des rapports entre la France et l’Afrique.


En intervenant comme elle le fait, la France reste dans son rôle fidèle à son histoire, ce qui n’empêche pas de poser un certain nombre de questions car, même souhaitée et approuvée, il est nécessaire qu’aucun aspect ne reste dans l’ombre, ni dans les intentions, ni dans les opérations. La transparence  —motivations et conséquences prévisibles—  est l’une des conditions de la réussite et du suffrage de l’opinion. La France doit ainsi s’imposer un devoir de transparence à toutes les étapes de cette intervention, pour l’opinion publique française, celle des Africains et pour le reste du monde.

 


008-copie-1.gifOù sont les Africains ? La CEDEAO ? L’Union africaine ?


Où est la force d’intervention au Nord-Mali des 3300 hommes promis par la CEDEAO depuis bientôt 8 mois ? Que fait l’Union africaine, muette et absente ? Les principaux intéressés, les Africains, n’auraient-ils pas dû être les premiers sur le terrain, au nom du réalisme géopolitique et de la solidarité africaine ? Qui, parmi eux, ignore que le Mali occupé par les obscurantistes djihadistes signifie sans nul doute une menace de dislocation et de désordre durablement installé dans tous les pays de l’Afrique de l’Ouest ?

 

Que l’entrée en action d’hypothétiques forces africaines soit tardive, hésitante ou improbable, cela se comprend, car les États africains, si brillants dans les discours, n’ont ni les moyens, ni la volonté, ni les compétences pour intervenir efficacement et être ainsi à la hauteur des enjeux. Mais, c’est la mollesse des États de l’Union européenne qui surprend. Qu’attendent-ils, même si, à la différence des Africains, cette tragédie malienne se joue à des milliers de kilomètres de leur douillet confort ?


Pour l’instant, la France reste seule sur le front, héroïque et sûre de son fait, dans ce combat contre les sables du désert : une guerre incertaine quant à sa durée, sa nature même, et ses effets collatéraux, présents et à long terme.


L’engagement de la France est des plus risqués. Sa solitude prolongée sur le terrain démultiplierait ces risques.

 


097.gifQuestions préalables

 

Pourquoi un grand pays comme le Mali, jusque-là cité comme modèle de démocratie et de stabilité, a-t-il pu, du jour au lendemain, se retrouver défiguré, décapité, humilié, aux abois ? Quid de l’excellence de la démocratie malienne ? Là aussi, on ne peut qu’exprimer son étonnement face à ceux qui ont louangé avec tant de bruit et si longtemps le modèle de la démocratie malienne. Il s’agit pourtant de personnes ou d’associations en contact régulier avec ce pays et ses habitants.

 

Or, de multiples indices montrent  —pour ceux qui se donnent la peine d’observer les choses en profondeur—  que cette démocratie malienne n’était qu’une construction artificielle bâtie sur du sable : rien de consistant qui puisse en faire une démocratie véritable, digne d’être citée comme modèle (voir 50 ans après, l’Afrique).


Il ne saurait y avoir de démocratie sans culture démocratique, et c’est loin d’être le cas au Mali. Les exactions imputées ces jours-ci à une partie de l’armée malienne en sont un autre indice probant. La culture du droit fait cruellement défaut. Au Mali la marche vers la démocratie reste une très longue marche. En serait-on là, aujourd’hui, si la démocratie avait trouvé sa place et triomphé au Mali ? On a réduit la démocratie au droit de vote. Or, la démocratie se construit jour après jour, par l’indispensable apprentissage du débat d’idées, courtois et respectueux de l’opinion de l’autre ainsi que de sa personne. Elle se construit aussi dans les foyers, dans les rapports entre les individus et entre les membres de la société sans exclusive. Le mépris,l’injure facile et les coups ne peuvent tenir lieu de débat d’idées.


La guerre que la France mène au Mali et pour le Mali doit aussi être une guerre contre le déni de démocratie, une guerre pour le respect de la personne et pour la justice, une guerre contre l’ignorance et l’obscurantisme. Tel doit-être le couronnement de sa victoire contre les islamistes fanatiques et obscurantistes.


Il faudra, après la victoire des armes, en déployer d’autres pour reconstruire le Mali. C’est sans doute le plus difficile, car cette guerre qui se mène dans les esprits est par définition longue, difficile, et requiert des compétences autrement précieuses et adaptées.

 


j0430836.jpgPour gagner et garantir le futur

 

Aujourd’hui, sur le terrain, il faut que l’Algérie, élément essentiel de tout ce qui se joue au Nord-Mali, aille plus loin que la simple autorisation du survol de son territoire par les avions français. Il faut de sa part, une implication sans réserve, militairement et politiquement, aujourd’hui et demain. Les Français partis, les troupes africaines, si elles sont présentes, ne seront pas capables de tenir longtemps et sécuriser l’espace conquis sur les islamistes. Que faire alors ?


Mais sur le fond, l’acteur principal c’est le peuple malien. C’est sa capacité de régénération, son aptitude à construire méthodiquement, sur les bases les plus solides, un État au sens propre qui soit l’incarnation de tous les citoyens, mais aussi celle de la droiture politique et morale, qui fraieront les voies du futur.


En un mot, pour que l’intervention de la France porte ses fruits et dégage les voies de l’avenir, il faut que le Mali se soigne de ses prurits comme de tous ses maux graves qui l’asphyxient depuis si longtemps et qui anémient le corps social,  État et  nation, la cohésion des citoyens : déni de justice, dureté des rapports entre individus, corruption, affairisme sans âme, matérialisme débridé, mercantilisme des esprits… Faire que le virus de l’argent n’attaque ni ne corrompe les cerveaux (des cadres civils et militaires maliens étaient achetés par les islamistes).


De cette façon, le Mali malade sera son propre médecin, capable de le mener à la guérison complète.

Vue ainsi, la guerre de la France au côté des Maliens apparaît comme l’action du pompier français appelé dans l’urgence pour éteindre l’incendie allumé en partie par les Maliens eux-mêmes.


L’action du Mali sur lui-même est primordiale. C’est à ce seul prix que la victoire militaire de la France souhaitée de tous, sera une vraie victoire, celle qui ouvre la voie de la reconstruction du Mali sur des fondations saines et pérennes. Sinon, le pompier français parti, le feu continuera de couver sous les cendres.


feuilles019Seuls, les Maliens détiennent la clef du salut et du futur.

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commentaires

L
<br /> Si je comprends bien, le Mali a été victime d'un microbe terroriste pour deux raisons : la virulence du microbe d'une part, la faiblesse du terrain<br /> (comme on dit en médecine) de l'autre. C'est exact. Autant on peut dire "ouf" parce que les colonnes terroristes ont été arrêtées sur la route vers Bamako, autant le problème de terrain, de<br /> démocratie vraie, se pose. Et Tidiane a mille fois raison de le souligner.<br /> <br /> <br /> En matière de respect de l'autre dans le débat démocratique, la France est un exemple parfait ? ? ? Amitié, Luc.<br />
Répondre
<br /> <br /> Cher Luc, J'apprécie autant l'esprit que la finesse de l'analyse. Ce sont précisément ces deux virus qu'il faut à présent tenter d'éradiquer. Amitiés.<br /> TD<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Pourquoi a t il fallu attendre que Bamako soit menacée pour que l armée française intervienne? Toutes les villes et surtout tous les Maliens n'ont ils pas la meme valeur.......Pourquoi ne pas<br /> avoir réagi plutot face à toutes ces exactions subient par la population nordiste?<br />
Répondre
<br /> <br /> Très bonne question. Vraisemblablement, la France souhaitait intervenir dès le début, mais pas seule,  pour des raisons compréhensibles. Elle a voulu<br /> inciter les organisations africaines à prendre les devants, tout en poussant les feux aux Nations unies où une résolution autorisant l'intervention a été finalement  votée.<br /> <br /> <br /> Les Nations unies comme les organisations africaines tardant à prendre les choses en main, les islamistes en ont profité pour avancer vers Bamako. Face à<br /> cette situation, l'appel à l'aide du président malien par interim déclencha l'intervention française.<br /> <br /> <br /> Amitiés. TD<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />