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20 décembre 2014 6 20 /12 /décembre /2014 09:46

JEAN-JACQUES ROUSSEAU : LE MAL ET LA LIBERTÉ

 

Papillons-65

Le mal en nous ou hors de nous ? Ou du bon usage de la liberté

 

papillon 040

 

gif anime puces 469L’homme seul responsable ?

 

Pour J.J. Rousseau, Dieu n’a aucune responsabilité dans le mal que l’homme se fait à lui-même ou à autrui.

Selon lui, la Nature a fait l’homme libre pour qu’il soit source de bien pour lui-même et pour les autres. Mais, si l’homme fait du bien, il lui arrive aussi de faire du mal et même de le répandre autour de lui. Et, en répandant le mal autour de lui, il finit par devenir lui-même malheureux. Et c’est la liberté conférée à l’homme qui rend ce mal possible.

 

doc1

 

gif anime puces 469Mal et liberté

 

Le principe de toute action est dans la volonté d'un être libre; on ne saurait remonter au-delà. Ce n'est pas le mot de liberté qui ne signifie rien, c'est celui de nécessité. Supposer quelque acte, quelque effet qui ne dérive pas d'un principe actif, c'est vraiment supposer des effets sans cause, c'est tomber dans le cercle vicieux. Ou il n'y a point de première impulsion, ou toute première impulsion n'a nulle cause antérieure, et il n'y a point de véritable volonté sans liberté. L'homme est donc libre de ses actions, et, comme tel, animé d'une substance immatérielle (...). 

 

Oiseaux-83.gif

 

Si l'homme est actif et libre, il agit de lui-même ; tout ce qu'il fait librement n'entre point dans le système ordonné de la Providence, et ne peut lui être imputé. Elle ne veut point le mal que fait l'homme, en abusant de la liberté qu'elle lui donne; mais elle ne l'empêche pas de le faire, soit que de la part d'un être si faible ce mal soit nul à ses yeux, soit qu'elle ne pût l'empêcher sans gêner sa liberté et faire un mal plus grand en dégradant sa nature. Elle l'a fait libre afin qu'il fît non le mal, mais le bien par choix. Elle l'a mis dans un état de faire ce choix en usant bien des facultés dont elle l'a doué ; mais elle a tellement borné ses forces que l'abus de la liberté qu'elle lui laisse ne peut troubler l'ordre général. Le mal que l'homme fait retombe sur lui sans rien changer au système du monde, sans empêcher que l'espèce humaine elle-même ne se conserve malgré qu'elle en ait. Murmurer de ce que Dieu ne l'empêche pas de faire le mal, c'est murmurer de ce qu'il la fit d'une nature excellente, de ce qu'il mit à ses actions la moralité qui les ennoblit, de ce qu'il lui donna droit à la vertu. (...) 

 

tristesse3

 

gif anime puces 469L’homme victime de l’homme ?

 

C'est l'abus de nos facultés qui nous rend malheureux et méchants. Nos chagrins, nos soucis, nos peines, nous viennent de nous. Le mal moral est incontestablement notre ouvrage, et le mal physique ne serait rien sans nos vices, qui nous l'ont rendu sensible. N'est-ce pas pour nous conserver que la nature nous fait sentir nos besoins ? La douleur du corps n'est-elle pas un signe que la machine se dérange, et un avertissement d'y pourvoir ? La mort... Les méchants n'empoisonnent-ils pas leur vie et la nôtre ? Qui est-ce qui voudrait toujours vivre ? La mort est le remède aux maux que vous vous faites ; la nature a voulu que vous ne souffrissiez pas toujours. Combien l'homme vivant dans la simplicité primitive est sujet à peu de maux ! Il vit presque sans maladies ainsi que sans passions, et ne prévoit ni ne sent la mort ; quand il la sent, ses misères la lui rendent désirable : dès lors elle n'est plus un mal pour lui. Si nous nous contentions d'être ce que nous sommes, nous n'aurions point à déplorer notre sort; mais pour chercher un bien-être imaginaire, nous nous donnons mille maux réels. Qui ne sait pas supporter un peu de souffrance doit s'attendre à beaucoup souffrir. Quand on a gâté sa constitution par une vie déréglée, on la veut rétablir par des remèdes ; au mal qu'on sent on ajoute celui qu'on craint; la prévoyance de la mort la rend horrible et l'accélère ; plus on la veut fuir, plus on la sent; et l'on meurt de frayeur durant toute sa vie, en murmurant contre la nature des maux qu'on s'est faits en l'offensant.

Homme, ne cherche plus l'auteur du mal ; cet auteur, c'est toi-même. Il n'existe point d'autre mal que celui que tu fais ou que tu souffres, et l'un et l'autre te vient de toi. Le mal général ne peut être que dans le désordre, et je vois dans le système du monde un ordre qui ne se dément point. Le mal particulier n'est que dans le sentiment de l'être qui souffre ; et ce sentiment, l'homme ne l'a pas reçu de la nature, il se l'est donné. La douleur a peu de prise sur quiconque, ayant peu réfléchi, n'a ni souvenir ni prévoyance. Otez nos funestes progrès, ôtez nos erreurs et nos vices, ôtez l'ouvrage de l'homme, et tout est bien. 

j.-j. Rousseau, Profession de foi du Vicaire Savoyard, 1762.

 

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fleurs 024

 

 

fleche 044Débattre avec le philosophe

 

 bouton 006La liberté est-elle effectivement en l’homme comme l’affirme Rousseau ?

 

 bouton 006Le mal dont l’homme est capable ne change-t-il vraiment rien à l’ordre du monde ?

 

 bouton 006N’est-ce pas l’essence même de l’homme que de chercher un bien-être, même imaginaire ?

 

 bouton 006Cette quête du bien-être est-elle condamnable en soi ?

 

yin&yang

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commentaires

L
<br />     Désolé pour Jean-Jacques philosophe, mais les questions proposées par Tidiane me semblent beaucoup plus intéressantes. Rousseau écoute le<br /> chant intérieur de ses aspirations, et les prend pour vérité absolue, qu'il révèle ensuite au bon peuple, nous en l'occurrence. Cette façon de ne pas raisonner date d'il y a longtemps, maintenant<br /> !<br /> <br /> <br />     Jean-Jacques, je suis avec vous pour rêver, imaginer, souhaiter, et découvrir ainsi une part de vérité humaine. Je suis loin de vous s'il<br /> s'agit d'étudier, de soumettre la pensée à l'enquête, et de divulguer une opinion provisoire, comme les scientifiques nous ont appris à le faire. C'est ainsi, et pas autrement, cher Jean-Jacques,<br /> que je fais usage de ma liberté à votre égard. Philosopiquement non vôtre, Luc.<br />
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<br /> <br /> Commentaire très spirituel !!!!  Amitiés. TD<br /> <br /> <br /> <br />