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5 novembre 2006 7 05 /11 /novembre /2006 17:19

Pour le meilleur ou pour le pire ?

          Le Sommet Chine-Afrique qui s’est ouvert ce vendredi 3 novembre 2006 à Pékin n’est pas un événement banal. Il a une double résonance historique en cela qu’il rappelle tout d’abord la fameuse Conférence de Bandoung en Indonésie en avril 1955. Ce rendez-vous des peuples anciennement colonisés ou dominés, marquait la volonté de ces nations sous-prolétaires de s’affirmer sur la scène internationale face aux deux blocs : l’Est et l’Ouest.

        Ensuite, ce Sommet Chine-Afrique appelle le parallèle avec le désormais traditionnel Sommet France-Afrique qui a lieu tous les deux ans. Le Sommet de Pékin de 2006 en exprimant le désir des Etats d’Afrique de se frayer une nouvelle voie dans les relations avec le reste du monde, apparaît indéniablement comme une défiance à l’égard de l’Europe, surtout de la France. A n’en pas douter, l’impact de ce Sommet Chine-Afrique sera plus marquant dans les faits et dans les esprits que celui des Sommets France-Afrique.

         Ce tête-à-tête Chine-Afrique est aussi hautement symbolique à deux égards :

         - C’est le signe d’un échec cuisant de l’Europe en Afrique, tout particulièrement de la France, « tutrice naturelle et historique » du continent africain.

        (Pourquoi cet échec ?)

        Mais surtout, c’est le signe éclatant du réveil de la Chine. « Quand la Chine s’éveillera » avait prédit l’ancien ministre du général de Gaulle, Alain Peyrefitte. La Chine aujourd’hui s’éveille et il faut croire qu’elle ne se rendormira pas de si tôt. Le Dragon est debout et se met en marche.

        L’Afrique et la Chine, c’est la rencontre de deux humiliées de l’Histoire, deux membres du tiers monde, de ce monde à part qui a tant enduré, tant subi ! La Chine est en train de grignoter jour après jour les positions européennes en Afrique. Elle déconstruit avec art, méthode et pragmatisme ces pré carrés poussiéreux que les Européens croyaient à tort assurés de l’éternité. Sa réussite dans cette entreprise  -à court terme en tout cas-  semble certaine et pour cause !

       Elle sait employer auprès des Africains le langage convenu qui rassure et réconforte. Plutôt que des discours, elle met la main au portefeuille, délie les cordons de la bourse sans sourciller, « généreusement ». Son langage simple, direct et précis évite toutes circonvolutions tortueuses. Elle aide à éponger la dette, à bâtir des infrastructures de première nécessité (routes, voies ferrées, gares, ports, aéroports…). Elle s’emploie à soigner des plaies, à créer et équiper des hôpitaux. La Chine tend la main aux Africains au moment même où l’Europe leur tourne le dos. Mais, la Chine fera-t-elle le salut de l’Afrique ?

        Si la Chine est actuellement le 2e partenaire commercial de l’Afrique (très probablement le 1er à brève échéance), ce partenariat se limite pour l’instant à l’invasion des marchés africains par les produits manufacturés chinois à prix cassés défiant toute concurrence et en contre partie l’approvisionnement de l’industrie chinoise en matières premières et pétrole africains au risque de l’asphyxie des frêles industries africaines naissantes. C’est l’éternel schéma de l’Afrique pourvoyeuse de produits primaires au profit de l’industrie des pays développés.

        En fait de coopération et de relations internationales, les liens historiques avec les anciennes puissances coloniales ne peuvent être rayées d’un trait de plume. Leur complexité est telle que leur éradication systématique et définitive ne saurait advenir sans conséquences majeures. L’impact de la colonisation n’est pas seulement matériel, il est aussi humain et culturel.

       La culture chinoise et les cultures africaines sont-elles compatibles au-delà de simples relations marchandes ? La Chine saura-t-elle voir par-dessus la tête des Africains autre chose que leurs matières et leur pétrole ? Si les Africains adoptent à l’égard de la Chine une attitude autre que celle du consommateur passif qui assiste consciemment ou inconsciemment au pillage systématique de ses richesses naturelles, s’ils s’engagent résolument, avec intelligence et détermination dans un partenariat constructif et actif, qui ne néglige ni les valeurs intrinsèques de l’homme, ni la formation technique, technologique, partenariat fondé sur la volonté sans réserve des transferts de compétences leur permettant de transformer, de valoriser leurs ressources naturelles, de créer et produire chez eux, alors, ces nouveaux rapports sino-africains peuvent porter les germes d’un futur prometteur, d’une nouvelle promesse de renouveau du continent africain. Les Africains gagneraient à exercer à l’égard de ce nouveau partenaire du XXIe siècle, la vigilance qui leur a fait défaut dans leurs rapports avec l’Europe aux XIX et XXe siècles.

        Sinon, il faudrait craindre pour l’avenir de l’Afrique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

K
Il y a beaucoup de technologies rurales, agricoles, dans le domaine de la santé, beaucoup de technologies chinoises intéressantes pour l'Afrique, bien entendu après dialogue avec les ateurs concernés. Il reste toujours à craindre que l'aspect commercial ne l'emporte. L'expert chinois est plus discret que l'expert européen et n'impose pas sa technique, il la transmet si l'interlocuteur est demandeur...Pour ne pas reproduire les mêmes erreurs, il faut exiger que les programmes et projets dits de développement soient élaborés à la base, avec les acteurs de base pour commencer. la communication réciproque avec les Asiatiques a manqué souvent ; il faut en faire une exigence , c'est nécessaire tant à l'efficacité qu'à l'effacement des complexes respectifs.
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