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2 décembre 2018 7 02 /12 /décembre /2018 09:15

AFRIQUE, RÉVEILLE-TOI, LÈVE-TOI ET MARCHE… SANS BÉQUILLES (2)

Aide internationale à l’Afrique : pour le développement ou la pérennisation du sous-développement ?

( Dessin de Plantu)

Le trop plein de secouristes, de médecins urgentistes  et de brancardiers au chevet du grand malade ? 
       Cacophonie et incohérences

L’Afrique serait-elle victime de l’impressionnant cortège de généreux volontaires pour l’aider à marcher sur ses deux jambes ?
Tous sont-ils mus par la générosité désintéressée, cette charité chrétienne ou cet humanisme militant, qui pousse vers le prochain en difficulté, pour lui tendre une main secourable, par pur altruisme ? La bonne aide, l’aide efficace, celle qui atteint immanquablement son but, est-elle fonction du nombre de mains secourables tendues ? Elles sont en effet nombreuses, diverses et variées, accourant de tous les horizons de l’hémisphère développé.
Ce sont :

des organismes internationaux : ONU, Banque mondiale, FMI, OCDE, Union européenne…

L’aide bilatérale de pays à pays, de pays développés à pays du Sud (Tiers-Monde)

Cette dernière catégorie comporte la plupart des pays développés d’Europe, d’Amérique, d’Asie : France, Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, Canada, États-Unis, Japon, Chine, Suède…
Chacun de ces pays compte un ou plusieurs organismes spécifiques d’aide à l’Afrique.

Mais, le plus gros des contingents est fourni par les ONG, et les associations de « coopération décentralisée », qui ont un partenariat dédié à l’aide au développement, dans un ou plusieurs pays, régions, villes, villages d’Afrique. Mais, tous ont-ils l’ouverture d’esprit nécessaire, une connaissance suffisante des terres et des populations qu’ils vont aider ?

Les vices cachés de l’aide

De tous ces vices, le plus pernicieux, dénoncé depuis le début des années 2000 et qui persiste, est surtout le fait des pays les plus riches : c’est cette tendance à subordonner l’aide à des questions d’allégeance politiques, idéologiques, ou simplement d’intérêts privés ; à cet égard, il est instructif de rappeler le constat fait par l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan devant l’assemblée générale de cette Instance en 2002 :

« Les pays en développement ont transféré près de 200 milliards de dollars vers les pays développés au titre du service de la dette, du paiement des bénéfices et d’autres opérations qu’ils en ont reçus.
C’est la sixième année consécutive que les pays pauvres ont été des exportateurs de capitaux vers les régions riches…
 » (Note : Publication des Nations unies, 2004).

Par ailleurs, d’après un rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), « les donateurs ne coopèrent pas. Pendant la guerre froide, l’aide publique au développement (APD), était souvent consentie pour obtenir des avantages commerciaux dans les pays bénéficiaires ou pour récompenser des allégeances idéologiques au détriment des objectifs de développement. »

Manque de coordination et incohérences

Ce vice : le manque de coopération entre acteurs du développement, est imputable à tous les acteurs de l’aide et à toutes les catégories d’aide. Il est constaté en Afrique depuis les années 1960.

Dans le même pays, voire la même ville, chaque association, chaque ONG travaille dans son coin, jalousement, dans le secret, sans échanger avec les autres, ses outils, son savoir et ses expériences, même si elle travaille dans le même domaine d’activité que l’association d’à-côté : santé, agriculture, énergie, infrastructures, éducation…

Ce cloisonnement excessif des acteurs et des actions et ce chevauchement des programmes sont sans aucun doute préjudiciables aux bénéficiaires de l’aide, et de nature à contrarier l’action et les projets des autorités locales.
Parfois — un comble ! — les programmes d’aide des organismes internationaux préconisés par des « experts » sont non seulement en contradiction avec ceux du gouvernement local, mais aussi avec tous les autres acteurs de l’aide.
Ainsi, selon un rapport du PNUD sur l’efficacité de l’aide au développement, toujours dans la même période « 
quelque 40 donateurs ont exécuté 2000 projets distincts. Il s’en est suivi une situation de chaos […], qui n’a guère conduit à un développement durable. »
Le même constat (de chevauchement de programmes) est fait au Sénégal, au Ghana, au Mozambique, en Ouganda, et dans bien d’autres pays d’Afrique.

Qui aide-t-on ? Pour quelle finalité ?

L’ancien président de la Banque mondiale, James Wolfensohn écrit :
« 
Depuis 1992, plus de 400 000 projets de développement distincts étaient exécutés dans le monde […]. C’est ridicule. Nous ne coopérons pas. Nous ne coordonnons pas nos activités. Nous ne tirons pas parti des expériences des autres et, dans certains cas, nous ne tirons même pas d’enseignement de notre propre expérience. »

 

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