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28 novembre 2015 6 28 /11 /novembre /2015 09:40

LA PAROLE ET L’ÉCRITURE

Deux outils essentiels de communication au service de l’Homme

 

Abd El-Kader. Émir arabe (près de Mascara (Algérie), 1808 – (Damas), 1883)
Abd El-Kader. Émir arabe (près de Mascara (Algérie), 1808 – (Damas), 1883)

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Le regard d’un humaniste mystique du 19e siècle.

Abd El-Kader dirige de 1832 à 1847, la résistance à la conquête de l’Algérie.

Après la prise de sa smala par le duc d’Aumale en 1843, et la défaite de ses alliés marocains en 1844, il se rend, vaincu, en 1847.

Interné en France jusqu’en 1852, il se retire ensuite à Damas.

Après la phase « guerrière » de sa vie, il se consacre quasi exclusivement à l’étude et à la méditation, à la philosophie religieuse et à l’écriture. Il devient un personnage charismatique, humaniste et mystique, respecté et vénéré en Orient comme en Occident.

Son ouvrage Rappel à l’intelligent, avis à l’indifférent, à l’usage des chrétiens, lui valut une véritable aura dans les milieux culturels orientaux et occidentaux. Il prit la figure d’un maître spirituel universellement reconnu.

Il intervient en 1860, lors des émeutes antichrétiennes de Damas, où il protégea plusieurs milliers de chrétiens maronites et européens, leur permettant d’échapper aux massacres. Ce fut seulement, expliqua-t-il, par devoir de religion et d’humanité.

Napoléon III, qui avait pour lui beaucoup d’estime et de respect, projeta la création d’un Empire « arabe-musulman » lié à la France, dont l’Algérie constituerait le cœur et dont il prendrait la tête. Il déclina l’offre.

Il ne cessa d’œuvrer au rapprochement de l’Orient et de l’Occident.

En 1871, Abd El-Kader désavoua publiquement les intrigues antifrançaises de son fils aîné, de même que ceux qui se servaient de son nom pour tenter de soulever l’Algérie.

 

Il reçut la Grand-croix de la Légion d’Honneur et fut également décoré de l’Ordre de Pie IX.

 

Ses restes furent transférés en Algérie en 1966.

 

 

LA PAROLE ET L’ÉCRITURE

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Abd El-Kader : Éloge de l’écriture

Pour qu'un homme puisse faire connaître sa pensée à un autre homme, son associé, il a besoin d'en inventer le moyen : il le trouve dans le signe, la parole, l'écriture. Le signe exige un témoin ; la parole ne peut se passer de la présence et de l'audition d'un interlocuteur ; l'écriture ne dépend d’aucune de ces conditions ; elle est le signe suprême, un art propre à l’espèce humaine. La parole est plus noble que le signe, mais l'écriture est supérieure à la parole ; car le signe ne s'applique qu'à l'objet présent, c'est un moyen de diriger l'attention vers un côté déterminé.

Le verbe et la plume :

    Antériorité, complémentarité ou hiérarchie ?

L'écriture est supérieure au signe et à la parole, et plus utile ; car la plume quoiqu'elle ne parle pas, se fait entendre des habitants de l'Orient et de l’Occident. Les sciences ne s'augmentent, la philosophie ne se conserve, les récits et les paroles des anciens, les livres de Dieu ne se fixent que par l’écriture. Sans elle, il ne s'établirait parmi les hommes ni religion ni société. L’écriture est l'œil des yeux ; par elle le lecteur voit l'absent ; elle exprime des pensées intérieures autrement que la langue ne pourrait le faire. Aussi a-t-on dit : la plume est l'une des deux langues, mais elle est plus éloquente que la langue même. Par l'écriture l'homme peut dire ce que quelqu'un, s'adressant à un autre, ne pourrait pas lui communiquer par la parole ; elle parvient au but que la parole ne peut pas atteindre. Aussi les lois de l'Islam ont-elles défendu d'enseigner l'écriture aux femmes pour qu'elles ne puissent pas, en écrivant à ceux qu'elles aiment, se ménager une rencontre avec eux : la connaissance de l'écriture eût été dans ce cas une cause de discorde.

LA PAROLE ET L’ÉCRITURE

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LA PAROLE ET L’ÉCRITURE

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Le sabre et la plume : les deux mamelles

Il y a deux éloquences [art de bien dire] : celle de la langue et celle de l'écriture ; celle-ci a la supériorité, car ce que fixe la plume a la durée du temps, ce que dit la langue s'efface en peu d'années. Deux choses constituent la religion et le monde : le sabre et la plume ; mais le sabre est au-dessous de la plume, Oh ! que le poète a bien dit :

« Dieu l'a ainsi décidé : le kalam [ou calame : roseau taillé servant à écrire], depuis qu'il a été taillé, a pour esclave le sabre, depuis qu'il a été affilé... ».

Abd El-Kader, Rappel à l’intelligence in Anthologie Maghrébine. Texte de 1858.

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