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8 septembre 2015 2 08 /09 /septembre /2015 09:46

MÉDITATIONS POLITIQUES

 

« Le temps n'est plus gentilhomme, il est agresseur ; il n'est plus complice, il est adversaire. La majorité des Français a peur du présent et de l'avenir : les vieux, les jeunes, les chômeurs, les parents, ceux qui savent et ont peur d'être dépassés, ceux qui ne savent pas et sont paumés.

Avoir peur du temps c'est avoir peur du changement.

Inventer un projet est une grille de lecture de l'avenir.

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Faute de communautés, faute d'ambitions collectives, nous sommes une foule solitaire composée d'individus narcissiques.

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La pensée de la mort arrive dès la fin de la carrière ; or celle-ci devient plus précoce alors que la vie s'allonge.

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L'essence d'une personne se révèle clairement avec l'âge avancé.

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La plupart des citoyens, des travailleurs, des hommes, se sentent, se savent incapables de peser sur leur propre destin.

Et l'on voudrait qu'ils se sentent responsables. En fait, ils sont dans le « désespoir ».

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Cette vision prophétique que le secteur laïc semble avoir perdue alors que les religions semblent la redécouvrir...

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On ne peut pas vivre sans un certain nombre de certitudes. Elles peuvent naître de la proclamation politique, elles doivent naître du bien vivre ensemble, du construire ensemble une société

*

L'une des tâches majeures dans une société complexe consiste à dire qui fait quoi, à préciser les niveaux pertinents de responsabilité et de décision.

Cette tâche est essentielle aujourd'hui alors que nous cessons d'être une société centralisée et hiérarchisée, alors que nous devons tout faire pour cesser d'être une société centralisée et hiérarchisée.

Du paysan au chercheur

Il est des métiers merveilleux et difficiles, que notre société moderne a tort de mépriser.

Celui de maître qui forme nos enfants ;

celui du juge qui arbitre nos différends et assure la paix ;

celui du chercheur qui sans trêve essaie d'étendre le domaine de nos connaissances ;

celui du paysan qui jour après jour essaie d'arracher à la nature tout ce dont nous avons besoin pour vivre.

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Qu'est-ce qui est le plus important pour l'individu : la distance parcourue ou le niveau atteint ?

La société est responsable de la première.

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La jeunesse n'est pas une clientèle.

Parce que chaque jeune a encore une vue globale des choses même si elle est imprécise ; parce qu'aussi elle a gardé ses exigences les plus authentiques.

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On trouve désormais une foule de jeunes qui n'ont plus ni projet ni rêve à plus de quarante-huit heures.

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Savoir présenter le changement comme une destruction et comme une construction, comme un abandon mais comme une conquête. Sans celle-ci le changement est difficilement accepté.

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Dire à la société et aux multiples communautés qui la composent, les pistes de l'avenir prévisible et souhaité. Leur donner le goût et la possibilité de s'y adapter et de la préparer. Ne pas prétendre faire à leur place.

De là, la nécessité d'émettre un message politique lisible : non des promesses, des perspectives.

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Nous avons jadis parlé de rupture. Il nous faut désormais parler de « changement de logique ».

Les forces de changement n'apprivoiseront la société que si elles voient loin et marchent patiemment et sans défaillance. Une société ne cherche pas la rupture mais la continuité.

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L'unité des Français est plus dans leur histoire que dans leur présent. Nous devons faire en sorte qu'elle soit plus encore dans leurs projets communs que dans leur héritage. L'unité des institutions nous est une nécessité et une commodité, elle ne tient pas lieu d'unité de volonté et de destin.

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Pour conduire un changement nécessaire, la société doit payer un prix. Mais ce prix est moins élevé que celui de nos retards. Le faire comprendre est désormais la première tâche du politique, celle de tous les responsables.

*

Il faut à l'homme pour vivre du beefsteak et des patates dans le panier. Et du rêve, de l'ambition, de l'avenir dans la tête. Ni politique triviale, ni politique folle, une politique triviale et folle. Humaine, quoi !

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Pour accomplir sa difficile unité, la France a longtemps lutté contre la diversité de ses composantes qui résultait elle-même de la diversité de ses paysages et de ses histoires. Maintenant qu'elle est accomplie, cette unité appelle la reconnaissance des diversités parce que diversité signifie richesse.

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La vie nationale est faite de tensions.

Déséquilibres et équilibres alternent en se renouvelant. Le rôle du politique n'est pas de faire qu'il n'y ait pas tension, mais que les tensions soient négociées entre partenaires appelés à vivre ensemble. Et si la négociation n'aboutit pas, il revient au politique d'arbitrer.

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L'une des fonctions majeures du politique c'est d'intégrer la durée dans la gestion du quotidien ; c'est envisager demain pour comprendre aujourd'hui.

Demain mais parfois aussi hier. Car le temps est la dimension du politique.

 

Devise et valeurs

Liberté, égalité, fraternité, ce ne sont pas seulement trois mots mis côte à côte. C'est toute une politique et toute une morale. C'est une règle de vie individuelle et collective. Ce sont des valeurs qui se complètent et se fécondent l'une l'autre. Sans liberté, l'égalité est contrainte et la fraternité n'a pas de sens. Sans égalité, la liberté est cruelle et la fraternité hypocrite. Sans fraternité, l'égalité et la liberté ne sont que des droits : elles ne sont pas les valeurs et les règles qu'elles doivent être.

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Penser à tous ceux qui éprouvent une panique muette devant la vie !

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Il nous faut admirer la façon dont les gens se débrouillent dans un monde dont ils ignorent tout.

En France, l’égalité des chances demeure un concept révolutionnaire. Seuls ceux qui mènent le combat pour l'égalité des chances peuvent faire accepter l'inégalité des résultats. Mais aussi ils le doivent

*

Les individus sont moins égaux face à la crise que dans la prospérité Et les temps qui viennent peuvent attenter à nos libertés, détruire notre solidarité Il n'y aura pas de sortie de crise sans solidarité active, sans égalité des chances, sans liberté d'être, de penser et de faire. Il n'y a pas de mobilisation des forces sans égalité. »

Edgar Pisani, Croire pour vivre. Méditations politiques.

 

Qu’est-ce à dire ?

 

La nation et le vivre ensemble

           ou

L’art de bâtir communauté de cœur et de destin

 

La nation n’est pas cette vieille momie décrépite et désincarnée à qui il faut rendre un culte par une logorrhée aux finalités confuses, et un psittacisme sans fin. La nation se vit et se sent dans les actes du quotidien, dans le regard de l’autre et de chacun. Une fois la nation constituée, elle est défendue au besoin par les armes.

Au cœur de la Nation, cette communauté de cœur et de destin, sont des hommes et des femmes, des citoyens libres et conscients, égaux et solidaires, dotés de sensibilité et de dignité, non des esclaves bâillonnés et enchaînés .

 

Cohésion, maître mot

Pour parler de la Nation, encore faut-il la connaître dans son essence.

Pour discourir sur la République, encore faut-il incarner la République, généreuse, ouverte et pacificatrice.

 

Or, la Nation pour certains (qui se croient dépositaires exclusifs de l’idée de nation), comme la République pour d’autres, se résume à une incantation sans vision du passé ni du futur. En somme, la nation sans son histoire et sans les citoyens.

Les uns et les autres, par cette étroitesse de vision, de ce que fait la Nation, la desservent plus qu’ils ne la servent.

En effet, à la différence d'un Empire, voire parfois un État,   la nation ne se construit pas par les armes, à coups de sabre ou de trique, ni même par la loi, mais, au moyen de la conquête méthodique des cœurs et des âmes, par le regard et l’écoute.

On ne fera jamais rien de grand, de durable, aujourd’hui ou demain, qui n’ait pour objet et pour finalité l’humain, dans chaque acte et chaque individu.

 

Une politique, une action nourrie de raison et d’humanité constitue un levier puissant, le matériau idoine, pour bâtir cette communauté de cœur et de destin. Sans le regard affectif, point d’intégration, partant, de cohésion d’aucune sorte. La Nation a besoin de tous pour être.

Il n’y a pas ceux « d’en haut » et ceux « d’en bas », ceux de l’« avant » et ceux de l’« arrière », il n’y a que ceux qui sont tous à bord du même navire, le navire républicain, qui appelle chacun à la manœuvre, pour avancer sur les meilleures eaux, dans les meilleures conditions.

 

Pour ce faire, l’épaisseur humaine est la condition requise, exigible de tout meneur d’hommes qui ambitionne de construire durablement une société unie, épanouie.

MÉDITATIONS POLITIQUES

...

Tout se fait avec des Hommes

La société ne sera ni apaisée, ni fraternelle par le mépris des uns pour les autres. Elle ne s’épanouira ni par le sectarisme, ni par l’exclusion. C’est une question de cœur, non de verbe, une question d’état d’esprit, de volonté de partage, de reconnaissance et de respect de l’autre, d’intelligence intuitive enfin, pour un vivre ensemble fondé sur un projet, une vision partagée.

 

« Respecter l’autre, c’est d’abord se respecter soi-même.

Comprendre celui qui n’est pas nous et le respecter permet donc d’économiser beaucoup de sang. » (Maréchal Lyautey)

MÉDITATIONS POLITIQUES

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commentaires

D
Ce texte n'a pas pris une ride et est toujours d'actualités. L'humain ne veut il pas comprendre.....<br /> Amitiés<br /> Diane
Répondre
Grave question philosophique, voire métaphysique ! Amitiés. TD